Les analyses (ici, ici ou là) sur le projet de loi sur la démocratie sociale et le temps de travail pour les 35 heures, adopté par l'Assemblée nationale convergent sur un point : la sacralisation du travail. Extraits :
"Les 235 jours ne seront pas un plafond, puisqu'avec un simple accord d'entreprise, on pourra aller jusqu'à 282 jours de travail par an. C'est-à-dire que tous les jours sont alors travaillés, sauf les 52 dimanches, le 1er mai et les 30 jours de congés payés obligatoires." (...)
Certains cadres vont donc travailler six jours sur sept toute l'année?
Dans certains cas, oui. Et s'ils font un horaire important, il sera possible au niveau d'une entreprise de négocier soit un repos moins important que celui qui est prévu par la loi, soit de transformer ce droit en une compensation financière".
Qui est au service de l'autre, de l'homme et du travail? Asservissement?
La Doctrine sociale de l'Eglise rappelle des points capitaux pour appréhender ce problème du temps de travail :
- La personne est la mesure de la dignité du travail (par 271)
"Toute forme de matérialisme et d'économisme qui tenterait de réduire le travailleur à un simple instrument de production, à une simple force-travail, à une valeur exclusivement matérielle, finirait par dénaturer irrémédiablement l'essence du travail, en le privant de sa finalité la plus noble et la plus profondément humaine. La personne est la mesure de la dignité du travail".
- Le travail est pour l'homme et non l'homme pour le travail (par 272)
"Indépendamment de son contenu objectif, le travail doit être orienté vers le sujet qui l'accomplit, car le but du travail, de n'importe quel travail, demeure toujours l'homme. Même si on ne peut pas ignorer l'importance de la dimension objective du travail sous l'angle de sa qualité, cette dimension doit être subordonnée à la réalisation de l'homme, et donc à la dimension subjective, grâce à laquelle il est possible d'affirmer que le travail est pour l'homme et non l'homme pour le travail".
- Le repos des jours fériés est un droit (par 284)
"les hommes aussi, créés à son image, doivent jouir d'un repos et d'un temps libre suffisants qui leur permettent de s'occuper de leur vie familiale, culturelle, sociale et religieuse".
- Le repos des jours fériés est un devoir (par 286)
"Les autorités publiques ont le devoir de veiller à ce que les citoyens ne soient pas privés, pour des raisons de productivité économique, d'un temps destiné au repos et au culte divin. Les employeurs ont une obligation analogue vis-à-vis de leurs employés. Les chrétiens doivent, dans le respect de la liberté religieuse et du bien commun de tous, se prodiguer pour que les lois reconnaissent les dimanches et les autres solennités liturgiques comme des jours fériés : « Ils ont à donner à tous un exemple public de prière, de respect et de joie et à défendre leurs traditions comme une contribution précieuse à la vie spirituelle de la société humaine ». Tout chrétien devra « éviter d'imposer sans nécessité à autrui ce qui l'empêcherait de garder le jour du Seigneur ».