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A quoi sert l'Union pour la Méditerranée ?

Publié le 14 juillet 2008 par Juan
Nicolas Sarkozy défend depuis son entrée en fonction la création d'une Union pour la Méditerranée, un projet muri avec Henri Guaino, son "conseiller spécial." Dimanche 13 juillet dernier, il avait rassemblé au grand Palais à Paris une quarantaine de chefs d'Etat européens et de pays de la Méditerranée à Paris pour lancer son opération. Belle performance ! A l'exception du Colonel Kadhafi (un comble !), la totalité des pays du pourtour méditerranéen était représentée.
Un projet économique
Sous couvert d'Union pour la Méditerranée ("UM"), le Président français entend renouer ou solidifier des relations commerciales. Tous les pays qu'il a visité depuis 62 semaines, pour les convaincre, se sont vus proposer des centrales nucléaires et autres contrats commerciaux.
Une compensation
L'UM est aussi un signe d'ouverture et d'apaisement vis-à-vis de pays potentiellement affectés par le durcissement de la politique d'immigration de la France. Brice Hortefeux s'est ainsi déplacé en Tunisie, au Maroc et en Algérie, afin de conclure ou préparer des "pactes d'immigration."
Un dessein par défaut
Concocté par Henri Guaino, l'UM vise enfin à revaloriser l'importance diplomatique de la France, tant contre ses voisins européens qu'au Proche Orient. L'invitation du président syrien Bachir Al Assad aux cérémonies du 14 juillet est à cet égard exemplaire. Cette manoeuvre d'influence est claire : le quotidien marocain Le Matin expliquait samedi que Sarkozy cherchait avant tout à asseoir son influence au Proche Orient avec cette initiative.
"La France a une position internationale importante. Cela nous ouvre donc une grande porte sur la scène internationale. Ma visite est importante pour plusieurs raisons. D'abord, parce que nous assistons à une rupture entre la politique actuelle de la France et la politique du passé. Cette nouvelle politique est plus réaliste et correspond davantage aux intérêts de nos deux pays. C'est une base so­lide pour renouer une relation saine. Ensuite, le moment de ma visite est impor­tante, car elle coïncide avec la relance de négociations avec Israël et la fin de la crise libanaise dans laquelle la Syrie s'est impliquée. C'est enfin une occasion pour l'Europe, et notamment pour la France, de jouer un rôle dans la résolution de plusieurs questions concernant notre région. " Bachir Al Assad interrogé par le Figaro le 8 juillet 2008.
Lundi 14 juillet, Sarkozy pouvait rétorquer aux critiques qu'il avait réuni à déjeuner Bachar el-Assad et Ehoud Olmert. Le Présidetn syrien s'est même permis d'applaudir des rescapés du Drakkar, cet immeuble de Beyrouth détruit par un attentat en 1983 qui coûta la vie à 58 soldats français.
Côtoyant M. Sarkozy, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon -invité d'honneur du défilé-, l'Allemande Angela Merkel, l'Italien Silvio Berlusconi, le Palestinien Mahmoud Abbas ou l'Egyptien Hosni Moubarak, M. Assad a assisté au passage de quelque 4.000 soldats, dont les célèbres légionnaires.

Un sujet de friction
Le projet a toujours été mal accueilli par les partenaires européens, à l'exception de l'Italie de Berlusconi (revenu au pouvoir en cours d'année): L'Espagne souhaitait s'inscrire dans le processus de Barcelone, qui a posé des bases de coopération de l'Union Européenne avec ses voisins du Sud. L'Allemagne s'est irritée de cette entreprise jugée "explosive" à l'heure où l'Europe à 27 n'a pas encore trouvé sa cohérence fonctionnelle. Sous pression, Sarkozy a dû accepter d'associer l'Union Européenne a ce projet initialement circonscrit aux pays riverains de la Méditerranée. Sarkozy a dû accpter un compromis. Son projet s'appelle désormais "Processus de Barcelone : Union pour la Méditerranée".
Le facteur Guaino
On ne comprend pas le projet si l'on écarte Henri Guaino de l'équation. Guaino est un souverainiste, qui a voté NON au référendum constitutionnel de 2005. Il peste ne permanance contre les "bureaucrates" de Bruxelles. L'UM est l'outil idéal pour prendre le contre-pied du processus d'intégration européennes.

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