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Troisième vendredi de colère populaire contre Bouteflika

Publié le 09 mars 2019 par Arnaudgicquello

Des milliers d’Algériens ont une nouvelle fois manifesté le 8 mars contre un cinquième mandat du président sortant Abdelaziz Bouteflika. La contestation grandit.

Les mots d’ordre dans les cortèges sont sans appel : « Pouvoir, assassin », « Pas de cinquième mandat, eh Bouteflika ! ». Le 8 mars, pour le troisième vendredi consécutif, des milliers de personnes ont défilé à Alger et dans d’autres grandes villes du pays pour dire leur refus de voir le président sortant, Abdelaziz Bouteflika, briguer un nouveau mandat en dépit de son état de santé. Le scrutin présidentiel doit se tenir le 18 avril.

Arborant de grands drapeaux algériens, les manifestants ont une nouvelle fois répondu massivement aux appels lancés les jours précédents sur les réseaux sociaux. Dans la capitale, la mobilisation a été largement supérieure à celle des deux précédents vendredis selon l’AFP. Présent sur place, le journaliste Khaled Drareni a évoqué sur Twitter « plus d’un million de personnes dans Alger ». Ces estimations sont toutefois difficiles à vérifier : les autorités n’ont donné aucune évaluation du nombre de protestataires.

Rassemblements pacifiques

Cette journée de contestation coïncidait avec la journée internationale du droit des femmes. Les Algériennes sont venues en nombre garnir les rangs des manifestants. Des scènes de concorde populaire entre générations ont dessiné les contours d’une Algérie soucieuse de se réapproprier le cours de l’histoire. « Bouteflika voulait une grande foule pour l’enterrer. Ce fut le cas aujourd’hui, a réagi l’écrivain algérien Kamel Daoud sur Twitter. Puisse l’élan devenir avenir. Puisse cette fierté devenir gloire et grande mémoire pour nos enfants ».

Si la majorité des rassemblements s’est déroulée de manière pacifique, des échauffourées ont éclaté en fin de journée. A Alger, la police antiémeute a notamment fait usage de gaz lacrymogènes pour empêcher les manifestants d’approcher le palais présidentiel. Les forces de l’ordre ont arrêté 195 personnes et comptent 112 blessés dans leurs rangs.

Bouteflika ne renonce pas

En se mobilisant massivement, les Algériens ont fait peu de cas du message que leur avait adressé la veille M. Bouteflika. Dans un communiqué, il avait appelé à la vigilance contre une possible infiltration du mouvement par des ennemis « insidieux » susceptibles  de provoquer le « chaos ». Mais le président algérien n’a pu assister directement à ce déploiement de colère dans le pays. Depuis le 24 février, ce dernier est hospitalisé à Genève pour des « contrôles médicaux périodiques ». Très affaibli depuis son accident vasculaire cérébral de 2013, le chef d’Etat âgé de 82 ans n’apparaît quasiment plus en public et est incapable de s’adresser directement à ses concitoyens.

Ces manifestations massives auront-elles une incidence sur les choix du pouvoir algérien ? Pour l’instant, le président et son entourage sont résolus à prendre part au scrutin présidentiel. Le 3 mars, l’équipe de campagne de M. Bouteflika a remis au Conseil constitutionnel son dossier de candidature. Très actif depuis le début du mouvement, le journaliste et écrivain franco-algérien Mohammed Sifaouid a déclaré sur les réseaux sociaux : « Le pouvoir algérien peut toujours s’accrocher. Sa chute est question de jours, de semaines, au pire de mois ».

Arnaud Gicquello


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