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671_ Lectures de DJAMEL ZENATI

Publié le 22 septembre 2019 par Ahmed Hanifi

Dans un article intitulé « Algérie : éclosion ou implosion ? » (El Watan 2 mai 2019), Djamel Zenati, mettait en garde sur les tergiversations du Pouvoir. Que le commandement militaire choisisse l’une ou l’autre de ces options – l’éclosion ou l’implosion – et c’est la voie ouverte vers une deuxième république fondée sur un État de droit ou la précipitation dans le chaos. Il est nécessaire désormais « de se projeter », écrivait-il car le mouvement populaire a face à lui une « contre-révolution, invisible et silencieuse composée de dignitaires du système et leurs différentes clientèles, les minimalistes, les opportunistes… et les aventuriers de tous bords. » Djamel Zenati nous alertait (et alerte) sur le risque de se satisfaire de notre volonté de se débarrasser du système autoritaire sans proposer simultanément d’alternative. Dans un appel commun avec l’éminent « sociologue engagé » Lahouari Addi lancé le 26 février 2019 (publié le jour même par TSA et le lendemain par

671_ Lectures de DJAMEL ZENATI

Lahouari ADDI et Djamel ZENATI

El Watan) il soulignait : « Le système autoritaire est un objet monstrueux fortement enraciné et innervant l’ensemble des institutions et structures du pays. Sa déconstruction nécessite de la volonté, de l’effort, de la pédagogie et de la patience. La seule issue salutaire pour le pays est une transition démocratique orientée vers la construction d’un État de droit. Elle doit être la plus courte possible, loin de tout esprit de règlement de comptes et se conclure par l’organisation d’élections générales. Avec un bilan des plus désastreux et une révolte populaire grandissante, le régime n’a plus de marge de manœuvre. Le pays se trouve à la croisée des chemins. » Dans un autre article, plus récent, (près de 19.000 caractères) publié par le même quotidien (19 septembre 2019) l’auteur, Militant opiniâtre de la démocratie, revient sur ces questions qu’il dissèque et propose un « Pacte de souveraineté » entre les Algériens (« des représentants de la société ») et le Commandement militaire.
Voici résumées les grandes lignes de cet article.
Nous sommes, écrit Djamel Zenati, dans un « mouvement d’opportunité fondatrice » introduit grâce à la mobilisation totale qui « gagne en détermination et en maturité » et qui a réussi en quelques mois à mettre au centre la question de la souveraineté nationale.
« Le mouvement populaire a fortement ébranlé le système autoritaire dans ses fondements et lui a fait perdre toute source de légitimité. » Zenati utilise plusieurs fois les termes de « mouvement citoyen » ou « mouvement populaire ». Deux fois le terme de « insurrection » que je ne partage pas car l’histoire le lie souvent à la violence ce qui n’est absolument pas le cas en Algérie. Une transition vers une deuxième (une seconde) République, est désormais à notre portée. Djamel Zenati identifie au préalable les blocages qui remontent à très loin, même s’il ne l’explicite pas il met en avant l’État coercitif en Algérie dont nous pouvons tous dater la naissance et il en rappelle ses réalités et ses limites.
L’élection présidentielle envisagée (décembre 2019) et rejetée par les Algériens, est une mauvaise solution à la crise actuelle. Alors que les Algériens aspirent à une souveraineté nationale, à prendre leur destin en main, cette proposition est une réponse « d’une minorité pour une minorité ». Sa tenue plongerait le pays dans le chaos.
Pour lever cet obstacle à la souveraineté nationale, Djamel Zenati écrit que « la seule issue possible est l’amorce d’un processus constituant » et met en garde contre l’égocentrisme dans cette Algérie plurielle. « L’heure n’est pas à la compétition politique ». Mais au préalable « il faut rompre avec la dichotomie formel/réel qui est un héritage du mouvement national » et qui caractérise le pouvoir, la norme, l’État.
On ne peut engager un pacte de souveraineté nationale sans se poser les questions de l’appartenance de celle-ci, de son exercice et de sa finalité. Djamel Zenati y répond : « la souveraineté nationale appartient au peuple. Ce principe fondamental est incompatible avec l’existence d’une tutelle quelle qu’elle soit. » Comme il est incompatible avec « tout instituant méta-social ou autre principe au-dessus de la volonté humaine. »
À la suite de ces entendus, et pour les satisfaire, l’auteur énumère un certain nombre d’exigences : retrait de l’armée du champ politique, démantèlement de tous les services de contrôle des populations et des institutions, la fin de la violence, le respect des libertés fondamentales et l’égalité en droits et devoirs entre les hommes et les femmes…
Il est impératif écrit-il « de définir une nouvelle rationalité institutionnelle ». Il y a lieu de créer des entités régionales plus à même de mieux servir le citoyen. La démocratie algérienne, qui rompra avec l’économie rentière, « sera sociale ou ne sera pas. » La question de l’environnement n’est pas en reste et Djamel Zenati rappelle ce qu’a toujours été l’Algérie « une terre de résistance aux dominations et oppressions de toutes sortes… attachée aux valeurs de liberté, d’égalité, de justice sociale et aux pluralismes »…
En conclusion l’auteur  interroge « le sens du Pacte de souveraineté » : c’est « la traduction concrète d’un compromis historique », il contient tous les éléments pour fonder une nouvelle Loi fondamentale, « il constitue une base de négociation avec le commandement militaire. »
L’avancement du « processus constituant se fera par accords successifs entre des représentants de la société et des représentants du Commandement militaire ».  Enfin note-t-il « notre espoir est de voir le Commandement militaire accompagner cette marche historique… La détermination du peuple algérien est forte et inébranlable. Que le Pouvoir s’engage dans la manière forte et c’est l’Algérie qui plonge dans l’irréparable. De nouveau.
Il est urgent que l’armée entame enfin de véritables et sincères négociations avec les Algériens (leurs représentants) pour sortir de cette crise qui risque de s’aggraver avec la perspective de la cessation de paiement dans un proche avenir.
Lire ici les articles cités :
EL WATAN,   19 SEPTEMBRE 2019 À 9 H 00
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