Magazine France

L'Etat, c'est lui

Publié le 17 juillet 2008 par Malesherbes
A la veille du Congrès convoqué pour la réforme des institutions, notre Président de la République vient d’accorder au Monde un entretien dont le journal rend compte dans son numéro du 17 juillet. J’y ai relevé quelques perles que je vous livre ici.
Le chef de l’État met en avant les promesses qu’il fait pour tenter de réunir une majorité des trois cinquièmes à Versailles. Je ne comprends pas comment ses engagements pourraient être pris en compte lors de la modification d’une Constitution qui, à l’opposé de promesses, est un texte pérenne, gravé dans le marbre, même si ce marbre s’avère parfois plutôt tendre.
Interrogé ensuite sur le rôle du premier ministre, notre grand démocrate déclare : « il est normal que celui qui a été élu fixe le cap par rapport à celui qui a été nommé ». Ce faisant, il s’écarte de ce qui a été la pratique de la V° république. Ce n’est pas parce que l’Assemblée nationale n’a pas exercé son droit de renverser le gouvernement que son chef, issu de la majorité parlementaire, a une légitimité inférieure à celle du Président. La supériorité apparente de ce dernier est due au fait que maintenant son mandat coïncide avec une législature et que son élection au suffrage universel précède de peu celle de l’Assemblée. Le risque d’une nouvelle cohabitation semble écarté bien que, comme on l’a vu en 1988 et 2007, une fluctuation sensible de l’électorat puisse le faire resurgir. Mais surtout, le synchronisme actuel de la présidentielle et des législatives est à la merci d’une dissolution ou d’une disparition du chef de l’État. Comme l’a dit Hugo : « Non, l'avenir n'est à personne ! Sire, l'avenir est à Dieu ! »
Nicolas Sarkozy réitère ensuite le mensonge que j’avais dénoncé dans un billet précédent : « Je ne comprends pas comment des gens qui ont été aussi longtemps au pouvoir durant ces trente dernières années n’ont rien réformé sur ce point ». Pourquoi choisir 1978 comme point de départ de cet examen plutôt que 1958, date de naissance de l’actuelle République ? On relève alors quinze années de gouvernement de gauche sur cinquante années d’existence de la cinquième. Qui a eu le plus de temps pour réformer ?
Notre grand légitime s’exclame plus loin : « Il [le président de la République] n’est pas illégitime à sauver la sidérurgie française ». Oublions cette maltraitance habituelle du français. Quand donc, et où, notre guide a-t-il sauvé notre sidérurgie ? A Gandrange ?
Je conclurai sur ce bouquet final, à propos de la nomination du président de France Télévisions : « J’ai dit qu’il n’était pas anormal que le président de la République nomme le président d’une entreprise propriété de l’État à 100%. » Tiens donc ! Et pourquoi ? Le président de la République serait-il l’État ?

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Malesherbes 59 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte