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Musée du Périgord

Publié le 16 juillet 2008 par Argoul

Dès notre arrivée à Périgueux, nous allons en face de la gare à l’hôtel des Charentes, pour sa publicité dans le dépliant touristique distribué par la Maison du Périgord à Paris. Autant soutenir ceux qui font des efforts pour se faire connaître. Je réserve la chambre, nous nous promenons une demi-heure pour humer l’atmosphère de la ville, puis revenons déjeuner à l’hôtel pour écrire un peu et ranger nos affaires. Le menu est copieux et traditionnel : une soupe aux légumes, poule et vermicelles de bon goût, suivie d’une salade aux gésiers chauds agrémentés de légumes, puis d’un magret de canard sauce au poivre vert et ses pommes de terre grillées, enfin du fromage des Pyrénées. Je ne prends pas de dessert, pourtant inclus au menu, mais seulement un café. Le tout avec une demi-bouteille de Bergerac de base.

L’après-midi sera consacrée au musée. Un musée municipal est ce que la ville veut montrer de son histoire et de sa culture, sa carte d’identité en quelque sorte.

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La partie ethnographique est remplie de ces « curiosités » qui excitaient l’imagination des érudits du siècle dernier. Hors contexte, ces objets n’ont guère de sens pour nous. Reste un inventaire « amusant » à la Prévert. D’Australie, sont présentées des pointes de lances en verre bouteille, dite Kimberley, et des massues canaques au gland phallique. Les sauvages aimaient assommer leurs ennemis d’un coup de queue symbolique. Un collier des Nouvelles Hébrides fait 17 m de long et est composé de 8700 rondelles de coquilles et coco. Il aurait servi de monnaie et de parure à la fois, comme les bracelets de « perles » du Club Méd. Une cuiller en corne de bison vient de Californie. Un collier de crécelles, en vertèbres de serpent à sonnette a été rapporté du Brésil de même qu’un panier en carapace de tatou. Un couteau de jet « des sources du Nil » a une forme bizarre avec des ailes de contours différents – peut-être pour mieux voler ? Un œuf d’aepyornis, dix litres de capacité, provient du quaternaire de Madagascar. Une défense de mammouth complète fait deux mètres d’envergure ; par comparaison, on nous dit qu’une défense d’éléphant ne mesure que de 0,8 à 1 m.

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La salle suivante est romaine. Une pompe gallo-romaine en bois a été trouvée dans la rue de Bouquets. Son fonctionnement a été décrit par Vitruve, architecte du 1er siècle avant JC, elle est composée d’un système de pistons et clapets. La mosaïque aux daims, du 4ème siècle, est très fraîche encore à l’œil d’aujourd’hui. Elle é été découverte dans une villa des environs de Terrasson. Des intailles de Vésone sont fines et colorées. On trouve même un diadème funéraire grec en or du 3ème siècle avant notre ère. Une exposition montre la vie quotidienne d’une maison de ville gallo-romaine à Vésone. Les ossements recueillis montre que les Pétrucores (ainsi appelle-t-on les habitants de Périgueux) mangeaient beaucoup de porc, un peu moins de chevreau et d’agneau, très peu de bœuf. La poule était la volaille la plus mangée, les oies et les canards – pourtant spécialités d’aujourd’hui de la région – très peu. On chassait surtout le cerf et le chevreuil. Les poissons et les crustacés, de mer comme de rivière, étaient régulièrement consommés.

A l’étage est exposée une sculpture mâle d’« E. Chrétien, 1840 » et une Malédiction de Caïn de 1909. Beaucoup de visiteurs sont anglais. J’ai discuté avec un vieux couple originaire de Rugby à propos des mosaïques romaines de Vésone. Ils m’ont pris pour un professeur.

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Arrive enfin la préhistoire. L’homme du Régourdou serait le plus ancien squelette néandertalien français. Il daterait du Würm I, soit vers -70 000. IL a été trouvé en 1957 lors des fouilles de M. Bordes à un kilomètre à l’est de la grotte de Lascaux, dans un « cimetière d’ours » (ou des restes de festin ?), mais enterré suivant des rites funéraires visibles : coffrage, tumulus, fosse couverte de dalles. Le commentaire affiché sur les rites funéraires date un peu : « les premières angoisses de l’homme écartelé entre sa cruauté naturelle et le désir de s’élever. » Cela sent encore son 19ème siècle content de lui ! Un bouquetin est sculpté sur une dent de cachalot et vient du Mas d’Azil. Les « vulves » sculptées de l’abri Blanchard voisinent avec les longues et fines « feuilles de laurier » en silex taillé solutréen. Le squelette de l’homme de Chancelade, découvert dans l’abri sous roche de Raymonden ne date que de 15 000 ans. L’homme de Combe-Capelle est plus ancien, 25 000 ans, mais ce n’est pas le vrai qui est exposé, seulement un moulage.

Les autres salles sont plus proches de notre temps. De fines faïences de Delft ont un décor bleu délicat. La faïence de Nevers, présentée à côté, fait grossière et paysanne. Les tableaux italiens et hollandais du 17ème siècle ne sont que des croûtes issues des cabinets bourgeois. Un choix de laborieuses natures mortes et de convenables bondieuseries. Quelques « scènes de bataille » sont bien tranquilles : il ne fallait pas gâcher la digestion ! Le 18ème siècle n’est vraiment pas meilleur. Un modèle réduit de la Bastille a été sculpté dans une pierre même de la forteresse mise à bas « par Pierre Peyrot, de Bergerac ». Bailleul a peint Fénelon. Une figurine allemande en ivoire, du 18ème siècle, figure l’enlèvement de Ganymède. Le gosse semble se masturber sur la nuque de Zeus déguisé en aigle, pâmé d’amour sensuel, tandis qu’il fait offrande à son maître de la main gauche. Chelsea a livré ici des statuettes polychromes d’enfants nus (ah, ces Anglais !). Une tête de Christ en bois de ce même 18ème  est très expressive.

Quant à l’art plus moderne, j’ai noté un minuscule tableau de Sisley (10 cm x 15 cm) qui est l’une des richesses du musée ! Il s’agit du ‘Bateau lavoir’. Le peintre aimait l’eau, son mouvement et le jeu de ses ombres. Pour le reste, ‘Le bois de chênes en hiver’ d’Auguste Allongé (1833-1898), est clair et précis. ‘Florence’ de Maurice Massinot (1935), est le portrait épais d’une garce au regard pas commode. Quelques dessins du même n’apportent rien de plus fin. ‘La Place de la halle à Domme’ de Lucien de Malleville (1881-1962) présente un joli éclairage brumeux. Un Jean-René Truffier, ‘Eglise et village de Sourzac’ est bien coloré, comme au printemps après la pluie. L’intérêt de la Salle L est de présenter des artistes du coin, mais pas de quoi pavoiser…


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