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Epandages des pesticides et protection des riverains : c'est maintenant que tout se joue !

Publié le 18 septembre 2019 par Bioaddict @bioaddict
5 à 10 mètres : c'est la distance de sécurité imposée par le gouvernement autour des habitations pour protéger les riverains des cultures des pulvérisations de pesticides. Les critiques et pétitions se multiplient contre des distances aussi ridiculement faibles. Une consultation publique est ouverte jusqu'au 1er octobre. Epandages des pesticides et protection des riverains : c'est maintenant que tout se joue ! ¤¤ Epandages des pesticides et protection des riverains : c'est maintenant que tout se joue ! Pesticides : les dangers pour la santé et l'environnement OK
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Pensez-vous que 5 ou 10 mètres de distance entre vous et une rampe de pulvérisation vous mettront à l'abri de la pluie toxique qu'elle diffuse ? C'est pourtant les distances de sécurité prévues par un projet de décret en consultation publique jusqu'au 1er octobre, dont l'entrée en vigueur est prévue début 2020. On appelle distances de sécurité l'espace autour des habitations où les pulvérisations de pesticides sont interdites. Les distances sans traitement ici prévues sont seulement de 5 mètres pour les cultures dites basses comme les céréales et les légumes, et de 10 mètres pour les cultures hautes, comme vignes et arbres fruitiers. De plus, ces distances pourront respectivement être réduites à 3 et 5 mètres dans le cadre des chartes d'engagement départementales qui vont se négocier entre agriculteurs, élus locaux et riverains.

Des distances " insuffisantes " car les pesticides " dérivent " sur des kilomètres

"On sait déjà que les dérives directes et les ré-évaporations de pesticides après les pulvérisations impactent les habitations environnantes largement au-delà des 100 premiers mètres du lieu de pulvérisation. Ainsi, 5 ou 10 mètres de distances ne représentent absolument pas une distance susceptible de réduire de manière significative l'exposition des riverains aux pesticides : c'est moins que la largeur d'un chemin rural et de ses bordures !" explique François Veillerette, Directeur de l'ONG Générations Futures, qui dénonce "une méthodologie de l'évaluation de l'exposition des personnes obsolète et incomplète" pour déterminer cette distance de sécurité.

Le magazine Que Choisir estime que le gouvernement doit " revoir sa copie " car ces distances sont " insuffisantes " à " protéger les riverains de la dérive des pesticides ".

L'association Agir pour l'environnement dénonce également une " provocation ", soulignant que "cette décision apporte une nouvelle preuve de l'influence du lobby agrochimique sur le ministre de l'agriculture". L'association a lancé aussitôt une pétition pour faire interdire les épandages de pesticides à moins de 150 mètres des habitations et non pas 5 à 10 mètres comme le propose le gouvernement. Elle compte déjà plus de 60.000 signataires.

En effet, les pesticides " dérivent ". Les gouttelettes pulvérisées, poussées par le vent, voyagent sur des kilomètres. Ainsi, des pesticides d'origine agricole ont été trouvé dans les maisons proches des champs cultivés, mais également bien au-delà, au coeur des villes, y compris de la capitale, et hors des zones de cultures. Seule une faible part des produits pulvérisés atteint la culture traitée, le reste s'envole ou ruisselle vers les rivières. Une fois déposés, les pesticides ne disparaissent pas. Ils s'évaporent et se déplacent à nouveau de nombreuses fois. Les riverains sont donc exposés directement aux pulvérisations et indirectement aux dérives et aux évaporations. Impossible d'y échapper.

Pourquoi le gouvernement a choisi des distances de sécurité aussi faibles ?

L'impression est que ce projet de décret a jailli entre le marteau et l'enclume. D'un côté la FNSEA, principal syndicat agricole défenseur de l'agrochimie, habitué à co-gérer la politique agricole française, refuse les distances de sécurité. De l'autre, le Conseil d'Etat demande que les riverains des cultures soient mieux pris en compte; il a retoqué début mai un arrêté réglementant l'utilisation des pesticides pour cette raison. Dans la foulée, une fronde des maires s'est levée en France. Daniel Cueff, le maire de Langouet en Bretagne, a lancé l'offensive en adoptant le 18 mai un arrêté pour interdire l'utilisation des pesticides dans sa commune à moins de 150 m des habitations et locaux professionnels. La préfète a attaqué l'arrêté invoquant l'incompétence du maire sur ce point et le tribunal lui a donné raison. Mais cette décision a fait se dresser plusieurs dizaines de maires qui ont signé à leur tour des arrêtés anti-pesticides. Objectif : alerter sur l'impossibilité pour eux de protéger leurs administrés alors que cette protection fait partie de leurs missions. Bref : le sujet des pesticides et des distances de sécurité fait débat dans les villages et les médias. Le gouvernement était contraint d'agir. Il l'a fait à minima.

" La FNSEA (Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles) a une nouvelle fois gagné la partie, n'hésitant pas à annoncer une multitude de " zones de gravats et de déchets de chantier " dans les espaces sans traitement. Il est assez pathétique de constater qu'en 2019, le principal syndicat représentatif des agriculteurs n'imagine toujours pas de zones cultivées sans pesticides ! ", explique le journal Que Choisir.

Anne-Françoise Roger

Comment participer à la consultation publique ?

Le gouvernement vient de mettre en ligne les textes nationaux (décret et arrêté) censés encadrer les futures chartes d'engagements (dite chartes de bon voisinage) qui doivent être prises au niveau départemental. Vous avez jusqu'au 1er octobre pour déposer vos commentaires et propositions ici : www.consultations-publiques.developpement-durable.gouv.fr/consultation-publique-sur-un-projet-de-decret-et-a2032.html

Générations Futures propose plusieurs modifications dans les mesures du décret comme : l'interdiction des pesticides de synthèse à moins de 100 mètres pour les cultures basses et de 150 mètres pour les cultures hautes; des précisions concernant les techniques et moyens de réduction de l'exposition à la dérive de pulvérisation des pesticides; des délais d'information préalables des personnes, et des dates ou horaires de traitements adaptés; la présence obligatoire d'une association environnementale agréée, d'une association de santé environnementale reconnue d'utilité publique, des Maires et des riverains des zones traitées pour élaborer les chartes de bon voisinage pour que que ces chartes ne soient pas élaborées par les seuls utilisateurs des pesticides comme cela est envisagé dans le texte actuel. Retrouvez l'ensemble des mesures proposées par Générations Futures sur le site www.generations-futures.fr/actualites/chartes-pesticides-participez-a-la-consultation-publique.


Anne-Françoise Roger


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