Titre : Les Souvivants
Auteur : Davy Mourier (scénario), Édouard Cour (dessin),
Éditeur : Delcourt
Collection : Une case en moins
Année : 2019
Page : 80
Résumé d'une buddy-BD :
Michel Martinez fait le plein, mais rien ne se passe comme prévu. Gaffes, maladresse, et surtout, rencontre avec un zombie ! Michel y perd sa voiture et son pantalon Giorgio Raphaeli. Il trouve refuge dans une maison perdue dans les bois et tombe sur Jean-Philippe Le Foc et son petit chien, Sucette. Les deux hommes s'enferment car les zombies rôdent toujours...
Scénario d'un huis-clos rigolo :
Le récit met en scène un monde qui voit sa population ravagée par une apparition de Zombies. Schéma classique. Deux survivants entrent en scène, deux personnages que tout oppose. Structure habituelle du buddy-movie, version BD. La pointe d'humour est attendu. Et bien malgré tous ces points déjà-vus, Davy Mourier et Édouard Cour parviennent à nous entraîner dans un huis-clos totalement farfelu et rigolo.
Et le quatrième de couverture soulève la bonne question, à savoir non pas "Pourquoi les zombies ont envahi la planète ?" mais "Est-ce que ça vaut le coup de survivre avec un con ?"
Car la rencontre sismique entre Michel et Jean-Philippe va faire des étincelles. Le moment où on réalise que la seule chance de survie de ces deux-là tient au fait que les zombies sont peut-être plus bêtes qu'eux. Et s'ensuit la fatidique question. "Qui est le con de qui ?"
Les auteurs prennent plaisir à jouer des clichés des films de survivants et à les détourner pour nous faire rire. Les deux personnages, avec tous leurs défauts qui les rendent si humains et si différents l'un de l'autre sont attachants, et parfois insupportables. Au bout de quelques pages, vous n'aurez aucune envie de les voir se faire dévoré par les zombies. Et quand vous verrez les plans farfelus qu'ils vont mettre en place pour s'en sortir, là, vous vous ferez du mouron pour eux !
Une histoire à l'humour noir et ravageur avec deux anti-héros qui vont devoir apprendre à se supporter l'un l'autre. Et ça va pas être facile...
Gris, précis, détaillé, le dessin de Édouard Cour. Les grands espaces avant le huis-clos...
Le dessin tout en noir, blanc et gris:
Édouard Cour se fend de deux personnages caricaturaux dans un univers réaliste. Ce contraste ajoute encore au rire. La BD en noir et blanc se rehausse d'un gris qui rappelle le monde terne dans lequel vivent nos deux anti-héros. Etait-il terne avant les zombies ou sont-ce ces derniers qui affadissent les choses ?
Un monde terne donc où se promènent des zombies affamés mais un peu paumés aussi. La seule source d'humanité, dans tout ce qu'elle peut avoir de raté et de stupide, mais aussi de touchante, se révèle dans le duo de choc de Michel et Jean-Philippe. Laissons Sucette, digne représentant du monde animal, de côté.
La composition passe parfois par un gaufrier classique de trois fois trois cases, mais elle n'hésite pas à éclater pour tirer vers le manga avec des cases désordonnées, désaxées. Ou alors, elle intègre avec force des dessins pleine page.
La mise en scène joue sur la répétition, un personnage dans une situation où il garde à peu près la même pose sur plusieurs cases avant la chute d'un gag.
Le graphisme sert le récit, qui lui-même nous sert une soupe noire et drôle pour nous dérider les zygomatiques.
Conclusion sur les mésaventures de deux souvivants:
Une nouvelle réussite que cette BD, rencontre inattendue entre Davy Mourier et Édouard Cour, les auteurs respectifs de la Petite Mort et de O Sensei ! Rencontre certes inattendue mais qui fait des étincelles pour le meilleur et pour le rire !
Zéda et les souvivants.