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661_ Périple 2019_9_ Gori _ GEORGIE_ Samedi 20 07 2019

Publié le 20 juillet 2019 par Ahmed Hanifi

Nous sommes samedi 20 juillet et nous nous apprêtons à quitter Gori pourStephanisminda une petite ville située à quelques kilomètres de la frontière avec la Russie. Nous avons réussi à nous brancher sur une retransmission en streaming de la finale de la coupe d’Afrique opposant le Sénégal à l’Algérie. Le match s’est achevé sur la victoire de l’Algérie par un but à zéro.

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WONE TOU TRI etc

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Gori se fiche du WONE TOU TRI etc

À Gori, ici donc, aucun signe, mais alors aucun quant à cet événement majeur (et même plus) pour des millions d’Africains. Rien (lire la vidéo) Nous sommes très heureux pour les Algériens et espérons que cette joie imprègnera ses marques lors des futures marches pour la Démocratie en Algérie.
Lorsque nous avons quitté Trabzon il faisait frisquet et il n’a cessé de pleuvoir. Nous avons pris la direction de la frontière géorgienne et Allah Korusun (ces mots sont collés à l’arrière de nombreux petits véhicules transporteurs de passagers). Des torrents chargés de boue se jettent dans la Mer Noire, certainement suite à des travaux effectués à hauteur des montagnes (routes…) comme nous avons pu le constater à Sumela. Les voies express traversent les villes et la limitation de vitesse est de 80 ou 110 km/h. Les premiers écriteaux en lettres géorgiennes apparaissent à Rize, ainsi que le nom de la ville de Batumi, traduit lui en lettres latines « Bat Um ». Leurs caractères sont de forme ronde et ne disposent ni de majuscules (მხედრული). On dit que ce sont des prêtres géorgiens qui ont inventé cette écriture quatre siècles avant notre ère. On la rapprocherait d’un des 800 alphabets indiens, forment des arabesques absolument incompréhensibles quel que soit l’effort que vous entreprenez.
En fin de journée nous nous sommes arrêtés dans le village KamalPasha, un parmi d’autres dans la région est de la Mer Noire, qui cultivent le thé. Là, le doux climat et les pluies abondantes sont très favorables à sa culture du thé. Nous avons passé la nuit au pied de la mosquée du village et l’appel à la prière, notamment du Sobh, nous a bien secoués. Et c’est le soir que nous nous sommes aperçu que nous n’avions pas un document qui nous semblait essentiel (selon le site du Ministère français des Affaires étrangères, « France Diplomatie ») au passage en douanes géorgiennes : le « Permis international » dont nous avions fait la demande il y a plus de deux mois, mais qui ne nous a pas été envoyé. C’est dire que la nuit fut très agitée. Je n’ai eu de cesse de penser à l’éventualité d’un refus d’admission en territoire de la Géorgie. Le mercredi, à la frontière turco-géorgienne, les choses se sont déroulées bien autrement. Le simple permis national français a suffit. Mais la bureaucratie est toutefois difficile à supporter. Nous avons dû prendre une assurance locale (15 € pour le minimum de séjour possible, c’est à dire 15 jours). Après quoi nous avons pris la direction de Batoumi. Conduite aussi folle qu’en Turquie, mêmes réflexes, routes peu entretenues… Batoumi est une grande ville (la 3° du pays après Tbilissi et Koutaïssi) 

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Batumi - Géorgie

avec près de 200.000 habitants. Elle se situe dans la région de l’Adjarie. Ses quartiers résidentiels alternent avec les quartiers délaissés, plutôt chaotiques. Un café (café turc)

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Café Bambou à Batumi

dans une structure tout en bambous, nous remettra de nos émotions, heureux d’être entrés sans problème. La Georgie est gouvernée par Salomé Zourabichvili depuis décembre 2018, c’est une ancienne diplomate française (elle est franco-géorgienne).   Le soir nous avons campé à Kobuleti Camping Zekari.

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Le Camping de Kobuleti

Nous avons été chaleureusement accueillis par l’officieux gestionnaire, un Suisse alémanique, très affable. Nous avons passé une soirée sympathique avec des Russes, des Ukrainiens, des Iraniens, un Kazak… enfin, tous ceux qui nous ont aidés à nous désembourber, la terre étant meule. Un des Ukrainiens est en fait un franco-anglais installé depuis près de 30 ans comme agriculteur à Kiev (il possède une maison à Perpignan), le Suisse vit ici, les autres sont de passage, comme nous.

