Kitsune, une BD au pays du soleil levant
Titre : Kitsune
Auteur : Stéphane Presle (scénario), Thibault Chimier (dessin)
Éditeur : La Boîte à bulles
Collection : Hors-champ
Année : 2019
Page : 127
Résumé d'un voyage en terre nippone :
Franck Olmet est Architecte. Invité sur un plateau de télévision, il doit répondre aux accusations de responsabilité pour la mort d'ouvriers sur le chantier d'un de ces projets. Frank se sent coupable et tente de se changer les idées en allant répondre à un appel d'offres international au Japon. Mais il va découvrir que voyager au bout du monde ne permet pas forcément de se fuir soi-même...
Scénario d'un voyage intérieur :
Frank, personnage phare de cette histoire, devient vite en même temps très touchant et très distant. On le voit s'enfoncer et on le perd. En tout cas, moi, je le perds et ne parvient pas à m'attacher à lui. Il part au Japon, pays qu'il ne connaît pas du tout, mais son dépaysement va contribuer à l'enfoncer encore plus. Et d'ailleurs, il ne verra pas grand-chose de ce pays car il aura surtout affaire aux buildings tokyoïte et aux arrangements de grandes entreprises. En Bref, Frank va aussi plonger dans le monde des affaires de haut vol.
Mais notre architecte, lui, ne va pas finir de s'enfoncer et s'enfoncer encore, flirtant avec les limites de la folie.
A ses côtés, le guide Japonais que lui impose la grande société qui compte sur lui, Noriko Suzuki, devient le personnage auquel je me raccroche le plus. Elle est, comme nous, lecteur, témoin de la chute de Frank. Et comme nous, elle ne peut pas y faire grand-chose, à part tenir sa place de guide et d'aide. Frank, qui cherche une bouée pour ne pas couler, va tenter de se raccrocher à tout ce qu'il peut, dont Noriko, mais la jeune femme n'est pas là pour porter une si lourde charge.
Frank, perdu, et Noriko, qui ne comprend pas bien ce qui arrive à ce génie de l'rachitecture, vont tenter de gérer au mieux l'appel d'offres où l'architecte n'est décidément pas à sa place.
Le dessin froid et anguleux :
Le graphisme est très froid, distant (à l'image de Frank ?), assez anguleux, stylisé. Les couleurs elles aussi douces, quasi-neutres contribuent à cette froideur. Le graphisme reflète la vision de Frank. Mais Frank perd la boule, tandis que le dessin, lui, reste froid et anguleux. J'ai eu également beaucoup de mal à entrer dans ce graphisme très carré, très numérique presque. Sa froideur fait partie des éléments qui m'ont tenu à distance.
Les compositions sont savamment travaillées et portent, elles, beaucoup plus la marque de l'érosion mentale de Frank. La mise en scène nous rapproche du héros et de sa folie mais pourtant, Frank reste assez lointain pour moi.
Les moments les plus humains sont ceux où le protagoniste arrive à lâcher du lest avec sa dépression et prend le temps non pas de s'ouvrir mais d'écouter les autres.
Conclusion sur un récit de la folie ordinaire:
Frank affronte la crise de burn out et de dépression qui frappe nos sociétés d'aujourd'hui. L'accident mortel dont il se sent responsable n'arrange rien. Cette BD garde, d'une certaine manière, distance avec son héros. Et ce sont les personnages secondaires qui tirent leur carte du jeu, devenant vite intéressant, riche. J'ai eu du mal à entrer dans l'univers graphique de cette BD. A vous de vous faire votre propre avis sur Kitsune.
Zéda rencontre Frank.