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"Crache le caillot rancœur
Qui égorge ta voix
Voix des tessons
Toutes les voix de la nature
Tatouées fêlures.
Hululement de chat-huant
Entre chien et loup
Quel hurlement a mordu les ombres ?
Combien de cris encore
Surgis du chaudron des puits ?
Laisse monter ta voix des limons
Opéra des bas fonds.
Ô que jaillisse
Ton cri démuselé,
Débâillonné.
Ton cri porté plus haut
Langue des éboulis
Écho entre deux pierres
Silex où le feu s’allume
Chant pétri de beauté
Blues de tous les naufrages
Cette voix levée d’entre les vagues
Une déferlante"
Michelle Grenier
"J’étais assis devant la mer sur le galet.
Sous un ciel clair, les flots d’un azur violet,
Après s’être gonflés en accourant du large,
Comme un homme accablé d’un fardeau s’en décharge,
Se brisaient devant moi, rythmés et successifs.
J’observais ces paquets de mer lourds et massifs
Qui marquaient d’un hourra leurs chutes régulières
Et puis se retiraient en râlant sur les pierres.
Et ce bruit m’enivrait; et, pour écouter mieux,
Je me voilai la face et je fermai les yeux.
Alors, en entendant les lames sur la grève
Bouillonner et courir, et toujours, et sans trêve
S’écrouler en faisant ce fracas cadencé,
Moi, l’humble observateur du rythme, j’ai pensé
Qu’il doit être en effet une chose sacrée,
Puisque Celui qui sait, qui commande et qui crée,
N’a tiré du néant ces moyens musicaux,
Ces falaises aux rocs creusés pour les échos,
Ces sonores cailloux, ces stridents coquillages
Incessamment heurtés et roulés sur les plages
Par la vague, pendant tant de milliers d’hivers,
Que pour que l’Océan nous récitât des vers."
François Coppée, Le Cahier Rouge
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Effet deux en une :