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La croissance sera faible dans la zone euro et les difficultés nombreuses...

Publié le 22 octobre 2019 par Raphael57
La croissance sera faible dans la zone euro et les difficultés nombreuses...

À force de se rengorger dès que le taux de croissance dépasse 1 %, les chefs d'État des pays de la zone euro en oublient que de nombreux vents contraires soufflent sur l'activité en Europe. La croissance potentielle sera par conséquent très faible, d'où des difficultés en cascade pour les finances publiques, les systèmes de retraite, le pouvoir d'achat, etc., d'autant plus que le modèle économique de la zone euro est entièrement dépendant d'une croissance forte.

Croissance et croissance potentielle

Dans L’économie du XXe siècle (1961), l’économiste français François Perroux a proposé la définition suivante de la croissance : "augmentation soutenue pendant une ou plusieurs périodes longues, chacune de ces périodes comprenant plusieurs cycles quasi décennaux, d’un indicateur de dimension, pour une nation, le produit global net en termes réels". L'indicateur retenu est en général le PIB en volume.

La croissance potentielle, quant à elle, peut être définie comme celle réalisant le niveau maximal de production sans accélération de l'inflation, compte tenu des capacités de production et de la main-d’œuvre disponibles. Pour l'estimer, on peut utiliser l'une des deux méthodes suivantes :

 * méthode basée sur la productivité globale des facteurs 

On part d'une fonction de production Cobb-Douglas du type :

Cobb-Douglas.jpg

où Y désigne le PIB, A la productivité globale des facteurs, K le stock de capital, N l’emploi et a la part du coût du travail dans le PIB. Il s'agit donc d'étudier la tendance passée de la productivité globale des facteurs, la croissance future anticipée du stock de capital net et la croissance future de la population active, pour en déduire grâce à cette formule la croissance potentielle de la France.

 * méthode basée sur la productivité du travail

On part de l'identité suivante : Y = P.N où Y désigne le PIB, P la productivité par tête et N  l'emploi.

Dès lors, à partir de la tendance de la productivité par tête et de la croissance future de la population active, on en déduit la croissance potentielle de la France.

En tout état de cause, de nombreuses variables influent sur la croissance potentielle. On peut citer principalement : les gains de productivité, l'innovation, les prix de l'énergie et des matières premières, l'investissement, le niveau de formation de la population active, la productivité globale des facteurs de production (rapport entre le volume de la production et l'ensemble des facteurs de production utilisés, qui reflète donc le progrès technique et l'expérience des salariés), la démographie.

Estimation de la croissance potentielle de la zone euro

Sur la base de la deuxième méthode, la croissance potentielle s'analyse donc en termes de gains de productivité et d'évolution de la population active. Or,

 * les gains de productivité dans la zone euro sont faibles ;

La croissance sera faible dans la zone euro et les difficultés nombreuses...

[ Source : Natixis ]

 * la population active est peu dynamique en raison du vieillissement démographique, bien que le taux de participation augmente.

La croissance sera faible dans la zone euro et les difficultés nombreuses...

[ Source : Natixis ]

Au total, la croissance potentielle de la zone euro s'affaiblit :

La croissance sera faible dans la zone euro et les difficultés nombreuses...

[ Source : Natixis ]

En tout état de cause, la faiblesse des compétences de la population active ainsi que son vieillissement, la désindustrialisation, l'insuffisance d'investissement dans les technologies pèsent lourdement sur la croissance potentielle de la zone euro.

Les conséquences d'une croissance potentielle faible

Parmi les principales conséquences d'une croissance potentielle faible dans la zone euro, on peut citer :

 * un faible surplus à partager entre les agents économiques (en particulier les salaires augmenteront peu et les retraites seront sous contraintes fortes), ce qui augmentera les conflits sociaux ;

 * des difficultés budgétaires pour les États, dans la mesure où leurs revenus sont assis sur la croissance ;

 * un poids croissant du taux d'endettement public ;

 * une baisse de l'investissement malgré des taux d'intérêt très bas, qui conduit à un nouveau ralentissement des gains de productivité et partant de la croissance potentielle.

Dans un monde qui a construit sa relative prospérité sur la seule croissance, la baisse de celle-ci ne peut que conduire à des problèmes économiques et sociaux graves. Au lieu de chercher à sauver un système économique qui prend l'eau de toutes parts, il eût été judicieux d'imaginer "un autre monde pour nos enfants", expression que l'on entendu ad nauseam chez quasiment les dirigeants politiques en mal de sensationnalisme. Hélas, les intérêts personnels sont encore très puissants et les bonnes volontés semblent s'abîmer dans les sables souvent bitumineux, d'autant que les aspects environnementaux ne servent en fin de compte que d'argument électoral. Pourtant, selon Jeremy Rifkin l'effondrement de la civilisation basée sur l'exploitation fossile aurait lieu avant 2028... Pablo Servigne formule une conclusion sans appel : dans les conditions actuelles, il est impossible de croire que tout peut continuer comme avant. Sapienti sat !

P.S. : l'image de ce billet provient de cet article du site https://bridgingandcommercial.co.uk


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