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Arrietty, le petit monde des chapardeurs. Dans les pas du Maître

Par Balndorn
 Arrietty, le petit monde des chapardeurs. Dans les pas du Maître
Résumé : Dans la banlieue de Tokyo, sous le plancher d’une vieille maison perdue au cœur d’un immense jardin, la minuscule Arrietty vit en secret avec sa famille. Ce sont des Chapardeurs.
Arrietty connaît les règles : on n’emprunte que ce dont on a besoin, en tellement petite quantité que les habitants de la maison ne s’en aperçoivent pas. Plus important encore, on se méfie du chat, des rats, et interdiction absolue d’être vus par les humains sous peine d’être obligés de déménager et de perdre cet univers miniature fascinant fait d’objets détournés.
Arrietty sait tout cela. Pourtant, lorsqu’un jeune garçon, Sho, arrive à la maison pour se reposer avant une grave opération, elle sent que tout sera différent. Entre la jeune fille et celui qu’elle voit comme un géant, commence une aventure et une amitié que personne ne pourra oublier… 

Parmi les héritiers de Hayao Miyazaki, on compte Hiromasa Yonebayashi. Digne fils spirituel à ses débuts, il s’écarte cependant progressivement du Maître, jusqu’à la rupture complète en quittant Ghibli pour fonder le studio Ponoc avec Mary et la Fleur de la sorcière.
Entre Totoro et Nausicaä
À l’origine de Yonebayashi, comme de bon nombre d’animateurs japonais actuels, il y a le studio Ghibli. Formé comme intervalliste sur Le Voyage de Chihiro, Yonebayashi emprunte naturellement au Maître son style et ses thématiques. Néanmoins, lorsqu’il se lance dans la réalisation, c’est davantage à Mon Voisin Totoro et à Nausicaä de la vallée du vent qu’il se réfère.On peut en effet lire Arrietty, le petit monde des chapardeurs– son premier long-métrage – comme le passage de Mon Voisin Totoro à Nausicaä. La première partie du film se place, comme Totoro, sous les auspices du merveilleux japonais. Un petit peuple, les Chapardeurs, vit dans l’ombre des humains, dont il récupère les déchets pour vivre au quotidien sans que ces géants qui les nourrissent ne s’aperçoivent de leur existence. On mesure la parenté avec Totoro, dont Yonebayashi s’amuse à renverser l’échelle (les Chapardeurs sont des lilliputiens comparés aux seigneurs de la forêt) et la perspective (on se place du point de vue des êtres fantastiques). Le ton reste également assez proche : un mélange de burlesque (les cabrioles des Chapardeurs pour rester cachés aux yeux de leurs voisins humains et de leurs redoutables félins), de féérie (le plaisir de voir nos objets quotidiens détournés par les Chapardeurs des fonctions qu’on leur attribue) et de curiosité (réciproque entre Arrietty, jeune Chapardeuse, et Sho, un garçon en convalescence avant une lourde opération médicale). Sur ce point, Arrietty ressemble beaucoup aux jeunes Satsuki et Mei de Totoro.
D’un modèle féminin l’autre
Toutefois, la jeune fille bascule lors de la seconde partie. De fille sage, bien obéissante envers ses parents, elle endosse le rôle de femme rebelle. Le costume qu’elle adopte – serré, athlétique, martial – rappelle celui que portait Nausicaä dans le film éponyme. Le discours qu'elle construit va dans le même sens d’un empouvoirement militaire féminin. On l’aura compris, Arrietty, le petit monde des chapardeurs travaille beaucoup – et avec un très beau rendu – la réappropriation des figures féminines miyazakiennes. Ce faisant, Yonebayashi pose la pierre fondamentale de son œuvre (actuelle) de cinéaste : la représentation des jeunes filles. Encore pétri des idéaux miyazakiens (goût de l’aventure et héroïsme) avec Arrietty, le réalisateur affirmera davantage ses goûts avec Souvenirs de Marnieet, finalement, prendra ses distances avec le modèle féminin proposé par le Maître.
Arrietty, le petit monde des chapardeurs. Dans les pas du Maître
Arrietty, le petit monde des chapardeurs, Hiromasa Yonebayashi, 2010, 1h34
Maxime
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