20 ans après, Netflix a décidé de faire revivre Tales of the City, adaptée de écrits de Armistread Maupin. Ce n’est pas une mauvaise idée dans le sens où il y a toujours des histoires à raconter et surtout de quoi faire un parallèle intéressant sur la société américaine et son évolution au travers des droits des transsexuels et/ou de toute la communauté LGBTI+. Laissée entre les mains de Lauren Morelli (Orange is the New Black), Les Chroniques de San Francisco nous plonge au coeur de Barbary Lane, un groupe résidentiel où plusieurs personnages vont vivres des aventures différentes. En inspirant cette fois-ci une histoire inédite, les romans d’Armistead Maupin tentent de nous offrir quelques bons moments où Mary Ann (incarnée par Laure Linney) revient. Elle permet de faire un lien avec une précédente adaptation des romans, tout en étant le fil conducteur d’une intrigue personnelle pas forcément exceptionnelle. Ce sont donc les nouveaux, la nouvelle génération de Barbary Lane qui font l’intérêt de cette nouvelle adaptation. Notamment Garcia qui incarne le personnage de Jake Rodriguez. Son histoire est probablement la plus touchante de cette première saison alors que l’on découvre Jake en homme (qui était lesbienne auparavant, donc une femme, et en couple avec une femme), avec l’envie de découvrir les hommes.
Mary Ann est de retour à San Francisco où elle retrouve sa fille Shawna et son ex-mari Brian, 20 ans après les avoir quittés pour poursuivre sa carrière. Fuyant la crise de la quarantaine provoquée par sa vie bien rangée dans le Connecticut, Mary Ann retourne auprès de la famille qu’elle s’est choisie constituée d’Anna Madrigal et des résidents du 28 Barbara Lane.
Si l’histoire de Jake n’est pas forcément la plus importante de la saison, je dois avouer que la série traite le personnage avec beaucoup de simplicité pour mieux nous toucher. C’est assez mignon de voir son premier rendez vous avec celui qu’il aime, mais aussi de le voir évoluer parmi ces personnages et dans sa relation avec Margot Park, celle qu’il (elle auparavant) a aimé pendant plusieurs années. En parallèle, la série insuffle alors aussi quelques moment plus engagés comme l’épisode 1.08 se déroulant dans les années 60 en reprenant un fait marquant de la communauté LGBTI+ : les émeutes de Stonewall. Le regard que l’on peut porter est aujourd’hui légèrement différent mais toujours intéressant. Si cet épisode est pour moi l’un des plus marquants c’est aussi car c’est le plus engagé. Le 1.09 pourrait l’être aussi en pleine Gay Pride de San Francisco. Cependant, tout n’est pas forcément bon dans Les Chroniques de San Francisco. Les débuts sont prometteurs et puis rapidement la série devient légèrement ronronnante, laissant ses personnages vaquer à toutes sortes d’occupations pas toujours palpitantes.
La série joue aussi peut-être un peu trop sur toutes les lettres de LGBTI+, en voulant donner à chaque lettre un représentant dans Les Chroniques de San Francisco. Ce n’était pas nécessaire de nous assommer d’autant de personnages (surtout si une suite est prévue, il y avait de quoi faire dans les prochaines saisons). Malgré quelques erreurs, Les Chroniques de San Francisco reste une série assez fluide où les aventures des personnages peuvent rapidement devenir touchantes et donc intéressantes, tout en apportant des messages à sa façon. Ellen Page ressemble donc à l’activiste parfaite pour une telle série, ce qui n’est pas plus mal tant son engagement au fil des années pour la communauté a fait du bruit. Mais Les Chroniques de San Francisco est peut-être trop mollassonne dans son écriture par moment, donnant alors l’impression qu’elle ne veut pas perturber un fil narratif déjà bien établi. Il aurait été intéressant de créer des moments plus forts, comme l’épisode 1.08 (et encore, même celui-ci est parfois trop doux, pas assez rugueux). Netflix continue de produire des séries en mettant l’accent sur des personnages différents et notamment en mettant en avant la communauté LGBTI+ mais il serait aussi bien de proposer des choses qui ne connaissent pas un tel creux au milieu de la saison.
Note : 5.5/10. En bref, agréable série qui a du mal à rester mémorable par moment. Si Les Chroniques de San Francisco que l’on a connu par le passé restent encore en mémoire, cette « suite » version Netflix est bien trop édulcorée malgré quelques agréables moments d’émotion réussis.