"La chair est triste, hélas ! et j’ai lu tous les livres.
Fuir ! là-bas fuir! Je sens que des oiseaux sont ivres
D’être parmi l’écume inconnue et les cieux !
Rien, ni les vieux jardins reflétés par les yeux
Ne retiendra ce coeur qui dans la mer se trempe
Ô nuits ! ni la clarté déserte de ma lampe
Sur le vide papier que la blancheur défend
Et ni la jeune femme allaitant son enfant.
Je partirai ! Steamer balançant ta mâture,
Lève l’ancre pour une exotique nature !
Un Ennui, désolé par les cruels espoirs,
Croit encore à l’adieu suprême des mouchoirs !
Et, peut-être, les mâts, invitant les orages,
Sont-ils de ceux qu’un vent penche sur les naufrages
Perdus, sans mâts, sans mâts, ni fertiles îlots …
Mais, ô mon coeur, entends le chant des matelots !"
Stéphane Mallarmé -"Brise marine"
"Et de vaisseaux, et de vaisseaux,
Et de voiles, et tant de voiles,
Mes pauvres yeux allez en eaux,
Il en est plus qu’il n’est d’étoiles ;
Et cependant je sais, j’en sais
Tant d’étoiles et que j’ai vues
Au-dessus des toits de mes rues,
Et que j’ai sues et que je sais ;
Mais des vaisseaux il en est plus,
– Et j’en sais tant qui sont partis –
Mais c’est mon testament ici,
Que de vaisseaux il en est plus ;
Et des vaisseaux voici les beaux
Sur la mer, en robes de femmes,
Allés suivant les oriflammes
Au bout du ciel sombré dans l’eau,
Et de vaisseaux tant sur les eaux
La mer semble un pays en toile,
Mes pauvres yeux allez en eaux,
Il en est plus qu’il n’est d’étoiles."
Max Elskamp -"Etoile de la mer"
"Et je serai face à la mer
qui viendra baigner les galets.
Caresses d’eau, de vent et d’air.
Et de lumière. D’immensité.
Et en moi sera le désert.
N’y entrera que ciel léger.
Et je serai face à la mer
qui viendra battre les rochers.
Giflant. Cinglant. Usant la pierre.
Frappant. S’infiltrant. Déchaînée.
Et en moi sera le désert.
N’y entrera ciel tourmenté.
Et je serai face à la mer,
statue de chair et coeur de bois.
Et me ferai désert en moi.
Qu’importera l’heure. Sombre ou claire …"
Esther Granek -"Evasion"
Toutes voiles confondues
en vapeurs d'eau
Debord en bords
à la grande vergue
qui glisse sur les mots tout là haut .
"Parfums d'histoires, tout se mélange, je choisis au hasard une image qui me plait.
Parfums d'histoires.../..." Christophe