"Une dernière fois, encore" d'Anne-Claude Brumont, ou quand l'alcool ne te tue pas, te rend plus fort. Un roman poignant, vibrant, vivant

"Une dernière fois, encore" Anne-Claude Brumont*
Ed° the Menthol House – Collection « Les Orties** »

Sortie le 1er novembre 2019.

“Tu noies tes chagrins dans l’alcool ? Méfie-toi, ils savent nager.” Yves Mirande

Marie boit. Comme un trou. Un trou béant. Noir. Sale. Sali.
Marie est une femme, dans son genre. Mauvais genre ? Surtout pas ! rester dans la norme. Ne pas se faire voir. Trop tard. Marie est grande, longue et remarquable. Alors Marie se contraint, contorsionne, se plie en quatre pour une bonne personne. Une femme qui aime un homme. Ce serait tellement bien. Mais ça dissone.
Marie aime les garçons, oui, mais pas de la bonne façon. Elle aime leur liberté, leur dégaine, leur intrépidité et cette masculinité qui leur donne toute légitimité.
Mais Marie, ce sont les filles qu'elle préfère ! Et celle qu'elle aime, s'appelle Gabrielle. C'est le nom d'un ange. Et oui, elle aime, elle l'adore, c'est fou comme elle aime pourtant ce n'est pas assez fort.
Tout ça ne suffit pas.
Rien ne suffit.
Rien n'y suffira.
Rien ne la sauvera.
Alors Marie sombre. Et c'est de l'alcool qu'il faudra. Beaucoup d'alcool. Encore plus que ça. L'alcool, fidèle meilleure ennemie pour espérer en sortir.
Sortir de quoi ? Du trou.

Alors, Marie boit. Comme un trou. Un trou béant. Noir. Sale. Sali.
L'enfer du boire est un puits sans fond. Et la chute est longue, très longue, trop longue. Élan de vie contre pulsion de mort. Qui gagnera. Puisque la mort n'en veut pas, Marie se raccroche à une branche. Une branche d'Olivier. Un arbre de vie et de paix. Ce sera le bras d'Olivia. Et alors, enfin, la lumière de l'aube, sans brouillard ni "Brisard", réapparaîtra.
"Une dernière fois, encore" d'Anne-Claude Brumont est un récit organique, vivant, palpitant, où le flux du sang imbibé, se cogne contre les mots, en état d'ébriété. Et les maux résonnent jusqu'à se faire paroles. Dire et redire encore ce que le corps a subi et qui se dégueule jusqu'à la lie, à chaque cuite.
Anne-Claude Brumont n'hésite pas. Elle raconte. Tout. Elle décrit la réalité de l'alcoolisme. L'alcool c'est moche, ça pue, ça déglingue tout et ça rend fou. Il n'y a pas d'alcool heureux. Comme il n'y a pas d'alcool hasardeux. On ne tombe pas dans l'alcool, on nous y pousse.

L'alcool est une tragédie. L'alcool est une maladie. Heureusement sous la plume affranchie d'Anne-Claude Brumont, le vainqueur sera la puissance de vie.
"Une dernière fois, encore" d'Anne-Claude Brumont, un roman poignant, vibrant, vivant. 
Téri Trisolini
*L'auteure : Anne-Claude Brumont
Passionnée d’écriture et de photographie, Anne-Claude Brumont s'intéresse à cette capacité propre qu'a l'individu agressé par la vie, brisé par le malheur, cabossé par les chocs de se réparer. Les armes du résilient pour transformer les cicatrices en lignes de force ? Le rêve, la rage, l'autodérision, l'art. Avec Une dernière fois, encore, elle publie son premier roman.
**Collections "Les Orties"
The Menthol House propose des livres lumineux capables de nous guérir des mensonges empoisonnés, avec des auteurs affranchis des conventions. Des inconsolés qui consolent, des brûlés qui rafraîchissent. La collection Orties, des textes précis, piquants pour résister, pour ceux qui sont sur le point d’abandonner la partie. La collection Orties, pour se défendre.