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Roubaix, une lumière, d'Arnaud Desplechin

Publié le 26 août 2019 par Francisrichard @francisrichard
Roubaix, une lumière, d'Arnaud Desplechin

Comme le titre du film d'Arnaud Desplechin l'indique, l'histoire se passe à Roubaix, qui fut naguère une des capitales du textile avant de connaître la décroissance...

Roubaix apparaît bien sombre dans ce film. Que ce soit de nuit ou de jour, tout y a les couleurs du noir et du gris en cette fin décembre, à l'approche des fêtes de fin d'année.

Quand le film commence, le commissaire Daoud (Roschdy Zem) circule dans la ville et aperçoit sur sa route, au loin, un véhicule en feu. Il prévient son commissariat.

Au cours de l'histoire, lui et ses acolytes auront à traiter plusieurs affaires: l'incendie d'un véhicule, un viol, une fugue, un incendie volontaire, un meurtre. La routine.

Louis (Antoine Reinartz) est une nouvelle recrue. Daoud lui confie l'enquête sur l'incendie volontaire, qui a été déclenché dans une typique maison en briques de la ville.

Louis est un jeune homme instruit, et religieux. Dans sa chambre d'hôtel, le spectateur ne peut que remarquer, dans sa bibliothèque, Éthique et infini, d'Emmanuel Lévinas.

Deux voisines, Claude (Léa Seydoux) et Marie (Sara Forestier), qui vivent en couple dans une maison donnant sur la même cour que la maison incendiée, ont appelé la police.

Au début, Marie et Claude (qui a un fils) ne veulent rien dire de peur de représailles... Puis Claude se décide. Un corps est alors découvert à l'étage de la maison voisine.

Les autres affaires que le commissariat a à traiter plantent le décor. Roubaix est une ville à forte population immigrée, une ville où le chômage et la misère règnent.

Au milieu de toutes ces ténèbres, il y a cependant une lumière: son commissaire de police principal, Daoud. Parce que c'est un homme d'équanimité et d'apaisement.

Daoud, arrivé à Roubaix quand il avait sept ans, connaît tous les codes de la ville. Ce qui est fort utile dans son métier, il sait d'emblée si un suspect est coupable ou non.

Pourquoi? Parce qu'il se met à la place des autres et parce qu'il est d'une grande humanité. Son amour des animaux en est la preuve: il a trois chats et rêve d'avoir un cheval...

Son autre atout, c'est donc qu'il ne s'énerve jamais. Quand il interroge un suspect, il sait le mettre en confiance. Il tranche en cela avec ses subordonnés, qui souvent s'emportent.    

C'est ainsi qu'il obtient de Claude et de Marie, belles jeunes femmes abîmées par l'existence, qu'elles lui disent ce qu'aux autres elles ne confieraient sans doute jamais.

C'est ainsi qu'à des criminels il sait révéler leur part de lumière - il dit à un pyromane qu'il est un homme bien! - et qu'il leur fait dire très naturellement leur part d'ombre.

Roubaix, une lumière est un polar noir, mais son réalisateur, aidé en cela par le jeu de ses acteurs, montre subtilement qu'il y a toujours un point lumineux dans toute noirceur.  

Francis Richard

Bande annonce du film:


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