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Le Cerf parmi les cerisiers, par Gregorio Manzur

Publié le 02 août 2019 par Slal


Août 2019

Le Cerf parmi les cerisiers

Gregorio Manzur

Je marchais parmi les cerisiers lorsqu'un cerf est venu à ma rencontre. Ses bois majestueux m'ont effrayé. Et s'il m'attaquait ? Comment oserais-je affronter un si bel animal ? L'après-midi s'en allait et les ombres musardaient entre les arbres, grignotant peu à peu leurs troncs.

Il était là, face à moi, ses yeux fixés sur les miens. Mes mains tremblaient, mon cœur battait la chamade. Pourtant, un sentiment de fraternité, de compréhension réciproque, me faisait attendre sans crainte. La nervure de son corps, ses pattes solidement ancrées au sol, deux ou trois branches du cerisier jouant entre ses bois…

La brise tournait autour de lui. Quelque chose d'incongru, de téméraire poussa ma main jusqu'à son front ; et elle se posa là.

Le cerf ne fit pas le moindre mouvement ; dans son regard, pas le moindre reproche ; telle était sa grandeur d'âme.

Soudain il baissa la tête et ses cornes effleurèrent mon front. Un frisson me parcourut tout entier. « Ça y est, me dis-je, il va m'attaquer ! »

Comme dans un rêve ses bois s'inclinèrent jusqu'à ma poitrine et… y pénétrèrent. J'étais bien mort. De froid, de peur irradiant ma peau et mon sang. Qui était cet animal ? Qu'attendait-il de moi ? Ma fin ? Eh bien, je ne lutterai pas, j'avais bien vécu, je ne désirais plus rien.

Et cette mort annoncée me convenait ; c'était une fin honnête, propre, sans la dégradation qui sournoisement me guettait.

Il me semble que le cerf lut dans mes pensées.

Il retira ses bois qui se hissèrent tel un chêne blanc en hiver. J'entendis sa voix ou quelque son guttural qui venait de nulle part. Elle me disait :

« Ne précipite pas ta fin, elle serait inaccomplie. Assume ta destinée jusqu'à ton dernier chant d'amour. Car c'est elle qui te fera vivre pour toujours dans la sève des tilleuls, des vignobles, des oliviers, dans les ailes des aiglons, entre les bras des jours et des nuits, nourri par tous les vents et toutes les forces de l'univers. »

Il fit un pas en arrière, obliqua vers la gauche et avança de quelques pas. Puis il se retourna. Alors je tressaillis.
Je me trouvais à l'intérieur d'un nuage de lumière !

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El ciervo entre los cerezos

Caminaba entre los cerezos cuando un ciervo se me acercó. Sus cuernos majestuosos me impresionaron. Y si me atacaba ? Como podría yo enfrentarme con tan poderoso animal ? La tarde se iba y las sombras jugueteaban entre los árboles, mordiendo poco a poco los troncos.

Estaba ahí frente a mi, sus ojos fijos en los míos. Las manos me temblaban y el corazón se salía del pecho. Sin embargo, un sentimiento de fraternidad, de réciproca comprensión, me permitía esperar sin temor. La musculatura de su cuerpo, sus patas sólidamente ancladas en la tierra, dos o tres ramas del cerezo jugueteando entre sus astas…

La brisa giraba a su alrededor.

Algo así como una corazonada me llevó a acercar la mano hasta sus astas… y posarse en ellas.

El ciervo no hizo el menor movimiento ; en su mirada, no había el menor reproche ; tal era su nobleza.

De pronto bajó la cabeza y sus cuernos rozaron mi frente. Un escalofrío me recorrió de arriba a abajo.

« Bueno, me dije, ahora me va a atacar. »

Como en un sueño sus astas se inclinaron hasta mi pecho y… entraron en él. Yo estaba muerto. De frío, de un miedo que me quemaba la sangre y la piel. Quién era ese animal ? Qué quería de mi ?

El fin de mi vida, tal vez ?

Y esa muerte anunciada me convenía ; era un honesto final, limpio, sin la degradación que obscuramente me aguardaba.

El ciervo leyó tal vez mis pensamientos.

Retiró los cuernos que se irguieron cual roble blanco en invierno. Creí oír su voz o algo de gutural que venía… de ningun lado. Esa voz me decía :

« No precipites tu final, sería algo inacabado. Asume tu destino hasta tu último canto de amor. Ya que él te hará vivir por siempre en la sabia de los tilos, de los viñedos, de los olivares, en las alas de las águilas, entre los brazos de los días y las noches, nutrido por todos los vientos y todas las fuerzas del universo. »

Retrocedió, giró hacia la izquierda y dió varios pasos. De pronto se volvió hacia mi. Un escalofrío me recorrió de pies a cabeza. Estaba estupefacto :

Me hallaba al interior de una nube de luz !

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