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Killing Eve (Saison 2, 8 épisodes) : petits meurtres entre amies

Publié le 23 août 2019 par Delromainzika @cabreakingnews

Après une première saison réussie, je me suis penché sur le cas de la saison 2 de Killing Eve. La série n’a pas perdu de son mordant, ni de son humour jouissif (la scène où Villanelle fait croire à Eve qu’elle l’a empoisonné à l’arsenic dans l’épisode 2.06 est un brillant exemple). Cela donne d’ailleurs envie de voir le prochain James Bond sur lequel Phoebe Waller-Bridge a travaillé pour apporter de son humour au scénario. Le côté thriller reste de son côté un brin trop prévisible à mon goût, ce qui est dommage. La saison 2 est peut-être moins solide que la première (à cause de l’effet de surprise un peu moindre), mais elle fonctionne malgré tout sur les ressorts qui ont fait le succès de sa première saison.

Le plus gros problème de cette saison 2 est le fait que la série ne cherche pas vraiment à faire évoluer son histoire et stagne un peu. Cela ne veut pas pour autant dire que le récit n’est pas cohérent ou qu’il est dénué d’humour, juste qu’il est un peu trop prévisible. Pour le moment. La série exploite un peu mieux cette année la relation entre Eve et Villanelle, ce qui rend le spectacle toujours aussi séduisant sur bien des plans. Le duo est atypique mais efficace, aidé par des actrices de talent qui donnent tout ce qu’elles ont pour nous donner envie de s’attacher à elles. Quand Eve met un contrat sur sa propre tête afin de retrouver Villanelle, c’est une astuce narrative intelligente qui a du sens et surtout qui fonctionne terriblement bien.

Sauf qu’au delà de cette relation complexe et fascinante, Killing Eve a bien du mal parfois à faire évoluer sa propre mythologie. Notamment autour du MI6 et de l’agence qui emploie Villanelle. Sans parler des personnages secondaires un peu mis sur le carreau cette année contrairement à l’an dernier où ils étaient un peu mieux intégrés. On n’apprend pas grand chose de plus cette année sur The Twelve, le groupe secret qui a fait appel aux services de Villanelle. Et du côté de cette dernière, la série ne nous révèle pas grand chose de neuf non plus. Peut-être que le problème de Phoebe Waller-Bridge est qu’elle ne maîtrise pas toujours l’art du thriller et ne parvient donc pas à en faire un thriller totalement bien mené. Il y a des idées, de l’action, de la tension, etc. Mais ce n’est pas suffisant car ce sont des artifices qui tentent de nous faire oublier le reste. Et notamment les erreurs que Killing Eve peut faire en restant trop simpliste.

Les enjeux tendus de la première saison s’estompent alors un peu (sauf dans le dernier épisode particulièrement efficace), tout cela même si la série a introduit The Ghost, une nouvelle menace qui tente d’apporter un peu de fraicheur dans la série. The Ghost n’est pas le personnage fascinant qu’il aurait pu devenir si les scénaristes avaient joué le jeu intelligemment. Mais Killing Eve reste une sorte de comédie à bien des égards, au sens de l’humour terriblement bien affuté par une scénariste qui maîtrise le genre. La saison 2 garde alors tous les attraits de la série dans ce sens là, ce qui rend le tout plutôt percutant et permet d’oublier les trous d’air que le scénario peut subir par moment. Même avec une scène de torture à Amsterdam la série sait très bien rester drôle. Au fil des épisodes la saison propose alors plein de bonnes et belles choses, tout en laissant la possibilité d’une saison 3 plus musclée si jamais la créatrice parvient à se libérer de son problème : celui d’avoir du mal à construire un thriller. Peut-être qu’en travaillant sur James Bond elle a appris des choses qu’elle mettra en oeuvre.

Note : 7/10. En bref, une saison 2 plus ronronnante sur le plan thriller mais toujours aussi brillante dans l’humour.


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