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Pourquoi Macron est pénible - 647ème semaine politique

Publié le 06 octobre 2019 par Juan

  Pourquoi Macron est pénible - 647ème semaine politique

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Le régime macroniste est une autocratie illibérale qui a besoin de temps à autre de ces pièces de théâtre jouées en "public" pour donner l'illusion d'une démocratie active et paisible.

Voici le Grand débat sur les retraites, tandis que l'accident écologique de l'usine Lubrizol près de Rouen a ravagé les exploitations agricoles environnantes. En coulisses pourtant, les arrestations, les jugements, la pression sur la moindre opposition; les non-dits sur la catastrophe de Lubrizol et un attentat islamiste au coeur de l'appareil de renseignement qui en dit long sur l'incompétence crasse du ministre Castaner.


Pourquoi Macron est pénible - 647ème semaine politique

Filtrages à Rodez (c) La Dépêche


Le Jupitershow reprend. Accrochez-vous.
Le jeune monarque aime les grands shows. Mardi, il en faisait des tonnes pour l'hommage à Jacques Chirac, un gars aussi sympathique que détestable politique. Après Simone Veil, Johnny Halliday puis Jean d'Ormesson, c'est le quatrième enterrement "people"  que Macron fait en grandes pompes.
Trop heureux du succès de son Grand Débat anti-Gilets Jaunes qui avait réussi à divertir l'attention médiatique et occuper les ondes de propagande macroniste pendant deux mois avant le scrutin européen, voici qu'il remet le couvert.
Macron a inauguré son "grand débat sur les retraites" à Rodez, "devant 500 citoyens réunis par le Groupe Dépêche". Les rues de la bourgade ont été vidées de leurs habitants. Les rues sont filtrées, les invités aussi. Une manif voisine, tenue à l'écart, ne rassemble pas grand monde. Depuis un an, combien de manifestants anti-Macron ont été arrêtés ? Le compteur des 6 premiers mois faisait état de près de 9000 personnes (à fin février). Et 2400 ont été placés en détention préventive à cause des différentes manifestations des Gilets Jaunes; ça calme les ardeurs, non ?
C'est le journal du coin qui gère l'opération.
Qu'un média local serve d'auxiliaire de propagande officielle ne choque plus.
Se mettre ainsi scène est une formule assurément gagnante: les questions sont posées par salve de 5 d'affilée, avant une réponse groupée du président. Cela empêche le droit de suite, si le président répond à côté, ou par une pirouette. Les questions sont minutées, mais le temps de parole présidentiel est sans limite. Macron ne lâche quasiment pas le micro, les questions sont finalement peu nombreuses.
Les contradictions orales au monologue présidentiel sont rares tellement les filtres à l'entrée de l'assistance venue écouter le monarque sont importantes (le simple port d'un Gilet Jaune vous vaut arrestation par la police). Elles sont si rares, qu'il suffit d'une égratignure verbale, d'un contre-argument qui chatouille pour que les médias l'isolent de son contexte (une longue péroraison présidentielle sur une réforme complexe et inégalitaire), et le monte en épingle pour mieux célébrer la répartie de Jupiter.
Qu'apprend-on de ce premier spectacle d'une longue séquence ? Pas grand chose. Macron ne sait visiblement pas combien coûte un hébergement en EPAHD, la salle grogne si fort quand il ment qu'il s'en tire d'une pirouette - "A 1500, 1700 euros/mois, vous avez un Ehpad... Euh ... Il faut qu'on repense notre système de dépendance. C'est un autre chantier."
Macron ment encore, sans qu'aucune question contradictoire ne lui soit posée ensuite sur le sujet, à propos des carrières de fonctionnaires (enseignants, infirmiers, policiers, etc): il explique qu'il faudra améliorer financièrement la progression des carrières si l'on dégrade en bout de course leur retraite. Or les rémunérations de la fonction publique sont ... gelées par son propre gouvernement... Qui ment ?
Macron est pénible dans ses oublis.
Quand un jeune homme lui demande s'il ne devrait pas mieux cesser de faire des hashtags sur l'écologie et agir vraiment pour l'avenir de la planète, Macron se défend en expliquant qu'il va fermer ... 5 centrales à charbon. Rien sur ces accords de libre-échange qui favorisent la destruction de l'environnement ou le report à la Saint Glin-Glin de tous les objectifs de transition écologique. Il ose même transformer la trahison de l'une de ses promesses en une victoire écologique - "Si la France n'était pas là, on serait reparti sur 15 ans pour le glyphosate" explique-t-il ainsi, au lieu de rappeler qu'il avait promis de l'interdire, et qu'il a préféré décaler de 3 ans une éventuelle prise de décision sur ce pesticide controversé.
Macron est pénible dans ses mensonges.
Macron rappelle que la retraite minimale pour celles et ceux qui auront suffisamment cotisé va être portée de 970 euros à 1000 euros, quelle générosité... Rien sur l'âge pivot, puisque c'est l'objet du débat. Macron est-il hypocrite ? Oui, car il ne cesse de répéter que les gens devront cotiser davantage. C'est une façon d'enfermer le débat. Compte tenu du vieillissement de la population, le coût des retraites, à régimes inchangés, devrait atteindre 15% du PIB d’ici une trentaine d’années (contre 13.8% actuellement). Pour financer, on aurait pu appeler à contribuer les revenus du capital et le capital lui-même, Macron a choisi l’exact chemin inverse, en multipliant les exonérations et réductions de contribution sociale pour le patrimoine et les revenus des plus riches. Mais le monarque aime prêcher la fin des impôts en France et même ailleurs dans le monde, comme la semaine dernière à l'ONU. Sur les retraites, il préfère reculer l'âge de départ à la retraite - via l'augmentation de la durée de cotisations - et dégrader les régimes salariés plus favorables.
On l'écoute encore dans cet habituel exercice de mépris hors-sol quand il parle de pénibilité. "Moi j'adore pas le mot de pénibilité, parce que ça donne le sentiment que le travail serait pénible". Oui le travail peut être pénible. Pourquoi tant de hiérarques, tant de patrons, tant d'éditocrates, tant de cadres supérieurs et ex-banquiers passent leur temps à contester la pénibilité de travail des classes populaires ? Il y a 7 ans d'écart d'espérance de vie entre un ouvrier et un cadre sup. Combien de fois faut-il rappeler cette évidence ? Macron fait mine de le reconnaitre ("Il y a des risques au travail qui ne sont pas les mêmes, quand on travaille de nuit, ce n'est pas pareil, quand on est exposé à des risques chimiques, quand on est exposé à des activités qui provoquent des troubles musculo-squelettiques, il est normal qu'on ait des 'bonus', qu'on prenne sa retraite plus tôt.") puis lâche un bel aveu : cette prise en compte de la pénibilité sera faite "au cas par cas, et non plus par statut". Or c'est justement la définition de conditions objectives par métier ou statuts, et non une hypothétique évaluation purement individuelle sujette à contestation, qui permet une prise en compte des carrières pénibles.
Macron est pénible par sa distance avec la réalité des gens.
Pourquoi Macron est pénible - 647ème semaine politique

