Bien qu'il soit un peu tard pour qu'elle profite pleinement de la saison touristique, Barclays s'apprête à lancer une solution originale destinée à simplifier l'accès aux devises par ses clients voyageant à l'étranger. Faut-il interpréter cet ajout comme une contre-attaque face à la popularité des offres spécialisées telles que celle de Revolut ?
Entre les néo-banques qui en font un argument de conquête, les startups du paiement à la recherche d'une niche attractive et les acteurs du voyage qui souhaitent enrichir leur proposition de valeur, les personnes désireuses de se déplacer hors de leur pays d'origine, que ce soit pour leur travail ou pour leurs loisirs, disposent désormais d'un large choix d'alternatives à l'utilisation de leur carte de crédit classique, promettant toutes de réduire les frais encourus à chaque opération effectuée dans une devise étrangère.
Pour un établissement traditionnel, l'impact de l'évolution du marché est double. Ainsi, tandis qu'une fraction significative de sa clientèle se tourne volontiers vers ces options tierces, leur faisant perdre des transactions lucratives, les autres deviennent attentifs aux conditions attachées à leur moyen de paiement et sont de plus en plus enclins à s'insurger contre les tarifications élevées et opaques qui sont encore souvent la règle dans le secteur. Il n'est donc pas surprenant que la réaction s'organise…
En l'occurrence, l'approche de Barclays est particulièrement élégante puisqu'elle se trouve intégrée, de manière totalement transparente, au sein de l'expérience existante. En effet, il suffit d'activer le porte-monnaie de voyage (« Travel Wallet ») dans l'application mobile de la banque pour disposer instantanément d'un compte libellé en euros ou en dollars (d'autres devises seront ajoutés ultérieurement), débité automatiquement lors des achats et retraits libellés dans ces devises réalisés avec la carte (domestique) habituelle.
Barclays justifie son initiative par une préoccupation (supposée) pour les citoyens britanniques qui, selon ses estimations, gaspilleraient plus de 750 millions de livres sterling par an, soit en souvenirs inutiles achetés pour épuiser les restes de monnaie avant le retour, soit en pièces et billets oubliés dans un coin du domicile par flemme de les changer une fois rentré. Pourtant, sa véritable motivation est plus probablement liée à l'inquiétude suscitée par une concurrence qui rend intenables les pratiques d'antan.
De ce point de vue également, la démarche est exemplaire (encore que potentiellement contestable). Car, si le « Travel Wallet » promet une absence de frais (et de limitations) sur les dépenses et retraits d'espèces en devises, ainsi que sur la reconversion en livres des montants non dépensés après un déplacement, tout porte à croire que les opérations de change qui alimentent les comptes en dollars et en euros se voient appliquer des taux et des commissions confortables. Et la fluidité de l'expérience client a toutes les chances d'inciter les consommateurs à accepter ces frais sans trop réfléchir…