21 ans et j'ai mal partout. Mon cerveau me dit "fait", mais une partie de moi, que j'appelle comme un deuxième cerveau imaginaire me dit "tu ne peux pas, tu ne fais pas"' Je pense que vivre avec un handicap (et Quel que soit le handicap d'ailleurs), c'est terrible. Quand on est jeune, quand on vieillit... Le temps passe bien trop vite et il semble s'être gaspillé. On a l'impression que notre vie est déjà passée. J'ai cette impression là et j'aimerais que tous les psychiatres et psychologues qui ont été odieux et pas professionnel envers mon cas, tombent sur cet article. Mais je pense que faire des recherches est peut-être trop compliqué pour eux. Je le dirais clairement et le hurlerais dans ces ruelles sombres où l'on me psychanalysait: "VOUS ÊTES INCOMPÉTENTS '' Je n'aurais pas peur de leur à dire à quel point ils sont sans intérêts et partir me faire aider à Paris a été la plus grande et bonne décision. Leur diplôme est un simple petit morceau de papier qui leur a permis de faire n'importe quoi avec moi, et de traiter ma mère de "mauvaise mère". Pour en revenir à mon âge. Souvent on m'a demandé "pourquoi tu n'aimes pas fêter ton anniversaire ?" Tout simplement parce qu'avec une cyclothymie s'étant aggravée, je vis l'année de plus comme un échec. "21 ans et toujours dans l'échec, c'est foutu"... c'est ça qui raisonne dans ma tête. Échec dans les études, dans la vie de tous les jours, ou quelques petits échecs dû aux tocs que je m'inflige sans le vouloir. 21 ans à se sentir coupable pour un tout, pour un rien. En fait je me sens coupable d'être moi, c'est triste à dire mais c'est ce que je ressens. Peut-être que c'est pour cela que je ne m'aime pas, que j'ai eu des troubles alimentaires, que j'ai eu des sensations d'être déformée tant mon cerveau voulait me punir d'être celle que j'étais. Il est déstabilisant de regarder en arrière et de ne voir que souffrance et combat. J'ai vécu beaucoup de choses, en plus de ma pathologie. Je peux dire "ouais ma vieille, t'as encaissé". Et ? Et cette longue vie de bonheur, je l'attends, toujours. Il n'y a pas ce déclic, ce petit truc qui me fera avancer, c'est pas comme ça que ça marche. J'ai été diagnostiqué tard, bien trop tard, mais j'en suis TELLEMENT reconnaissante... Tellement heureuse de mettre un mot sur ce qu'il m'arrive, globalement. Le temps, les médicaments, les séances à deux balles, les crises d'angoisses, d'hystérie, les malaises, la tétanie, l'auto mutilation, la boulimie, l'anorexie, l'alcool, les prises de médicaments (je m'arrête là). Toute ma vie j'ai eu un de ceux-là. Jamais ma vie est calme, douce. Jamais je n'ai eu les problèmes communs à beaucoup d'adolescente. Jamais pendant mes études, je me concentrais sur des évènements d'adolescente normale, non, je les décuplais, fois 10 et mon cerveau, ah mon cerveau... le soir il ruminait. Passer son temps à me demander pourquoi j'étais remplie de joie à 8 h le matin et pourquoi à 9 h j'étais par terre, inconsciente avec une tonne d'élèves autour qui devaient prévenir les adultes. La maladie de l'émotion. Les troubles obsessionnels. La dépression. Beaucoup en parlent mais peu connaissent la vraie signification. J'ai vécu une tonne de dépressions. La dépression c'est se lever le matin, et avoir une lassitude d'être en vie. De ne pas réussir à faire un pas sans souffrir, de perdre tout intérêts, de vivre dans le flou, à pleurer, s'énerver, se recroqueviller sur soi, devenir un peu égoïste pour ma part, essayer de ressentir enfin quelque chose. Pour ce qui est de moi, la dépression m'amène à me sentir vide... et il n'y a rien de plus désagréable que de ne plus avoir goût à rien, de n'être qu'un corps que l'on balade entre un psychiatre et une pharmacie, puis de son lit aux coussins mouillés de larmes.