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Première nuit au Riddu Riddu…une nuit sous le “Lavvu” !

Publié le 15 juillet 2008 par Anne-Sophie

J’ai pris le bus en catastrophe de Tromsø pour me rendre au Festival Riddu Riddu, Festival sur les cultures indigènes organisé par les Sàmis. Je ne sais pas vraiment ce que je vais y faire, on m’a dit que j’allais être “videographer” du Festival… je suis à la fois excité et inquiet! Bref, je prends le bus, qui oublie des gens à Tromsø, du coup, retour en arrière au bout d’une heure de trajet. Ca me déstresse et je commence à discuter avec mes voisins dans le bus, un couple de soixante-dix ans à peu près, adorable, avec qui je vais passer la première nuit…

Après 2h30 de route nous descendons à l’arrêt Løkvoll. Nous sommes 5 ou 6 personnes plantées là, en bordure du Kåfjord, majestueux. Il fait beau. Il y a du vent. J’apprécie de me retrouver comme une fourmi dans la nature. Nous discutons pour savoir où est le site, qui semble a quelques kilomètres de là. Ceux avec qui je parle seront une partie de mes “copains” pendant une semaine au Riddu: mon adorable couple Suédois rencontré dans le bus; Nina, qui fait une thèse sur les Sàmis et Rob, sont mari, ils sont anglais; Marsilio, le suisse-Italien au sourire éclatant qui deviendra “Mister Sunshine” sur le Festival; Eleni et Asimenya, deux Grecs qui étudient en Norvège. Nous marchons tous ensemble, nous faisons connaissance. Puis nous faisons du stop, ce qui marche assez bien, on est pris tout de suite par 2 personnes travaillant au Riddu, qui nous y déposent directement.

Nous arrivons sur le site à 21h. Personne ne nous attend si tôt, le Festival est en train de se monter, les gens se concertent pour nous, grouillent dans tous les sens, s’agitent. On nous dit que ce soir nous dormons sous le Lavvu ou sous le Gamme… dans ma tête, je saute au plafond : rien de plus royal comme arrivée !

Nous nous installons donc et faisons la connaissance du couple Falko-Angelika, 2 Allemands super-relax à l’humour ravageur… Le site est gigantesque, magnifique, bordé de montagnes abruptes qui tombent dans le Fjord. Derrière la grande scène, il y a l’espace qu’on appelle Siida. La Siida est le groupe nomade Sàmi, la famille. Je prends des photos, je me crois des décennies en arrière, quand les Sàmis se déplacaient encore en Siida : ils y a 5 ou 6 Lavvu (Tipi Sàmi), une yourte de l’altaï, un Gamme ou Goahti (habitation de l’hiver des Sàmis et un groupe de Nenets (nomades de Síbérie vivant de la même facon que les Sàmis) sont en train de monter un tipi Nenet, c’est fascinant. Je suis en extase. Moi qui est étudié l’habitat durable, nomade et autonome pendant mes études d’archi, je me retrouve avec la panoplie des habitats des peuples sages de l’Asie…

Nous rencontrons Philipe, un portuguais qui est en charge de la Siida. Il nous explique le fonctionnement du Lavvu, avec l’endroit Sacré qu’il ne faut ni enjamber, ni habiter, nous dit aussi qu’il ne faut pas boire l’eau du torrent juste à coté car il est plein de pesticides des fermes d’à côté (dommage, c’est une merveille qui me fait croire que je suis dans le film “Et au milieu coule une rivière”), et prépare le feu pour le soir. Je rencontre également Kjell (prononcez Chel), avec qui j’étais en contact depuis quelques mois. Nous discutons, il m’explique ce qu’il attend de moi, me confie la caméra, qui est la même que celle de FemininBio, ce sera donc easy. En gros, j’ai carte blanche, ils n’ont jamais fait cela avant et veulent garder une trace du Festival. Il m’explique que le Festival est organisé par des “Sea Sàmis”, des Sàmis de la côte dont la langue est en train de se perdre et les coutumes avec. La caméra est donc financée par le parlement Sàmi pour pouvoir promouvoir et témoigner de cette culture en perdition, il me dit qu’on pourra travailler ensemble pendant l’année…que nos projets se rejoignent.

Après ce meeting très pro et un tour dans le centre Sàmi du Riddu, qui est tout en bois, avec un toit végétal, je regagne ma Siida et mes copains en devenir.

Le feu crépite, c’est magique de dormir dans le Lavvu, tous ensemble, l’énergie passe, la lumière est tamisé, nous dormons avec grand plaisir… Un vieux Sàmi est là, Nils-Magnus, un peu éméché, il nous raconte les Sàmis, les rennes, le Lavvu, le feu, la nature, et Joïk en Sàmi, Norvégien, anglais…drôle de personnage. C’est extra.


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