
Extrême. Triangulation: voilà la stratégie mortifère de Mac Macron. Mais pas n’importe laquelle. En science politique, la triangulation désigne le fait pour une personnalité politique de présenter son idéologie comme étant « au-dessus et entre » la droite et la gauche de l’échiquier politique. Dans le cas qui nous occupe, l’objectif est double. Primo: en vue de 2022, Mac Macron a définitivement choisi sa martingale, elle s’appelle Fifille-la-voilà, quitte à brosser dans le sens du poil tous les poujados-nationalistes et leur dresser un tapis rouge. Secundo: une partie de l’électorat «stratégique» de second tour se situe du côté de l’électorat de feu François Fillon, dont une partie a depuis rallié LaREM, alors que l’autre hésite de moins en moins à basculer dans l’extrême droite ou ses variantes. Depuis la rentrée, Mac Macron les drague ouvertement, quitte à établir des dispositifs anti-immigrés odieux – quotas, délai de carence pour l’accès aux soins, etc. Nicoléon en avait rêvé, Mac Macron le réalise: son «immigration choisie» singe les thèses migratoires prônées par la droite extrême. Du coup, même le Monde s’interroge: «Le jeu n’est cependant pas sans risque, car, sous couvert de les combattre, la triangulation ainsi opérée peut, au contraire, aboutir à les valoriser.» Résultat? Fifille-la-voilà et ses affidés n’ont même plus besoin de parler, d’autres portent à leur place leurs thématiques identitaires. Le bloc-noteur n’ira pas jusqu’à théoriser la formule d’un de ses amis écrivains: «Dans le paysage médiatico-idéologique, en pleine saturation, c’est Marine Macron et Emmanuel Le Pen.»
[BLOC-NOTES publié dans l'Humanité du 8 novembre 2019.]