Dernier survivant d'une époque à laquelle plusieurs banques dans le monde cherchaient à imposer leur porte-monnaie virtuel, Pingit semble poursuivre son bonhomme de chemin. À tel point qu'il absorbe maintenant bPay, une autre solution de paiement que Barclays a lancé un peu plus tard et qui n'a visiblement pas aussi bien réussi…
À l'origine, Pingit n'était qu'un service permettant à tous les britanniques d'envoyer de l'argent à n'importe quel compatriote, pourvu qu'il possède un compte bancaire, en fournissant uniquement son numéro de téléphone. Par la suite, il a constamment évolué, intégrant de nombreuses possibilités supplémentaires. Mais, au moment où le monde découvrait Apple Pay, Barclays décidait de répliquer avec une application distincte, destinée spécifiquement à prendre en charge les paiements de proximité sans contact.
La première a rapidement conquis son public, atteignant 400 000 utilisateurs au cours de ses deux premiers mois d'existence et plus de 3,5 millions à ce jour. À l'inverse, la deuxième n'aurait que péniblement séduit quelques milliers (au mieux quelques dizaines de milliers) d'adeptes 3 ans après son démarrage. Son abandon, matérialisé par l'ouverture d'une boutique en ligne d'achat d'accessoires NFC (bracelets, porte-clés…) reprenant son activité historique sous la marque Pingit, ne constitue pas une surprise.
Après un tel parcours, il serait extrêmement intéressant de comprendre les raisons d'un succès finalement étonnant, surtout au regard du nombre de tentatives similaires qui sont désormais rangées aux oubliettes de l'histoire (qui se souvient par exemple de Kwixo, à la même époque ?). Si je ne peux évidemment pas affirmer détenir la vérité, j'ai tout de même quelques hypothèses à proposer… susceptibles de servir encore aujourd'hui aux innovateurs des grandes groupes, dans le secteur financier ou ailleurs…
Tout d'abord, la différence entre Pingit et bPay saute aux yeux… et rejoint le scepticisme que j'entretiens depuis des années vis-à-vis du paiement sans contact sur mobile. D'un côté, nous avons une solution qui, d'emblée, vise à réduire une friction de la vie quotidienne, mineure et néanmoins sensible, au niveau des échanges d'argent entre particuliers. De l'autre côté, il n'existe pas de véritable besoin, les moyens existants (carte bancaire en tête) sont bien acceptés, fonctionnent correctement et sans heurt.
Cette première étape est essentielle… mais elle ne suffit pas, d'autant que d'autres acteurs se sont rapidement positionnés sur le créneau, face auquel l'argument de la confiance en une institution financière n'est pas nécessairement déterminant. En l'occurrence, et il s'agit probablement de la qualité la plus importante de sa démonstration, Pingit a ensuite révélé un talent extraordinaire dans son attention aux demandes de ses clients et dans sa capacité à les comprendre et y répondre avec l'agilité requise.
Presque immédiatement adopté pour des paiements sur les plates-formes de petites annonces (où les opérations en temps réel représentent un avantage alors inédit), puis pour des transactions avec des artisans, le porte-monnaie a ainsi su s'adapter et accueillir ces pratiques à un rythme accéléré. Au fil du temps, se sont ajoutées, de la même manière, des options de donation à des organisations caritatives, de cagnotte en ligne, de création de tirelires thématiques, de facturation (pour les entreprises)…
L'aspect réellement fascinant de la démarche de Barclays avec son application mobile est que, en la prolongeant à l'extrême, elle pourrait certainement aboutir à la création d'une banque complète, entièrement nouvelle, et conçue de A à Z en réponse aux attentes de ses utilisateurs. Dans la mesure où la vision initiale reste présente tout au long de l'exécution, il s'agit d'une magnifique illustration d'approche centrée sur le client.