Nous assistons actuellement à un échange d’arguments improductifs au sujet de « Medicare for All », cette reforme de santé sous forme de potion magique, concoctée par Sanders, adoptée par Warren et contredite par Biden.
Entre autres éléments, cela montre qu'aucun des candidats démocrates ne comprend vraiment le sujet. Pour commencer, disons que l’ensemble des soins de santé aux États-Unis s’élève à 3 500 milliards de dollars. Sans compter l’inflation et la hausse des services médicaux les plus onéreux, on pourrait dire qu’une dépense en soin de santé sur 10 ans s’élèverait à 35 000 milliards de dollars, n’est-ce pas?
C'est précisément le prix qu’a mis Biden sur le plan élaboré par Warren en fin d’été. Cela est logique, car c’est le même montant que les États-Unis dépensent en ce moment pour tous les soins de santé. En fait, il s’agit donc simplement de décider la répartition de cette somme, à savoir qui paiera combien, entre compagnies d’assurances, sociétés pharmaceutiques, citoyens et gouvernement.
Maintenant, si nous comparons ces chiffres au coût annuel de Medicare (soins de santé pour personnes âgées et indigents) qui vont à quelque 46 millions de personnes, nous atteignons 582 milliards de dollars en 2018. Cela porte un coût moyen de 12 652 dollars par participant, un prix plutôt corsé !
Bien sûr, s’occuper des personnes âgées n’est pas bon marché ! Si nous revenons maintenant au coût total des soins de santé pour 2017, avec une population de 326 millions d’habitants, le coût chute à 10 736 dollars par habitant. D’accord, disons qu’en 2019, cela coûterait 12 000 dollars par personne. Pour 330 millions d'Américains, cela se traduirait par 4 000 milliards de dollars sur un PIB de 21 000 milliards de dollars.
Cela ne comprendrait pas les économies réalisées sur les bénéfices d’assurance maladie et les coûts des médicaments renégociés, mais cela montre tout de même que les 2 500 milliards de dollars par an d’Elizabeth Warren prévoit de dépenser, sont largement sous-estimés et n’existent guère que pour appâter ses électeurs.
Au lieu de démarrer son plan public de manière progressive, Warren préconise une thérapie de choc qui ne ferait qu’effrayer le monde des affaires, ainsi que tous les électeurs indépendants, et assurerait ainsi sa perte contre Trump si elle devait recevoir la nomination démocrate. Warren a de bonnes intentions, mais son approche montre un manque de pragmatisme et d'expérience évidents.
Son plan est bâtit sur un scénario trop optimiste, sans aucune marge et qui ne peut que s’effondrer si elle souhaite que les États-Unis y plongent les yeux fermés. nouveau plan. Lorsque je devais établir un budget, ma règle d’or était toujours de minimiser les recettes et d’augmenter les dépenses, créant ainsi un « tampon » indispensable et salutaire.
De toute évidence, elle devrait adopter une approche très progressive, en proposant son plan d’abord aux individus motivées, tels que les préretraités, les travailleurs indépendants et les personnes qui ne bénéficient pas de couverture de leurs employeurs. Elle devrait financer cette première phase par une augmentation progressive et assez agressive de l’impôt sur le revenu pour tous.
Elle devrait aussi - comme elle le préconise - remettre nos inspecteurs des impôts au travail et sérieusement s’attaquer aux fraudeurs fiscaux, modifier l’impôt sur les plus-values, négocier des prix plus bas pour les produits pharmaceutiques et commencer à réduire les revenus un peu trop généreux que s’octroient les hôpitaux et les prestataires de soins.
Cela constituerait déjà une tâche difficile et monumentale si elle pouvait être mise en place lors du premier mandat de Warren, en dépit d’une énorme « résistance » à prévoir de la part de l’opposition politique.
Ce qui est encore plus étonnant, c’est que tous les autres candidats à ces primaires ne semblent montrer aucune compréhension visible du dossier des soins de santé. S'ils l'avaient fait, ils auraient rebuté Biden et Warren depuis fort longtemps.
Cela dit, le plan actuel d’Elizabeth Warren est un pur vœux pieux et celle-ci doit sérieusement le modifier si elle veut devenir la candidate démocrate et le prochain président des États-Unis …