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Emmanuel Macron fait appel à ses marcheurs

Publié le 01 avril 2019 par Arnaudgicquello

Le président de la République a nommé trois de ses proches au gouvernement. Diversité politique, compétence, jeunesse… Si ce remaniement est fidèle aux principes de la macronie, il cache aussi d’autres réalités potentiellement inquiétantes pour la majorité.

Pour l’exécutif, la venue du printemps aura accouché d’un remaniement. Après les départs de Benjamin Griveaux et Mounir Mahjoubi, partis défendre leurs chances pour les municipales de Paris, et celui de Nathalie Loiseau, désignée tête de liste de La République en marche (LRM) pour les européennes, l’Elysée a annoncé, le 31 mars, la nomination de leurs remplaçants.

Sibeth Ndiaye, 39 ans, actuelle conseillère presse et communication du chef de l’Etat, est désignée secrétaire d’Etat auprès du premier ministre et porte-parole du gouvernement. Cédric O, 36 ans, conseiller économique à la présidence de la République, obtient le secrétariat d’Etat au numérique. Enfin, Amélie de Montchalin, 33 ans, députée LRM de l’Essonne et figure de la majorité, hérite du poste de secrétaire d’Etat aux affaires européennes.

En effectuant ce casting, le président de la République Emmanuel Macron et le Premier ministre Edouard Philippe font d’abord le choix de préserver les équilibres politiques. Deux « marcheurs » de la première heure – Mme Ndiaye et M. O – et une ex-juppéiste – Mme de Montchalin – remplacent deux marcheurs de la première heure et une ex-juppéiste. En outre, la nomination de deux femmes permet de rétablir la parité au sein de l’exécutif. Celle-ci avait été faussée en janvier par l’entrée au gouvernement d’Adrien Taquet, secrétaire d’État auprès de la ministre de la Santé.

Ainsi, ces nominations respectent le cocktail macronien inscrit dans les gènes de la majorité : elles privilégient à la fois la compétence, la jeunesse et la diversité. Sibeth Ndiaye est franco-sénégalaise, Cédric O est d’origine coréenne et Amélie de Montchalin fait partie d’une vieille famille agraire d’Ile-de-France.

Continuité dans la nouveauté

En réalité, en effectuant ce remaniement, MM. Macron et Philippe optent pour une forme de continuité dans la nouveauté. Si les trois nommés entament chacun leur première expérience gouvernementale, leurs profils brillent plus par leurs compétences techniques que par leurs convictions politiques. Aussi, ce remaniement n’augure pas de grands bouleversements à court terme.

A deux mois du scrutin européen, l’objectif affiché est de resserrer les rangs autour du chef de l’Etat. La nomination de figures jeunes et dévouées permet de réduire le risque de cacophonies susceptibles de faire de l’ombre à la campagne pour les européennes. D’autant que le mouvement des « gilets jaunes » n’en finit plus de jouer les prolongations et que la clôture du Grand débat est à même de raviver les braises de la contestation.

Puis, ce remaniement a minima laisse entrevoir un plus ample renouvellement des effectifs après les élections européennes. Ainsi, Amélie de Montchalin est nommée secrétaire d’Etat aux Affaires européennes et non ministre comme l’était Nathalie Loiseau. Cette fonction révèle certainement une situation d’attente. En fonction des résultats du scrutin, l’exécutif redistribuera ses cartes.

Malaise à l’Elysée

Du reste, ce renouvellement suscite plusieurs questions. MM. Macron et Philippe avaient-ils vraiment le choix ? Les ressources humaines au sein de la majorité ne sont peut-être pas aussi inépuisables qu’on pourrait le croire. En allant recruter directement des éléments dans sa garde rapprochée, M. Macron donne l’impression que les nouveaux entrants au gouvernement ne se dénichent pas facilement.

Enfin, la nomination de deux membres du premier cercle du président continue de vider l’équipe élyséenne. Mme Ndiaye et M. O viennent s’ajouter à une longue liste de départs où figurent Sylvain Fort, Stéphane Séjourné et Ismaël Emelien. Y aurait-il un malaise au sein du cabinet présidentiel, lui qui est mis en cause dans l’affaire Benalla ? Ce remaniement n’est-il pas un moyen détourné d’épurer à moindre coût les rangs des éminences grises de l’Elysée ?

Des nominations de jeunes marcheurs au profil « techno », une équipe de conseillers restreinte… Le casting de M. Macron semble renforcer les accusations d’exercice solitaire du pouvoir maintes fois proférées depuis le début du quinquennat. A l’heure de la conclusion du Grand débat et du scrutin européen, le président prend le risque de s’isoler un peu plus dans sa tour d’ivoire élyséenne.

Arnaud Gicquello

Résultats

  • « Aucun » : 13 % des sondés
  • « Un seul » : 57%
  • « Deux » : 30 %
  • « Les trois » : 0 %

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