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Entretien d'embauche: du sport aussi maispasque

Publié le 05 octobre 2019 par Alexcessif

...Bref ! Phone/RV/entretien d’embauche…  Entretien d'embauche: du sport aussi maispasque
Mon interlocuteur arrive stratégiquement en retard à notre rendez-vous marquant ainsi son autorité. Grand, sportif, élégant sans être guindé, il a la démarche des hommes qui n’ont peur de rien. Un fauve. Le gars que personne n’a jamais abusé en affaire et que nulle femme ni ami n’ont trahi. Sa déambulation et sa mise témoignait d’une présence féminine prenant soin de lui. Les hormones à jour et une chemise repassée, il sentait encore le croissant chaud. J’ignorais le degré de soumission féminine dont bénéficiait ce mâle dominant et le nombre de ses courtisans.  Pour ma part j’avais payé le prix de la liberté en monnaie de solitude pour ne devoir à nulle dépendance domestique ma mine enthousiaste et mon prépuce irréprochable.
Je fis un pas dans le local poussiéreux contenant des bureaux inoccupés et des emballages Mac Do vides dans des poubelles pleines. Le linoléum bon marché mal tendu avait des rides comme un linoléum bon marché mal tendu. Placardé au mur l’inévitable calendrier Pirelli, que l’on trouve dans la plupart des vestiaires, ateliers, cabines de bahuts, casernes et autres lieux des professionnels de la misère sexuelle, me distrayait traîtreusement. Je négligeai la vue panoramique sur la nudité optimiste de Miss Avril - ne te découvres pas d’un fil- en attendant poliment l’invitation à m’asseoir.
Il était au minimum syndical dans la phase sourire de celui qui décide vite et peut-être bien et me fit un briefing rapide du fonctionnement de sa boite juste après la lecture en diagonale d’un CV qui n’avait rien à voir avec le poste demandé.
Je parle pour embrouiller son calcul mental qui va de ma date de naissance à celle d'aujourd’hui.
Pas la peine de lui brouiller l’écoute, le gars qui transforme la sueur en or, sait compter. Il arrive au chiffre fatidique de cet âge qui contredit mon allure. Une micro expression passe furtivement sur son visage impassible des joueurs de poker qui veut dire "Si ta voix au téléphone et ta face de gigolo Lidl m’avaient annoncé tes 65 ans je ne t’aurais même pas reçu !"
Bon, je ne fais pas mon âge, cela ne fait pas de moi un usurpateur !
Pendant que le temps [suspend] son vol et que notre dialogue amorce sa descente finale, je rajoute pour meubler cette minute de silence sans doute décisive que je fus coursier à 18 ans et que j’ai encore faim de goudron tandis qu’il sortait le train d’atterrissage de sa décision. L’évocation des conditions de salaires disparut dans la fumée virtuelle des pneus en contact rugueux avec le tarmac et la fin de mon évaluation. Si les citrons étaient rémunérés une fois pressés, je connaissais le prix de ma future sueur. La seule inconnue existant dans cette équation résidait dans la variable du degré de soumission nécessaire à son divertissement. A force de marcher sur des limaces le négrier se prenait pour un bienfaiteur.
Il reprit contact avec la planète "entretien d’embauche".
Je l’ai dit plus haut : l’homme n’a pas froid aux yeux. Il me confirme dixit que "…si j’en veux, je vais en avoir…" et moi je suis tombé sur l’entrepreneur qui donne sa chance aux jeunes de 25 à 65 ans.
Ça commence demain matin à quatre heures!
A suivre …
"Champion chéri" Phalène de Lamparo - Chartres - le 5 d'Octobre 2019


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