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Elle est pas belle ma grosse voiture ?!!

Publié le 11 avril 2008 par Jcvie

La semaine dernière l’Allemagne décidait d’abandonner les biocarburants. Une excellente nouvelle pour la planète! On aurait pourtant aimé que cette décision soit prise pour des raisons environnementales ou éthiques. Malheureusement la raison invoquée est que l’usure des moteurs serait trop importante. L’Allemagne, que l’on considère souvent comme un modèle dans la prise de conscience environnementale, pratique à merveille le double langage quand il s’agit de protéger sa très polluante (et florissante) industrie automobile.

Les grosses voitures ont parfois des lignes plutôt attrayantes et peuvent impressionner quelques voisins et amis, voir aider dans de douteuses conquêtes amoureuses mais les maux qu’elles engendrent outrepassent largement ces petits avantages.
Elles polluent, encombrent, contribuent au changement du climat… sont futiles, dangereuses, inutiles … et comme si cela ne suffisait pas, elles commencent à affamer une partie de l’humanité. Les manifestations de la faim que l’on voit proliférer ces derniers jours sont là pour nous le rappeler : une grande partie de l’humanité vit dans une extrême pauvreté et a besoin d’un environnement sain pour sa survie quotidienne. Utiliser des terres agricoles, déforester… pour produire des denrées alimentaires qui seront brulées par de gros moteurs est totalement indécent. Bien sûr la crise alimentaire que connaissent certaines parties du monde n’est pas entièrement imputables à la production d’agro carburant (bannissons le préfixe bio !) mais abandonner les parades au volant de gros véhicules au profit de modes de déplacement économes est une solution très facile à mettre en œuvre.

Constructeurs et acheteurs se renvoient la balle. « Nous produisons de gros véhicules parce que c’est ce que veulent les consommateurs » disent les premiers. Si c’était le cas, la publicité serait inutile ! « On les achète car ils sont en vente répondent les seconds ».  L’hypocrisie est à son comble et question cynisme, les constructeurs automobiles sont difficiles à battre. A grand renfort de publicité, les constructeurs automobiles nous laissent croire que l’environnement est devenu leur préoccupation numéro un. Dans leur gamme, parfois, un véhicule peu gourmand et beaucoup de publicité sur les efforts du constructeur pour prendre en compte l’environnement. La conscience apaisée, on continue comme si de rien n’était avec le reste de la gamme. Certains constructeurs produisent un véhicule peu gourmand voire un véhicule hybride pour pouvoir faire croire à un effort. Mais pour un véhicule peu gourmand combien de grosses cylindrées produites. Un constructeur japonais bien connu communique énormément sur la technologie hybride mais au Moyen Orient par exemple, ce même constructeur communique uniquement sur la taille des véhicules, toujours plus gros et plus puissants.

Le salon de l’automobile s’est récemment tenu à Genève. Le dieu voiture a régné en maître sur la ville. Une affiche pleine de vert nous laissait croire que les automobiles contribuent au bien être de notre planète. Le phénomène se généralise : les publicités pour les compagnies aériennes, les constructeurs automobiles, les groupes pétroliers, les fournisseurs d’énergie où l’on n’aperçoit plus le moindre bout de carlingue, de pare choc ou de bâtiment industriel se multiplient. On n’y voit plus que des paysages fantastiques ou l’air est pur et la nature luxuriante. Paradoxe de taille, les stations de sports d’hiver sont envahies par la publicité automobile alors que la voiture contribue grandement à la raréfaction de la neige.

Cette année, les monstres roulants ont encore été à l’honneur à Genève. Les medias continuent de relater les performances de ces jouets désuets. Il faut dire que les constructeurs automobiles sont des annonceurs plutôt généreux. De nouveaux modèles toujours plus puissants et avides de carburant voient sans cesse le jour.

J’habite à proximité de Genève, une région où la densité de grosses cylindrées et de 4×4 est phénoménale. Pour qui connaît la Suisse il est difficile de lier ce phénomène à la vétusté du réseau routier, à l’abondance de bourbiers voire à l’absence de déneigement des routes l’hiver. Au volant de ces énormes voitures, on croise bien souvent des femmes, pourtant considérées comme plus soucieuses de l’avenir de leurs enfants. Ces véhicules ne sont guère recouverts de poussière ou de boues ; ils n’en croisent guère sur la route du supermarché ou de l’école où on assiste à un balai surréaliste de véhicules dont il devient difficile d’ouvrir les portières, les places de parking s’avérant de plus en plus sous dimensionnées.

On ne peut pas posséder un gros véhicule, gourmand en énergie, et prétendre se soucier un minimum du bien être de l’humanité. Avant que n’arrivent sur le marché de nouvelles technologies, le geste le plus simple est d’économiser et donc d’opter pour un véhicule léger, de petites cylindrée et d’afficher avec fierté ce choix, un geste solidaire. Les individus en tant que consommateurs ont le pouvoir de se tourner vers les constructeurs les plus responsables. Comment faire quand le bon sens n’a plus cours si ce n’est rappeler aux propriétaires leur responsabilité, et de taxer très lourdement les gros véhicules. Une solution, malheureusement difficile à mettre en œuvre, serait peut-être de faire payer l’essence beaucoup plus cher à ceux qui ont décidé de la gaspiller.


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