Si quelques études ont déjà associé le diabète de type 2 à un risque accru de démence et d’Alzheimer, c’est la première étude à associer un tour de taille élevé en fin de vie et ce même risque de démence. Alors que le tour de taille est un indicateur précis du taux de graisse viscérale chez les personnes âgées, l’étude, publiée dans la revue Obesity, est la première à révéler ce lien entre cette forme d'obésité et la démence.
« Les résultats s’adressent à tous les médecins qui traitent de médecine gériatrique, de l'obésité et de la démence », précise l’auteur principal, le Dr Hye Jin Yoo, professeur à l'Hôpital Guro de l'Université de Corée : « cette étude souligne que le tour de taille doit être pris en compte dans l'évaluation du risque de démence lié à l'obésité chez les personnes âgées ».
La graisse abdominale associée à un risque plus élevé de démence
Ces conclusions sont issues de l’analyse des données d’une large étude de cohorte rétrospective, menée en 2015 auprès de près de 2 millions de participants au Royaume-Uni. L’analyse conclut à une incidence progressivement accrue de la démence avec l'adiposité mais montre également que l’IMC n’est pas forcément un bon marqueur du même risque. La particularité de cette étude est bien la prise en compte du tour de taille comme marqueur principal du risque de démence chez les personnes âgées.
Une précédente étude avait montré que l'adiposité centrale, représentée par le tour de taille, prédit un risque accru de déclin cognitif au cours d'une période de suivi de 2 ans chez les patients diabétiques âgés. Une autre étude a montré que le tour de taille est corrélé à une cognition globale plus faible et à des performances exécutives réduites chez les femmes âgées atteintes de diabète de type 2.
Attention aux tours de taille >90 cm : pour préciser ces résultats, les chercheurs ont comparé le risque relatif de démence associé au tour de taille et aux catégories d'IMC, à partir des données de l’assurance maladie de Corée qui couvre près de 98% des Coréens. Ce registre comprend ainsi les données de 872.082 participants âgés de 65 ans et plus, ayant passé un examen de santé entre le 1er janvier 2009 et le 31 décembre 2009. Ce groupe de population a ainsi été suivi sur une durée de 5-6 ans, soit jusqu’en décembre 2015. Différentes données ont été prises en compte, dont l'âge, le tabagisme, la consommation d'alcool et le niveau d'exercice, les antécédents de diabète, d'hypertension et de maladies cardiovasculaires… Le tour de taille et l’IMC ont été relevés. Les chercheurs ont enfin calculé un score de risque de démence en fonction de ces 2 données. L’analyse montre que :
- les participants dont le tour de taille >à 90 cm chez les hommes et >85 cm chez les femmes présentent un risque de démence significativement accru après ajustement avec les facteurs de confusion possibles ;
- concernant l’IMC, l’étude ne montre qu’un lien entre un IMC insuffisant et un risque de démence considérablement, après prise en compte des mêmes facteurs de confusion possibles. Cette association pourrait s’expliquer par les effets indésirables de la sarcopénie chez les personnes âgées, suggèrent les chercheurs.
L’étude révèle ainsi la significativité du marqueur « tour de taille » ou « graisse abdominale » quant au risque futur de démence, mais réfute celle du marqueur « IMC ». Mais elle n’explique pas à ce stade le processus sous-jacent à cet effet « démence » de la graisse sous-cutanée vs graisse viscérale.
En conclusion, l’étude suggère que l'obésité abdominale, évaluée par le marqueur tour de taille, est associée, chez les personnes âgées, à un risque accru de démence.
Source : Obesity Nov 2019 Association Between Waist Circumference and Dementia in Older Persons: A Nationwide Population-Based Study
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Équipe de rédaction Santélog Nov 12, 2019Rédaction Santé log