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Ginette Kolinka (avec Marion Ruggieri), Retour à Birkenau, Paris, Grasset, 100 p.
L'ouvrage est modeste mais fier et ferme. L'auteur se souvient de son expérience de Birkenau, Bergen-Belsen, Raguhn et Theresienstadt, camps de déportation et de concentration, et d'extermination, célèbres. Elle est alors une jeune fille. Elle raconte ce qu'elle a vécu, perçu : les coups, la faim, le froid. La haine aussi, et quelques solidarités. A sa sortie, elle pèse vingt kilos.
Comment survivre à une telle expérience ?
Elle y retourne, bien des années après. Elle n'aime pas ce qu'elle voit d'Auschwitz, musée trop bien organisé. Elle n'aime pas non plus Birkenau ("maintenant, c'est un décor") ; elle n'y voit plus qu'un "faux lieu". Elle, elle imagine encore l'odeur, la saleté... alors que le Birkenau qu'elle retrouve est "bien propre" : "je ne ressens rien", dit Ginette Kolinka.
Evoquer son expérience pour des lycéens ? "Je ne vais pas dans les musées, peu au cinéma, encore moins au théâtre... Je n'ai pas de conversation..." Alors, non. Mais, finalement, elle y va et fait le travail.
Le livre dit les camps d'abord, sa vie dans les camps, et s'achève avec le retour dans sa famille, son mariage et, sur le tard, l'accompagnement de voyages de lycéens qui visitent les camps avec leur classe. C'est bref, bien écrit, clair et simple. Sans fioritures, direct. Pas de bavardages.
Edifiant.
Mais les camps que l'on visite aujourd'hui ne sont plus ce qu'ils ont été ; et c'est tant mieux ! Comment leur faire dire leur histoire, notre histoire ? Les modalités du tourisme ordinaire sont vaines, au mieux. Il faut d'autres outils pour que l'horreur parle et fasse peur, et, peut-être, nous guérisse..