Les commentaires peu amènes et les railleries vont bon train ce matin dans l’opinion publique francophone à propos du troisième échec d’Yves Leterme en un peu plus d’un an. Son manque de courage politique devant son propre parti fait aussi la une.
Il est évidemment facile de railler « Monsieur 800.000 voix » qui fut imposé Premier ministre par le cartel CD&V/N-VA (*) dont, je le rappelle, il fut le père fondateur en 2004. Réflexes épidermiques chez beaucoup d’entre nous qui voient dans ce personnage « l’arrogance » de la Flandre politique, paradoxalement au moment où il venait d’endosser bon gré mal gré le costard (bien trop grand pour lui) de Premier ministre de Belgique et non plus de Flandre.
Je pense qu’il faut raison garder et ne pas trop se réjouir de cette démission au moment où la chute libre du pouvoir d’achat touche de plein fouet les Belges du nord et du sud. L’Etat Belgique ne peut se payer le luxe d’une crise de régime – car c’est bien de cela qu’il s’agit maintenant – quand la vie au jour le jour des citoyens est de plus en plus difficile. Un pays une nouvelle fois sans gouvernement dans de telles circonstances, ce serait irresponsable, j’ose dire « criminel ». Les partis francophones en sont convaincus, de même que certains partis flamands plus modérés en matière communautaire. Reste l’incontournable CD&V/N-VA de l’apprenti sorcier Leterme, collé à son intransigeance idéologique pour ne pas perdre la face devant ses électeurs.
Le Roi est à nouveau au pied du mur pour exercer le seul pouvoir politique qui lui reste. Sa neutralité et son autorité morale sont en jeu car tous les regards des belligérants sont fixés sur lui.
(*) CD&V/N-VA : cartel de chrétiens-démocrates et ultranationalistes flamands
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Un pays au bord du gouffre, chronique de Luc Delfosse dans Le Soir
Leterme part sans gloire !, l’édito de Michel Konen dans La Libre Belgique
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Photo AP/GEERT VANDEN WIJNGAERT
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