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585° De l’universalité des valeurs.

Publié le 08 décembre 2019 par Jacques De Brethmas

Il me souvient d’une époque où j’allais à l’école et où Macron n’était pas encore né. On y entendait des cours d’instruction civique, très interactifs avant l’heure, les plus interactifs de tout notre enseignement, et dont je garde une grande émotion et un excellent souvenir.
Pour savoir ce que tout cela est devenu, j’interroge monsieur Google qui me dit que cela s’appelle maintenant « l’enseignement moral et civique » après avoir failli s’appeler en 2012 « enseignement de la morale laïque et civique ».
Une réforme de 2015 réorganise cet enseignement autour de la discipline et du respect des codes sociaux, au détriment du sens citoyen et de la laïcité. C’est passer de la philosophie au terre à terre…
Le « respect des codes sociaux », chacun y voit ce qu’il veut, et comme les gens vivent de plus en plus en communautés, les codes communautaires se prennent de plus en plus pour des « codes sociaux » et ont une fâcheuse tendance à envahir l’espace du code républicain.
Et on a complètement oublié les valeurs fondamentales, qui ont fait de la République l’outil de la réalisation des valeurs des Lumières.
Un petit retour aux sources ne me semble dont pas superflu. 
585° De l’universalité des valeurs.
La raison d’être de toute société humaine doit être le progrès social. C’est le seul objectif qui profite à tous. Chacune des trois valeurs de la devise républicaine doit concourir à cet objectif.
Ainsi, par exemple, le progrès social consiste, « pour une âme bien faite », à s’assurer que les mal lotis et les malchanceux rattrapent bien le peloton de l’intégration sociale au lieu d’être laissés sur le bord du chemin. Si on en juge par le nombre de gens qui dorment sur les trottoirs et mendient aux feux rouges, sans parler de ceux qui font leurs courses aux restos du cœur, force est de constater que l’action en la matière est un douloureux échec.
Ainsi, par exemple, le progrès social consiste à améliorer l’ordinaire des braves gens en saisissant chaque occasion de l’élever.
Pour ça, le système politique est censé créer et mettre en place des « réformes ».
Cherchons « réforme » dans le dictionnaire :
Réforme :
Changement de caractère profond et radical apporté à quelque chose, en particulier à une institution, et visant à améliorer son fonctionnement et ses résultats.

