L’hiver où j’ai grandi, Peter van Gestel -Gallimard Jeunesse, Folio Junior
Amsterdam, 1947. Et, Thomas, le narrateur de dix ans, débute son récit. C’est l’été, il fait chaud. Mais la rentrée est proche et ce sera pendant ce long hiver rigoureux qui suivra que se déroule l’histoire qui nous est contée.
Il s’agit de l’amitié qui se noue entre trois jeunes adolescents : Thomas qui a perdu sa mère malade, Zwaan qui a perdu ses deux parents en déportation et Bet, sa cousine, qui a perdu son père dans les mêmes circonstances dramatiques. Chacun porte en soi le poids de ces absences, de leur incompréhension.
Mais ce qui frappe dans ce roman, c’est la vitalité des enfants qui à travers leurs jeux, leurs chamailleries, leur rudesse, parfois, et leur regard sur le monde adulte se construisent en sublimant leur malheur par cette amitié qui se déploie malgré les différences sociales, malgré les différences culturelles.
Thomas, par exemple dont le père est un pauvre artiste qui gagne sa vie de petits boulots en petits boulots, a cette faconde du parler populaire qui choque Zwaan et Bet mais, c’est justement ces écarts de langage qui les séduits.
Difficile à rendre compte de la richesse de ce roman au niveau des relations entre les trois adolescents qui se frottent entre eux pour mieux affuter leur amitié et pour mieux s’aguerrir.
Le récit se termine l’été suivant. Zwaan rejoint un oncle à Brooklyn. C’est la séparation. Peu de temps après Thomas recevra une “longue et belle lettre” de son ami Bet part en camp de vacances. Et le roman se termine par le grand cri de Thomas, poussé vers le ciel.
Ils auront tous grandi, cet hiver-là.
L’écriture fluide, vivante est rehaussée par des dialogues d’une intensité rare. Tout dans le texte est d’une grande profondeur, subtile et pudique. Ainsi en va-t-il de la découverte progressive par Thomas de l’existence des camps.