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Le sabotage de la DSP2 est un succès !

Publié le 26 août 2019 par Patriceb @cestpasmonidee
Tink À trois semaines de l'échéance (le 14 septembre) fixée pour la mise en œuvre des dispositions de la deuxième Directive des Services de Paiement (DSP2) relatives à l'ouverture des accès aux comptes bancaires, Tink dresse un tableau consternant de la situation dans les établissements européens puisque aucun n'est conforme, à ce jour.
Selon la dernière analyse en date de la startup, qui porte sur les principales banques de 12 marchés concernés par la réglementation (dont elle estime qu'elles couvrent environ 90% de leur population), seules 15% des APIs disponibles seraient effectivement opérationnelles, tout en restant difficilement exploitables en raison de problèmes divers de qualité ou de performance. À l'autre bout du spectre, plus de 6 institutions sur 10 ne sont pas du tout en mesure de proposer des interfaces en état de fonctionner.
Avec les autres acteurs qui risquent d'être légalement contraint de basculer sur ces implémentations défaillantes, Tink s'inquiète évidemment de l'impact d'une telle impréparation sur les millions de consommateurs qui comptent sur leurs solutions pour suivre leurs finances personnelles (ce qui, suprême ironie, est aussi un enjeu dans les nombreuses grandes banques intégrant des fonctions d'agrégation), pour obtenir un crédit ou, plus généralement, pour faciliter leur vie quotidienne avec leur argent.
Face à la menace existentielle qui la guette, la jeune pousse (et, là encore, elle n'est pas seule dans sa démarche) demande aux autorités nationales d'introduire de manière formelle, non un régime dérogatoire, mais plutôt une période d'intérim pendant laquelle des garanties de continuité seraient données dans le but de permettre, a minima, de repousser la perspective d'une dégradation majeure de ses services. En fait, trois pays ont déjà pris des mesures dans ce sens : Allemagne, France et Royaume-Uni.
Etat des APIs PSD2 de production – Tink
Certes, ces initiatives répondent au danger immédiat, mais on peut s'interroger sur ce qu'il adviendra lorsque les approches conciliantes, nécessairement temporaires, arriveront à expiration. N'est-il pas légitime de douter de la sincérité des banques dans la mise en place de moyens d'accès à ce qu'elles considèrent comme leur trésor privé ? Depuis l'émergence de l'idée d'ouverture, elles n'ont pas manqué de brandir les arguments les plus spécieux (et parfois ridicules) pour combattre le texte, puis sa mise en œuvre.
Aujourd'hui, elles expliquent que les délais étaient trop courts pour déployer les APIs qui leur étaient imposées. Elles ont pourtant eu des années pour se préparer : contrairement à ce qu'elles veulent faire croire, le compte à rebours n'a pas commencé il y a 18 mois avec la publication des RTS – les spécifications techniques – mais infiniment plus tôt, en 2013 quand la directive était adoptée par la commission européenne ou, au pire, en 2015 au moment de sa validation par le parlement et le conseil.
Il n'est donc pas totalement déraisonnable de soupçonner de la part des institutions financières une tentative de sabotage vis-à-vis d'une législation indésirable, dont l'objectif serait d'entraver les velléités de développement de la concurrence, d'abord en retardant autant que possible son entrée en vigueur, puis en faisant en sorte que les entreprises susceptibles de bénéficier de ses dispositions soient mises en difficulté, de manière à les décrédibiliser auprès de leur clientèle (existante et potentielle).

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