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Brexit. Thérésa May s’accroche à un mince espoir

Publié le 02 décembre 2018 par Arnaudgicquello

La Première ministre britannique va soumettre au Parlement, mardi 11 décembre, le traité négocié avec l’Union européenne sur le Brexit. Un vote et un paradoxe : ses meilleurs alliés pourraient bien être ses opposants politiques. Explications…

Si les divorces devaient se dérouler sans heurts, ça se saurait ! Mais tout de même, pour la Première ministre britannique Theresa May, le Brexit a tout d’un long chemin de croix insoluble apportant semaine après semaine son lot de désillusions.

Il a fallu dix-sept mois d’intenses négociations pour parvenir à un accord sur les termes d’une rupture ordonnée entre le Royaume-Uni et le reste de l’Union européenne (UE), à la mi-novembre. Adopté par les 28 dirigeants de l’UE le 25 novembre, le texte de 585 pages doit maintenant être ratifié par le Parlement de Westminster.

Le vote doit intervenir le 11 décembre. La Première ministre britannique va tenter de convaincre les députés, largement hostiles à l’accord. Selon la BBC, « le papier pourrait être bon pour la poubelle d’ici à Noël ». Pour être entériné, le « deal » doit obtenir la majorité à la Chambre des communes, soit 320 voix sur 639 votants.

Avec 316 sièges, le parti de la Première ministre, le Parti conservateur (droite), ne dispose pas de la majorité absolue. Pour gouverner, Thérésa May a formé une alliance avec les 10 députés du Parti unioniste démocrate (droite) d’Irlande du Nord. Or, leurs voix sont loin d’être acquises. Ils remettent en cause la solution trouvée pour la question irlandaise : le « filet de sécurité ». Ce protocole prévoit le maintien d’un cadre réglementaire spécial pour l’Irlande du Nord pendant une période transitoire afin d’éviter le retour d’une frontière physique entre les deux Irlandes. Ses détracteurs dénoncent une atteinte à l’intégrité du royaume.

Voie du « no deal »

Mais surtout, Thérésa May n’est pas assurée du soutien de l’ensemble des parlementaires de sa formation politique. Depuis l’annonce de la conclusion de l’accord le 13 novembre, au moins 90 députés tories ont déclaré publiquement leur opposition et devraient donc voter contre le texte. A leurs yeux, Mme May a fait trop de concessions à Bruxelles, notamment en maintenant le pays dans l’Union douanière. Ils préfèrent la voie du « no deal », c’est-à-dire une sortie radicale de l’UE.

Pour que l’accord soit ratifié, Thérésa May doit donc rassembler au-delà de ses rangs. Le parti d’opposition, le Parti travailliste (gauche), apparaît lui aussi divisé sur la question. Son leader Jeremy Corbyn a dénoncé un « mauvais accord » mettant « en péril emplois et niveau de vie » et a appelé à voter contre. Dans le même temps, une grande majorité des membres du Labour demande un nouveau référendum.

Néanmoins, la mince chance de Thérésa May d’obtenir la majorité à Westminster pourrait venir des députés travaillistes pro-européens. Pour eux, le rejet du traité entraînerait un vide juridique catastrophique à partir du 29 mars 2019 – date effective du Brexit – auquel le pays n’est pas préparé. Il pourrait compromettre l’approvisionnement  du pays en denrées alimentaires et en médicaments et clouer les avions au sol.

Interventions à la télévision, lettre adressée aux citoyens, tournée à travers le pays… Thérésa May est disposée à abattre ce qui semble être sa dernière carte : faire pression sur les députés britanniques en s’adressant directement à leurs électeurs. La locataire de 10 Downing Street appelle tous les Britanniques à s’unir dans l’intérêt supérieur du pays.

Arnaud Gicquello


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