Non-dits et incompétences
En coulisses, la réalité est loin des agitations souriantes et filmées du jeune monarque. Le 21 septembre dernier, une directrice d'école à Pantin et un professeur de SVT à Valbonne se sont suicidés dans leur établissement scolaire respectif. A Rouen, le scandale écologique de Lubrizol dévoile ses secrets jour après jour.
Un préfet relaye des explications lénifiantes sur l'absence de danger avéré après la dispersion d'un nuage de suie chimique d'une vingtaine de kilomètres au-dessus de la ville après l'incendie de 5000 tonnes de substances chimiques. "L'explosion de l'usine Lubrizol inquiète. Les gens constatent des pluies noires." relaye Jean-Luc Mélenchon. "Certains disent que la fumée brûle la gorge. Pouvoirs publics et médias sont quasi muets. Un site Seveso ne peut être inoffensif". Une dizaine de communes sont confinées - la rive droite de Rouen, Bois-Guillaume, Mont-Saint-Aignan, Isneauville, Quincampoix, Saint-Georges-sur-Fontaine, Saint-André-du-Cailly, La Rue Saint Pierre, Cailly, Saint-Germain Sous Cailly, Canteleu, Bihorel et Bosc-Guérard-Saint-Adrien.
Mais "tout va bien madame la marquise"

Il faut attendre 5 jours pour que sous la pression médiatique et politique, la Préfecture publie enfin la liste des produits chimiques qui ont brûlé. Samedi 4 octobre, 10 jours plus tard, on apprend que c'est peut être le double de quantité qui est partie en fumée. Mediapart révèle aussi que "l’usine de lubrifiants, classée Seveso seuil haut et donc soumise à un système de contrôle fort, stockait des matières premières et des produits finis dans un entrepôt de logistique, qui pourrait avoir échappé à la réglementation des installations classées, et par là même aux contraintes de transparence et de surveillance qui lui sont liées."

Le champs avoisinants sont couverts de suie. Mais le préfet ne démissionne pas. La Macronie est indulgente avec les siens. On entend Sibeth NDiaye, la porte-parole officielle, expliquer qu'une odeur nauséabondes n'est pas nécessairement toxique. La Macronie est pénible dans ses explications qui n'en sont pas, et dans son inaction écologique. 
La Macronie préfère les spectacles bien huilées à ces irruptions désagréables et contradictoires de la réalité qui troublent l'agenda officiel. Ainsi, la Convention pour le climat, l'un des derniers gadgets macronistes pour habiller l'inaction d'un semblant d'activité en la matière, est enfin constituée: 150 citoyens tirés au sort étaient conviés ce 4 octobre à discuter des mesures à prendre pour la sauver la planète. Les castors avaient cru élire un président volontaire, doté d'un programme ambitieux, avec une majorité politique solide pour agir enfin et "réformer". Mais "Macron l'écolo" préfère botter en touche vers cette commission gadget.
Parmi les membres du comité de pilotage, une lobbyiste d'une entreprise d'extraction minière...
Sans blague.
"Rien n’est interdit" assure le premier ministre Edouard Philippe en ouverture de la Convention. 

Sans blague.


Personne n'est dupe.

Plus grave encore, à la Préfecture de Paris, un agent, habilité secret défense depuis 2003, radicalisé islamiste tue quatre de ses collègues. Le préfet ne démissionne pas. Le ministre non plus. "La question de ma démission ne se pose pas" explique-t-il sur TF1 comme une auto-absolution. Bien au contraire. Castaner avoue benoitement l'incompétence crasse de ses services - "Cet homme n’a jamais présenté le moindre signe d’alerte ni de difficultés comportementales." Sur les ondes de TF1, le ministre charge les lampistes - "ses collègues savaient qu’il s’était radicalisé mais n’ont pas fait remonter l’information à la hiérarchie."

Castaner est incapable mais loyal. Il ne sera pas démissionné.
C'est le propre des autocrates de préférer la fidélité à la compétence de leurs collaborateurs.
Ami castor, où es-tu ?


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