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André Goosse : Maître de la langue française

Publié le 10 août 2019 par Jacquesmercier @JacquesMercier

André Goosse fut évidemment l’un de nos invités prestigieux du Jeu des Dictionnaires, lui qui est un « Maître de la langue française ». Dans un ouvrage de 2003, que j’avais consacré précisément aux grammairiens, il en était le premier chapitre :

« Au vu de ses compétences, cela va de soi : cet académicien, ancien Secrétaire perpétuel, est un « maître » de la langue française. Il a vécu de l’intérieur la réforme de la nouvelle orthographe, par exemple dans sa confrontation avec l’Académie française, celle de la féminisation des noms de fonctions, de grades. De plus, il a suivi les cours de Joseph Hanse et de Maurice Grevisse. Sa passion des mots l’entraîna à demander à sa condisciple, la propre fille de Grevisse, de servir d’intermédiaire dans son dialogue avec le professeur. Cette passion des mots rejoignit alors celle de l’amour et il épousa Marie-Thérèse Grevisse… » C’est une partie de sa présentation.

Pour lui rendre hommage, au moment de sa disparition il y a quelques jours, voici un extrait des multiples conversations que j’ai eu la chance d’avoir avec lui.

« Au sujet de la « nouvelle orthographe », il faut d’abord rappeler ceci : aucun changement dans l’histoire de l’orthographe n’a donné de résultat immédiat. Lorsqu’au XVIe siècle, par exemple, des imprimeurs ont utilisé la cédille, il a fallu un certain nombre de générations avant que la cédille ne soit acceptée par tous les imprimeurs ainsi que par les usagers ordinaires. »

Et à propos de la féminisation :

« La féminisation est un autre problème et assez curieusement, autant certains trouvent impossible et criminel d’écrire « événement » avec un accent grave ou « nénufar », autant ils trouvent normal d’utiliser un féminin jusqu’ici inusité. La presse quotidienne a adopté très vite les formes nouvelles. On lit « la juge », « la députée », « la substitute » plus rarement. Cela a pénétré assez facilement et, dans une certaine mesure, cela correspond à une évolution normale, mais qui n’est pas aussi automatique et aussi « éthique » que le disent certaines féministes ».

Un mot encore, je me souviens lui avoir demandé en guise de clin d’oeil « Dit-on à ou en vélo » ? Il m’a répondu sagement qu’il ne répondait jamais sans avoir vérifié sa réponse dans le Bon Usage ! (La réponse est « à vélo » !)

(Ci-dessous André Goosse et en compagnie de Philippe Geluck et d’Amélie Nothomb il y a presque trois ans pour l’anniversaire du livre)

André Goosse : Maître de la langue française
André Goosse : Maître de la langue française


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