Après le départ du Crédit Mutuel de Bretagne l'année dernière, les édiles de Locmaria-Plouzané (5 000 habitants) souhaitaient maintenir un distributeur de billets sur le territoire de la commune afin d'entretenir la vitalité de son centre. Ils se sont tournés vers la nouvelle solution « Point Cash Village » de Brink's. Une initiative qui doit ravir les banques…
À la faveur de la transition des paiements vers des instruments « modernes » (la carte, essentiellement), les pays développés entrent dans un cycle de réduction de la densité des automates. Le problème est que, dans les zones rurales les plus touchées, une partie de la population compte encore largement sur les espèces pour les opérations du quotidien et se trouve, en conséquence, en difficulté, tandis que les commerçants locaux craignent de les voir s'approvisionner dans les villes où ils retirent de l'argent.
Les institutions financières (surtout les établissements mutualistes) subissent donc de fortes pressions pour sauvegarder leur présence et continuer à assurer ce que beaucoup considèrent comme un service public. Entre équation économique intenable et enjeu d'équilibre territorial, voilà donc qu'une alternative apparemment viable émerge, qui semble susceptible de satisfaire tout le monde, même si elle coûte à la collectivité.
La solution que propose le spécialiste de la « sécurité fiduciaire » constitue en effet une opportunité bienvenue dans les villages et autres petites villes qui craignent pour leurs petits commerces, leur contribution au dynamisme des campagnes et, à terme, pour leur propre avenir. Moyennant une redevance mensuelle (à partir de 500 euros, et elle devrait baisser avec la croissance des déploiements), Brink's prend intégralement en charge la logistique du GAB et garantit sa disponibilité 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.
L'initiative n'est évidemment pas une surprise de la part de l'entreprise, puisque la gestion des distributeurs lui est déjà largement sous-traitée, ainsi qu'à ses consœurs, et que, de ce fait, elle a beaucoup à perdre à la diminution du nombre d'installations. Plus généralement, elle doit affronter un défi existentiel, son activité reposant presque exclusivement sur un support en voie d'extinction (certes lente). À défaut d'une vision plus lointaine, son seul recours consiste à prendre elle-même les choses en main.
Or cette convergence d'intérêt avec les consommateurs et les communes qui se lamentent de la disparition des GAB représente une aubaine pour les banques. Un des obstacles à leurs velléités de fermer une proportion importante de leurs points de présence est levé : elles pourront maintenant suggérer une solution de substitution, que, au pire, elles seraient en mesure de financer, afin de faire taire les protestations. La marche vers la dématérialisation totale de leurs métiers – en commençant par l'abandon des activités liées au cash, lourdes et coûteuses – va de la sorte pouvoir se poursuivre.