D'un côté, une affaire qui commence à se répandre dans la presse grand public, l'abandon de leurs projets par des banques qui se voyaient en pionnières… De l'autre, l'acceptation par un opérateur téléphonique, une application accompagnant les premiers pas des consommateurs… Décidément, le bitcoin creuse un profond fossé culturel…
Ces derniers temps, la tension monte insensiblement dans les institutions financières, confrontées de plus en plus fréquemment aux enjeux des cryptomonnaies et à une certaine demande de la part de leurs clients. Aux Pays-Bas, après une annonce similaire de la part d'ABN AMRO il y a quelques mois, Rabobank est la dernière en date à indiquer qu'elle met un terme à son projet de développement d'un porte-monnaie mobile dédié, invoquant les incertitudes réglementaires qui entourent ces instruments émergents.
Plus anecdotique, un scandale a éclaté récemment, d'abord dans les milieux spécialisés avant d'atteindre une audience plus large, quand un vétéran du bitcoin s'est plaint de la décision de sa banque, le Crédit Agricole Atlantique Vendée, de bloquer un transfert vers une plate-forme de change, sous prétexte de le protéger d'un investissement risqué. Les responsables de l'établissement expliquent avoir reçu des plaintes d'autres clients pour défaut de conseil et chercher, donc, à limiter leur responsabilité.
Pourtant, dans le même temps, et bien que le phénomène reste, à ce jour, marginal à l'échelle des flux financiers mondiaux, l'usage des cryptomonnaies continue à se propager dans la vie courante. Le géant des télécommunications américain AT&T vient, par exemple, de confirmer que, pour répondre aux attentes des adeptes toujours plus nombreux, il met désormais à la disposition de ses utilisateurs une option de paiement en ligne de leurs factures par bitcoin, grâce à la solution d'encaissement de BitPay.
Dans un registre différent, mais avec la même vision de la démocratisation de l'usage des cryptomonnaies, voici CoinBits, dont l'outil décline les meilleures recettes de l'industrie financière afin de familiariser madame ou monsieur tout-le-monde à une innovation potentiellement inquiétante. Comme Acorns le fait depuis longtemps avec l'investissement classique (pour les mêmes motifs), la jeune pousse propose ainsi de connecter une carte de crédit, de manière à déclencher automatiquement l'achat de quelques fractions de bitcoins avec les centimes d'arrondi de chaque dépense enregistrée.
Finalement, ce que nous racontent ces initiatives et autres péripéties est la solide progression de la popularité des cryptomonnaies dans l'esprit du grand public, en dépit des aléas qui les affectent (dont leur volatilité extrême, notamment). Pour une partie des acteurs, elle constitue une opportunité. Pour les banques traditionnelles, en revanche, elle représente une menace, non par la perspective de les rendre obsolètes mais en raison de leur incapacité à faire face à une disruption qui les contraint à remettre en cause leurs habitudes. En ce sens, il s'agit d'un test de leur adaptabilité au XXIème siècle…