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Le restaurant La Grande Roue

Publié le 18 septembre 2019 par Do22
Le restaurant La Grande RoueLe restaurant La Grande Roue

Chacun d'eux craignaient sans cesse la présence de leur père. À chaque fois qu'ils entendaient le son des pneus de la voiture au contact du gravier de l'entrée, ils se précipitaient pour aller se cacher sous leurs lits. Il s'arrangeait pour laisser 15 $ par semaine pour l'épicerie. Il buvait le reste. Après son départ, les enfants ne seraient plus battus mais fallait trouver un moyen pour les nourrir et les vêtir. S'il y avait un système d'aide sociale en force dans le sud de l'Indiana à cette époque, je n'en savais absolument rien.

Un jour, j'enfilai la plus belle robe que j'avais moi-même confectionnée, donnai un bain aux enfants et les montai à bord de la vieille Chevrolet 51 toute rouillée pour aller à la quête d'un emploi. Tous ensembles nous fîmes la tournée d'usines, magasins et restaurants de notre petite localité.

Les enfants restèrent calmement dans la voiture pendant que j'essayais de convaincre un employeur que j'étais prête à apprendre et à faire n'importe quoi. Il me fallait un emploi à tout prix.

Une vieille dame nommée Granny, propriétaire de la place, écoutait ma requête tout en jetant de temps en temps un coup d'œil sur les enfants dans l'auto. Elle me répondit qu'elle avait besoin d'une personne pour le quart de nuit, de 11 heures à 7 heures. À 65 sous de l'heure, je pouvais commencer le soir même. Je lui dis de ne plus chercher.

Je retournai rapidement à la maison. J'appelai l'adolescente qui gardait les enfants des gens des environs. Je m'entendis avec elle pour qu'elle passe la nuit chez moi, qu'elle dorme sur le divan à raison d'un dollar par soir. Après une courte discussion, elle accepta.

Ce soir-là moi et mes enfants remerciâmes Dieu de m'avoir aider à trouver du travail.

Après l'arrivée de la gardienne, je partis pour commencer à travailler à LA GRANDE ROUE.

Le matin venu, je retournai à la maison, éveilla la gardienne pour qu'elle retourne chez elle avec un dollar puisé à même mes pourboires, soit la moitié que je recevais chaque soir.

Puis, les pneus usés de la vieille Chevrolet commencèrent à se dégonfler régulièrement. Je devais les souffler en allant au travail et en retournant à la maison.

Un matin d'automne, je fus surprise de trouver 4 pneus neufs sur la banquette arrière. Je me posai la
question : Est-ce que des anges s'étaient installés en Indiana???

Sur ma route de retour je m'entendis avec le garagiste. En échange de l'installation des pneus, je m'engageai à faire un bon ménage de son bureau. Notez que ça m'a pris beaucoup plus de temps à brosser son plancher que la période nécessaire pour la pose des pneus.

Je travaillais maintenant 6 soirs mais c'était toujours insuffisant. Noël approchait et je savais qu'il n'y aura pas d'argent pour acheter des jouets aux enfants.

Je trouvai un vieux gallon de peinture rouge et commençai à réparer et peindre de vieux jouets. Je les cachais au sous-sol afin que le Père Noël puisse livrer quelque chose le matin de Noël.

La veille de Noël, les clients réguliers, soit les camionneurs, LES, FRANK, JIM et un patrouilleur du nom de JOE buvaient du café.

Quelques musiciens, après un contrat à la Légion, jouaient à la machine à boule. JOE et les autres jasèrent jusqu'aux petites heures et partirent avant le levée du soleil.

Lorsque vint le temps pour moi de partir, à 7 heures, le matin de Noël, je fus à nouveau surprise de voir la banquette arrière de ma vieille Chevrolet bourrée de boîte de toutes les dimensions. Je m'empressai d'ouvrir la portière du conducteur, je m'agenouillai sur le siège en faisant face au siège arrière.

J'allongeai la main pour retirer le couvercle de la grosse boîte pour constater qu'elle était remplie de JEANS bleus de grandeur entre 2 et 10. Je pris la boîte tout près pour constater qu'elle était remplie de chemises qui accompagnaient les JEANS.

Je jetai un coup d'œil à l'intérieur des autre boîtes pour constater qu'il y avait des bonbons, cacahouètes, bananes et des sacs d'épiceries. Il y avait un énorme JAMBON avec des légumes et des patates en boîtes. Il y avait du pudding, du Jello, des biscuits, de la farine et des garnitures pour tartes. Il y avait un autre sac plein d'articles pour le LAVAGE et le nettoyage. Et finalement sur l'autre siège, 5 camions et une jolie poupée.

En sillonnant les rues désertes au lever du soleil du plus beau matin de Noël de ma vie, je ne pouvais m'empêcher de sangloter en remerciant DIEU. Je n'oublierai jamais la joie sur les visages de mes enfants ce matin-là.

Oui, je suis certaine qu'il y avait des anges en Indiana ce décembre-là.

Et ils fréquentaient... LA GRANDE ROUE.

Auteur inconnu


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