Comment prenons-nous des décisions morales ? Notre éthique est-elle infaillible ou notre comportement moral peut-il changer en fonction du contexte ? Cette étude du Dartmouth College (New Hampshire) révèle que la plupart d’entre nous changeons de règles morales en fonction des circonstances…Des processus et comportements décrits dans la revue Nature Communications qui suggèrent que nous ne suivons pas la règle d'or, soit de ne pas faire aux autres ce qu’on n’aimerait pas qu’ils nous fassent.
Ainsi, les auteurs montrent de multiples motivations en jeu dans notre comportement moral, dont le sentiment de culpabilité et le principe d’équité, mais également le contexte de la décision. Les résultats remettent en cause le concept d’un principe moral unique et constant dans le temps.
Une variabilité de la moralité qui peut être cruciale dans des situations extrêmes : « Si la plupart d’entre nous ont tendance à manifester une certaine inquiétude pour les autres, d'autres se comportent ou peuvent se comporter avec un certain « opportunisme moral » », résume l’auteur principal, Jeroen van Baar, chercheur associé postdoctoral au département des sciences cognitives, linguistiques et psychologiques de la Brown University : « Dans la vie de tous les jours, nous ne pouvons pas ignorer que notre morale dépend du contexte. Ainsi, dans de nouvelles circonstances, nous pouvons constater que les règles morales que nous pensions toujours suivre deviennent en réalité assez malléables ».
Pour mieux comprendre le processus de prise de décision morale, les chercheurs ont conçu un jeu de confiance qui leur permettait de déterminer le type de stratégie morale qu’utilisait un participant à l’étude : l’aversion pour les inégalités, l’aversion pour la culpabilité, la cupidité ou l'opportunisme moral. Les chercheurs ont également mis au point un modèle informatique de stratégie morale pouvant être utilisé pour expliquer le comportement des joueurs dans le jeu. Ils ont également examiné les schémas d'activité cérébrale associés aux différentes stratégies morales. Cette analyse révèle pour la première fois que :
- des modèles uniques d’activité cérébrale sous-tendent les stratégies d’aversion pour l’injustice et d’aversion pour la culpabilité, même lorsque ces stratégies aboutissent au même comportement ;
- les participants moralement opportunistes présentent des schémas cérébraux qui basculent entre les deux précédentes stratégies morales en fonction des contextes.
Les résultats démontrent que nous peuvons adopter des principes moraux différents pour prendre nos décisions, et qu’il existe une forte flexibilité dans notre moralité, en fonction des situations.
Cela peut expliquer pourquoi les gens que nous aimons et respectons font parfois des choses que nous trouvons moralement répréhensibles.
Source: Nature Communications 02 April 2019 The computational and neural substrates of moral strategies in social decision-making
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Équipe de rédaction Santélog Juin 15, 2019Rédaction Santé log