Après avoir fait du très bon ski, je suis retourné à New York et c’est là quand Philippe Blime avait décidé de remplacer Ed Paul à temps partiel tout en restant le directeur général de Look, en France.
Il s’était procuré une AMC Pacer pour véhicule de fonction (choix suggéré par son épouse Marie-Claude qui adorait cette voiture bizarre) et après avoir fait quelques visites en qualité de président de sa filiale américaine avait vite réalisé que son plan était dysfonctionnel et avait alors décidé d’engager un remplaçant au niveau local.
Je lui avait dit que je voulais ce poste, mais il m’avait répondu que bien que j’en ais le potentiel, il était préférable que je continue d’occuper le poste de chef de marketing où ma fonction de chef de produit m’avait progressivement acheminé depuis mon embauche. Il ne pensait tout simplement pas que je pourrais réussir.
L'homme était aussi têtu que con. Dans l’intervalle, il avait également décidé d'embaucher deux directeurs des ventes, Dennis Harrington à l'est et John Pike à l'ouest. Auparavant, Dennis était directeur de la publicité pour les skis Olin, et visait clairement le poste de président de filiale. Il avait beaucoup de bagout, mais ne parvenais jamais à joindre les gestes à la parole.
Même chose pour John Pike, un ancien vendeur de chez Xerox, qui bien qu’ayant une excellente voix de baryton, n’avait aucune idée de ce qu’était la branche du ski et sa distribution assez décalée. Ces choix en disaient long sur Blime, qui était supposé être bon avec les chiffres (?) mais totalement incapable de lire les gens.
Étant donné que la force de vente commune Beconta / Look était loin d’être parfaite, Harrington n’avait aucune meilleure idée que la changer complètement, en d’autres termes de jeter le bébé et l’eau du bain, au lieu d’apporter des changements progressifs comme le bon sens l’aurait suggéré.
C’est ainsi que Look Sports s’est retrouvé avec une équipe de « bleus » qui, à quelques rares exceptions, était fort peu talentueuse, mais surtout très inexpérimentés. Une recette pour aboutir à des résultats désastreux.
Au même moment, les produits Salomon gagnaient du terrain sur Look, je me tirais de plus en plus les cheveux, mais je continuais à apprendre énormément rien qu’en observant mes collègues incompétents multiplier leurs erreurs.
L'année s’était pourtant terminée sur une note merveilleuse; la naissance de notre fils Thomas en décembre.
