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Brexit. Ressortissante anglaise, Jean Brook attend sa naturalisation

Publié le 16 mai 2019 par Arnaudgicquello

Citoyenne britannique et élue municipale, Jean Brook réside avec son mari Adrian dans la cité millénaire depuis 13 ans. Le Brexit les conduit tous les deux à demander la nationalité française.

Le Brexit ne concerne pas seulement les entreprises qui commercent avec le Royaume-Uni. Il apporte aussi son lot de tracas et de mauvaises surprises aux sujets de Sa Majesté demeurant en France. Installée avec son mari Adrian à Malestroit depuis 13 ans, Jean Brook suit avec inquiétude et incompréhension les vicissitudes politiques outre-Manche. Depuis 2014, elle est élue municipale, en charge notamment des jumelages dans la cité de caractère.

Ironie de la situation, les habitants d’Eyam en Angleterre, ville jumelée avec Malestroit, étaient en séjour dans la cité millénaire pendant le référendum sur la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne (UE) en juin 2016. « Le lendemain du vote, la mairie tenait un pot de réception, se souvient Jean. Nos amis anglais étaient sans voix. Personne ne s’attendait à un tel résultat. » Les Britanniques venaient de manifester leur intention de s’émanciper de l’UE par 51,9 % des suffrages exprimés.

Demande de naturalisation

Trois ans plus tard, le Brexit n’est toujours pas effectif, pas plus que n’est tranché le statut des ressortissants britanniques vivant en France. Les députés de Westminster ont désormais jusqu’au 31 octobre pour approuver l’accord prévoyant une sortie ordonnée du Royaume-Uni de l’UE. Sans ce « deal », une partie des 150 000 Britanniques vivant dans l’hexagone pourraient se retrouver du jour au lendemain en situation irrégulière.

Dans l’incertitude, le consulat britannique a conseillé à ses ressortissants d’effectuer les démarches pour obtenir un titre de séjour. Ceux qui en ont la possibilité sont également invités à demander la nationalité française. Il y a 15 mois, Jean et Adrian ont formulé cette demande auprès des autorités administratives. « Mais impossible aujourd’hui de savoir quand nous serons naturalisés, regrette Jean. Les services de la préfecture doivent maintenant nous convoquer pour un entretien. Ils font face à un nombre important de demandes. »

Conséquences catastrophiques

Sans accès à la double nationalité, les conséquences du Brexit seraient « catastrophiques » selon Jean : « Le plus inquiétant concerne le domaine de la santé. » A terme, les citoyens anglais vivant légalement en France n’auront plus accès à la Sécurité sociale et perdront la possibilité de se voir rembourser leurs soins.

Par ailleurs, le Brexit sonnera la fin du droit de vote des résidents. Depuis 2001, les citoyens britanniques avaient l’habitude de voter aux élections municipales et parfois de solliciter les suffrages, comme Jean. Or dans sa situation actuelle, elle ne pourrait ni être candidate aux prochaines municipales en 2020, ni même se rendre aux urnes. En guise de consolation, « le gouvernement français a précisé que nous pourrons terminer notre mandat », explique-t-elle.

Néanmoins, Jean devrait avoir la possibilité de participer à un autre scrutin. Trois ans après avoir dit « non » à l’Union européenne, les citoyens britanniques vont selon toute vraisemblance être invités le 23 mai à désigner leurs députés… au Parlement européen, une institution qu’ils veulent quitter. Seulement, lesdits députés ne verront pas la fin de leur mandat puisqu’il est prévu sine die que les sujets de Sa Majesté rompent pour de bon les amarres qui les lient au Vieux continent… Vous avez du mal à suivre ? Dans l’hexagone, seuls les partisans du père Ubu (*) sont familiers de ces situations. Avec un flegme certain, au pays des Monty Python, on appelle cela un « nonsense ».

Arnaud Gicquello

(*) François Ubu est un personnage créé par l’écrivain français Alfred Jarry. Symbole des absurdités en politique, il prête son nom à l’adjectif « ubuesque ».


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