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Les citoyens, l'Europe et le référendum

Publié le 14 juillet 2008 par Saucrates


Réflexion une (14 juillet 2008)
Quelle place pour l'idée d'Europe ?

L'échec du référendum irlandais d'il y a quelques semaines a fait réapparaître cette notion de supposée incompréhension entre les citoyens européens et l'idée d'union européenne. Cette incompréhension n'est pas récente. Elle ressort en fait après chaque échec d'une consultation référendaire dans un quelconque état européen. Cela a été le cas après l'échec du référendum sur Maastricht au Danemark, après l'échec en France sur le traité européen, et aujourd'hui en Irlande.
Pour les hommes politiques nationaux interrogés, l'Europe est supposée être trop technocratique et trop éloignée des attentes des citoyens européens. Ils supposent ainsi que c'est l'idée même d'Europe qui est à l'origine des rejets référendaires par leurs citoyens, ce qui leur permet de faire l'économie de rechercher d'autres causes nationales au rejet référendaire de leurs concitoyens.
Mais ces mêmes hommes politiques nationaux rejettent régulièrement sur cette même Europe l'ensemble des décisions politiques difficiles ou impopulaires qu'ils sont amenées à prendre, sans les assumer aux yeux de leurs électeurs. C'est en tout cas une habitude française, même sous la présidence de Nicolas Sarkozy, qui tente par exemple de rejeter la faute sur la BCE pour la faiblesse de la croissance économique française.
Comment donc des électeurs, abreuvés depuis des décennies par des mises en cause de l'action de cette idée d'Europe supranationale, responsable de tous les maux qui leur tombent dessus depuis des décennies, pourraient-ils confirmer le mandat donné à cette Europe supranationale par un vote positif à un référendum lorsqu'ils sont amenés à être interrogés épisodiquement. Ce qui donne une image flagrante du décallage existant entre la réalité de l'Europe et l'image qu'en ont les citoyens européens, c'est l'exemple irlandais. Comment en Irlande, principale bénéficiaire des fonds structurels européens, qui ont permis à un état peu développé industriellement et économiquement de rattraper les meilleurs élèves de la classe européenne, les électeurs ont-ils pu oublier ce que leur pays devait à l'Europe et sombrer dans l'eurosceptiscisme ?
Mais plus largement, l'idée d'une Europe supranationale a-t-elle une place en Europe ? Les citoyens européens aiment-ils l'idée d'Europe ? Aiment-ils leurs voisins étrangers ? Aiment-ils simplement leurs voisins de pallier, leurs voisins de cités ? Poser de cette manière, la réponse apparaît simple ? Les européens sont rentrés dans une ère d'individualisme forcené, où l'altérité est considérée comme source de danger.
Plus largement, l'Histoire qui a été enseignée à l'école, au collège, au lycée et à l'université est une Histoire nationale et nationaliste. L'Histoire est pleine de héros (Duguesclin, De Gaulle ...) et de martyrs (Jeanne d'Arc ...), tandis que nos relations avec nos voisins étrangers sont pleines de félons, de tyrans sanguinaires (Hitler, les nazis ...) et de traitrises impardonnables. On nous a enseigné enfant et adolescent à haïr nos pays voisins et leurs habitants. Chacun d'entre nous a pris pour référence tel ou tel héros. Et on nous demande en même temps d'avoir des relations d'amitié avec ces mêmes étrangers, et d'accepter une communauté d'intérêt européenne.
Pour permettre à une idée européenne de naître, il faudrait avant tout revoir l'enseignement de l'Histoire en Europe, pour faire ressortir ce qui rejoint les différents peuples européens, au lieu de se focaliser sur toutes les guerres qui les ont opposés par le passé, passé pas si ancien ...
Saucratès


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