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Plage de galets sur la Mer Noire à Kabuleti


Après un tour dans le centre ville où nous avons pris deux

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Café au capuccino bidon

Capuccino ratés nous sommes revenus au camp. On longe la principale avenue. Une bambouseraie s’étale devant le Georgia Palace Hôtel. La ville est quelconque, prisée plutôt pour ses plages de galets par les Russes (peu nombreux depuis que Poutine a fermé les robinets). Nous y sommes allés par le minibus N° 1 (25 places). Il suffit de lever le bras, où que l’on se trouve et hop le chauffeur pile. Pour la descente c’est idem, on dit « stop » et aussitôt la porte latérale s’ouvre, on tend la pièce (1 lai = 0, 20 cts d’€) et on saute. Tout cela dans la bonne humeur, sans tapage ni brouhaha.
Nous avons pris la route le lendemain matin. Ma première pensée est allée aux marcheurs algériens de ce vendredi (le 22° depuis le 22 février dernier), alors qu’il était 9 heures du matin ici et 6 heures en Algérie. Les routes ne sont pas toujours matérialisées, sont déformées. On a l’impression de rouler sur deux sillons tortueux creusés dans la chaussée par les pneus des véhicules lourds en temps de fortes chaleurs, ou histoire de mauvais goudron… Le matin du vendredi il faisait très frais. Un crachin tombait sur Kobuleti. Le temps était à l’orage depuis la veille. Nous avons eu maille à partir du Camp. La discussion d’au-revoir que nous avons eue avec le Suisse (il s’appelle Roméo) nous a transportés en des lieux que nous avons fréquentés (lui et nous) chacun dans son histoire il y a quelques (dizaines) années : Skagway en Alaska, Dawson city dans le Yukon, Yellowknife, Whitehorse dans les TNO canadiens… quelle étrange sensation d’avoir visité les mêmes contrées, rencontré probablement les mêmes hommes de ces contrées… et l’aventure continue pour tous. Comme en Turquie, on retrouve ces mêmes bandes jaunes disposées côte à côte par dizaines sur une vingtaine de mètres pour avertir les automobilistes d’un passage piéton. Sur les routes de nombreuses échoppes de bric et de broc propose du miel artisanal, des fruits et légumes de son jardin, des fleurs. D’autres vous vendent de l’huile pour moteur, du pain, de la vannerie, de la poterie… Le volant de nombres de voitures se trouve, comme dans les pays anglo-saxons à droite. À l’arrivée d’un village, une immense croix accueille les automobilistes. Le Wifi semble peu développé. Autant on dispose d’un réseau, d’un mot de passe, autant on peut attendre de longues minutes sans rien obtenir. À l’évidence le pays est pauvre, mais il essaie tant bien que mal de se développer. Les aires de repos donnent directement sur la route. Beaucoup de zones ne sont pas goudronnées et les trottoirs inexistants. Le long de la traversée de villes ou villages, il y a des échoppes, des magasins dont la construction donne l’impression d’être de bois plutôt que de dur, notamment à Zestaponi.

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Pauvreté et commerces sur le bord des routes

Sur le bord de la route on peut croiser au gré des villages et des herbages : vaches, chèvres, poules, oies, cochons et veaux… Nous qui avions pour habitude d’observer des populations européennes plutôt aisées, généralement, et baignant dans des richesses parfois insupportables de vulgarité, ici rien de tout cela. Ce serait plutôt un environnement pauvre, même s’il n’est pas ostensible. Au centre de la ville, au nord du triangulaire parc Staline, se trouve le musée du même nom.

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Musée Staline

Devant lequel se trouve et le train personnel de l’ancien dirigeant dictateur et sa maison que nous n’avons fait qu’effleurer de crainte d’être contaminés…

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Maison de Stal

Il n’y a pas foule et c’est mieux ainsi. Seul deux chiens badgés affalés non loin semblent intéressés, mais je n’en suis pas sûr.

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Le train perso de Stal

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Chiens de garde ?

 Je ne finirai pas ce texte sans une pensée double à deux grands événements qui eurent lieu en même temps il y a 50 ans. Le premier, le 1° festival Panafricain. Alger était devenue (artificiellement) la Mecque de toutes les rencontres branchées durant près de deux semaines (du 21.07 au 01.08.1969) au bénéfice du Dictateur-Pharaon (dont nous payons encore aujourd’hui les turpitudes). Rien ne subsiste de cette époque artificielle, aucun lien sérieux entre l’Algérie et l’Afrique (sauf épisodiquement comme hier soir avec le foot), qu’il soit universitaire, culturel, économique, aucune intégration africaine, rien. Du vide. Le second événement se déroula dans la nuit du 20 juillet 1969, lorsque les astronautes Neil Armstrong et Buzz Aldrin posèrent le pied sur la Lune. 500 millions de téléspectateurs dans le monde ont vu en direct ce premier grand spectacle universel. Nous sommes samedi matin, il est un peu plus de 10 heures et les Géorgiens commencent à peine à sortir dans la ville de Gori alors que nous nous apprêtons à la quitter pourStephanisminda une petite ville située à quelques kilomètres de la frontière avec la Russie. 
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