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Walmart se rêve en big brother…

Publié le 08 août 2019 par Patriceb @cestpasmonidee
Walmart Vous pensiez que les plans de Facebook (et ses partenaires) avec Libra relevaient d'un cauchemar de George Orwell ? Une demande de brevet déposée au début de l'année par Walmart esquisse une vision encore plus sombre, sous la forme d'une monnaie virtuelle « libérée » de toute prétention à la protection de la vie privée de ses utilisateurs…
Naturellement, la publication de ce document (discrète, au cœur de l'été) n'est pas indicative d'une quelconque mise en œuvre, effective ou envisagée. En revanche, son contenu reflète certainement les rêves d'avenir du leader américain de la distribution. Et là où les géants technologiques, scrutés attentivement après des scandales à répétition, tentent – avec plus ou moins de sincérité – d'adopter une attitude responsable vis-à-vis des usages des données personnelles, lui ne s'embarrasse pas de précautions.
En synthèse, l'objet du brevet est, ni plus ni moins, que la conception d'une banque suffisamment performante, d'un point de vue opérationnel et économique, pour être accessible à tous les consommateurs et permettre dans une certaine mesure d'éradiquer la circulation d'espèces dans la vie quotidienne. Sans surprise (hélas !), c'est le recours à une blockchain qui est supposé rendre possible la concrétisation de cette promesse, bien qu'aucune explication ne vienne éclairer le raisonnement sous-jacent.
La proposition d'une solution de substitution au cash n'est pas nécessairement un mal en soi, mais les bénéfices qu'espère en tirer Walmart sont plus inquiétants. En effet, une bonne partie du dispositif imaginé consiste à profiter de l'usage généralisé de la monnaie virtuelle (traçable) pour identifier, par un croisement avec les tickets de caisse détaillés, les habitudes de consommation et ainsi établir des prédictions fiables d'achats futurs pour tous les clients, à la fois au niveau individuel et à l'échelle globale de l'entreprise.
Walmart Labs
Bien sûr, Walmart pare son idée de quelques vertus sociales. Le distributeur joue, par exemple, sur la corde sensible de l'inclusion financière en évoquant, outre des facilités de crédit à coût modéré, plutôt classiques, la possibilité de réaliser des emplettes « à terme » (c'est-à-dire pré-acheter, au prix actuel, l'article qu'il nous faudra demain). Dans un autre registre, il suggère que les économies qu'il réalise grâce à une meilleure anticipation des besoins de ses clients pourraient être en partie redistribuées à ces derniers.
La réalité est que l'ambition profonde de Walmart, aujourd'hui limitée par des instruments de paiement anonymes, serait de disposer des moyens de connaître à tout moment la situation et les comportements de chaque personne pénétrant dans un de ses magasins, de manière à lui vendre toujours plus de produits. Les assurances de l'association Libra de respecter la confidentialité des données de paiement sont bien loin… et on comprend mieux pourquoi d'aucuns plaident pour la survie du cash.

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