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Ça arrive près de chez vous : l’essor des épiceries coopératives

Publié le 23 mai 2019 par Arnaudgicquello

Les supermarchés coopératifs et participatifs ne cessent de se multiplier dans l’hexagone. Depuis le 15 mai, à Malestroit dans le Morbihan, l’épicerie l’Escale Paysanne vend des produits biologiques issus pour certains de producteurs locaux. Reportage.

En ce matin ensoleillé, une certaine effervescence anime la place du Dr Queinnec à Malestroit (Morbihan). Après quatre mois de préparatifs, de travaux et d’aménagements, l’Escale Paysanne ouvre ses portes au public. Le chaland ne tarde pas à investir les lieux.

La sève de ce projet dans la cité millénaire est une aventure collective. L’épicière Florence Luy-Durand et de jeunes exploitants locaux se sont associés en coopérative pour vendre directement au consommateur leurs produits frais. Certains sont présents à l’ouverture. Nathalie Urien, productrice maraîchère installée dans la commune voisine de Saint-Guyomard accueille les visiteurs. Benjamin Frezel, pourvoyeurs d’œufs, de viande bovine et de céréales, réapprovisionne les rayons. Derrière le comptoir, la présidente de la coopérative Florence dompte une caisse enregistreuse encore récalcitrante. Les clients attendent une dizaine de minutes avant de régler leurs achats. Peu importe, personne n’a de train à prendre.

« Nous sommes agréablement surpris par l’engouement de la population, se réjouit Nathalie. Les gens sont sensibles à ce côté auto-construit. Par exemple, les étagères sont faites maison. » Le mobilier champêtre et boisé délivre une atmosphère à la fois paisible et chaleureuse.

Se réapproprier sa consommation

Le modèle prend le contre-pied de celui de la grande distribution. Ici, les rayons sont dépourvus de marchandises industrielles et de gondoles tentatrices. La plupart des produits est élaborée localement. On trouve aussi bien des denrées alimentaires que des produits d’hygiène et d’entretien respectueux de l’environnement. « J’y serai fidèle, livre Solange, habitante du secteur. Ce commerce manquait à Malestroit, je n’aurai plus besoin d’effectuer des kilomètres pour ce type d’achat. »

L’Escale Paysanne se présente comme l’épicerie de Malestroit. Le lieu invite à se réapproprier sa consommation, à retrouver les bienfaits des circuits courts et de la vente directe du producteur à l’acheteur : c’est en quelque sorte le rouage oublié des dernières décennies. Et fait remarquable, c’est une génération de trentenaires qui s’attache à remettre l’épicerie au cœur de la cité.

Ce renouveau est porté par les clients : « Il n’y a aucun doute sur l’origine des produits, confie Betty. Sans intermédiaires, on sait tout de suite où vont nos dépenses. » Père de trois enfants, Ronan souligne les vertus pédagogiques du projet : « Le magasin va nous aider à savoir quoi manger en fonction des périodes de l’année. Rien que connaître les fruits de saison, c’est une chose que l’on avait perdue. »

« Plus qu’une épicerie, un lieu de vie »

Au détour d’un rayon, on croise des figures de la vie locale comme Ludivine Kervoëlen, présidente de Coqueli’Plo. L’association locale se mobilise contre les pesticides. La jeune femme se réjouit du concept qui « allie écologie et social et permet de se réapproprier l’aliment ». Roland Vergilino, associé de la brasserie malestroyenne La Barque vient également rendre visite. Ses bières produites dans l’ancien abattoir font partie des 1 600 références en rayon. « Les mentalités changent depuis quelques années, constate-t-il. Les gens ont besoin de redonner du sens à leurs actions, de revenir à des modèles plus logiques et sains. Ici, ils sont en lien direct avec le producteur. L’Escale Paysanne est bien plus qu’une épicerie, c’est un lieu de vie. »

Manger plus sainement, favoriser les filières courtes, encourager le commerce équitable, donner du sens aux actes d’achat… Comme d’autres commerces de proximité du Pays de Malestroit, l’épicerie biologique accueille des visiteurs en quête d’une bouffée d’oxygène salutaire. Le temps de quelques minutes, les passagers de l’Escale débarquent dans ce port de quiétude. Ils laissent à l’entrée le chant des sirènes de la consommation effrénée pour redevenir acteurs de leurs propres achats. Et façonner un petit bonheur qui, lui, ne s’achète pas.

Arnaud Gicquello


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