C’est donc un véritable travail de construction, au nom duquel on doit tendre la main aux retardataires pour les hisser au niveau de ceux qui s’en sortent mieux.
En qualifiant certains régimes de retraite de « privilèges » et en expliquant à tous ceux qui n’en bénéficient pas qu’il faut les abolir et réduire tout le monde à la ration minimum, on fait exactement le contraire.
On pratique l’égalité pas le bas, alors que le progrès social exige l’égalité par le haut. Le progrès social, c’est ouvrir de nouvelles fenêtres, pas fermer celles que des pionniers ont réussi à aménager.
En répondant aux revendications d’égalité et de progrès par des simulacres de consultations et de « grands débats » au cours desquels on laisse les gens se livrer à d’inutiles incantations avant de clore l’exorcisme par un discours partisan présenté comme rassembleur, on ne fait en réalité que poser hâtivement un couvercle sur les cris du peuple. C’est donc exactement le contraire d’une réforme.
De vraies réformes, les gens sont demandeurs, ils sont pour, à condition que, conformément à la définition du dictionnaire, il en sorte une véritable amélioration.
Or que résulte-t-il des réformes que nous proposent nos gouvernements successifs depuis de trop nombreuses décennies ?
585° De l’universalité des valeurs.
Des limitations, des augmentations de taxes et de prix, des réductions de nos avantages et de nos droits, l’application d’une égalité à la tondeuse, la présentation des courbes mathématiques et des aventures boursières comme les nouvelles normes qui doivent présider à la conditions humaine et aux nouvelles règles de l’humanisme… 
Si le résultat de l’augmentation de la durée de la vie doit conduire à l’augmentation de la durée d’activité, où est le progrès social ? N’est-ce pas seulement une augmentation de la durée de l’esclavage ?...
A quoi sert le travail des machines ? Où est passé le bénéfice de la mécanisation ? Pourquoi tous ceux que l’automatisme a privé de salaire ne bénéficient-ils pas de la productivité de la machine qui les remplace ?
Où sont passés les milliers de milliards dont on nous parle sitôt qu’on fait allusion aux multinationales, aux grandes fortunes, aux spéculations ?
Pourquoi tout cet argent ne nourrit-il pas les pauvres ? Lesquels, du coup, le remettraient dans le circuit ? Pourquoi ne vient-il pas adoucir la condition de tous ceux qui usent leur vie à la gagner ?
Existe-t-il un « paradis des milliards »  où toutes ces richesses vont s’entasser oisivement avec la certitude de ne jamais servir à rien ?
Partout, à travers la planète, les peuples se soulèvent. Les uns après les autres, ils s’élèvent contre les pouvoirs étouffants, les économies dévoyées, les pompes à fric du pouvoir global, les privations de liberté, de connaissance et de reconnaissance.
Et il en résulte la prospérité de tous les outils parasites de l’anti-connaissance, du faux savoir et de l’obscurantisme (en fait les « outils du pouvoir »)…  : l’intégrisme religieux et sa cohorte d’interdits, de terres plates et les créationnismes de toutes sortes, la limitation des libertés individuelles, la valorisations des superstitions et des croyances, les dogmes et systèmes de toutes sortes…
Pendant des lustres, on nous a présenté le « communisme » comme un système étanche et fermé où les gens vivent comme dans une prison sans pouvoir accéder au « monde libre »…
Mais plus on avance, plus on constate que le « libéralisme » n’est pas une liberté non plus, ce n’est pas la clé du « monde libre »…
C’est une autre prison, assez subtile pour avoir rendu ses barreaux invisibles, omniprésents, pour avoir étendu son domaine à toute la planète de manière que, jamais, nulle part, on puisse trouver un endroit où sa férule ne s’applique pas…
Avant, les hommes politiques qui marquaient la société par autre chose que leur violence étaient des écrivains, des poètes, des philosophes. Montesquieu, Chateaubriand, Lamartine, Musset, Victor Hugo, Rousseau, Prévert… Tous n’étaient pas élus, mais tous étaient entendus.
Maintenant, ce n’est plus l’intelligence humaine et la philosophie qui gouvernent le monde, ce sont les banquiers et les financiers. Pour ne pas dire leurs ordinateurs, qu’eux mêmes ne maîtrisent plus puisqu’ils les ont conçus non plus pour conduire un système, mais pour y entretenir un cancer, une tumeur permanente qui ne peut que grossir jusqu’à la mort inéluctable : le taux de croissance.
585° De l’universalité des valeurs.
Chez nous, ce sont les gilets jaunes, ailleurs, après la Tunisie, l’Égypte et la Lybie, c’est en Algérie , à Hong Kong... Ça pète aussi au Chili, au Liban, en Irak, en Équateur, au Venezuela, en Bolivie, au Congo, à Haïti, en Guinée, au Soudan, et j’en passe et j’en oublie.
Ce sont parfois des gouttes d’eau qui font déborder le vase. Ce qui est un euphémisme : si une goutte d’eau suffit à faire déborder un vase, c’est que celui-ci est déjà plein à ras bord…. Ici le prix du pain , celui du ticket de métro, une taxe sur Whatsapp, là, le prix de l’essence…. Quand les situations sont inflammables, une étincelle suffit à tout embraser..
Ce qui est la preuve d’un ras-le-bol généralisé.
585° De l’universalité des valeurs.
Pour en revenir à notre assiette de frites hexagonale, le sens profond de la politique du tandem Macron – Philippe se résout à l’aveuglement de croire qu’on ne peut prendre qu’aux travailleurs l’argent pour leur retraite, et non pas le puiser dans les immenses richesses qu’ils ont créées depuis des générations.
Soit ces Laurel et Hardy de la politique le croient naïvement, soit ils sont les serviteurs zélés d’une religion financière dont ils sont des activistes fondamentalistes.
Parce qu’après tout, ont-ils une raison logique ne ne voir des problèmes que ce qui les arrange, et de n’entrevoir de solution que celles qui ne coûtent rien à ceux qui pourraient les donner ?
Éplucher le service public jusqu’à l’anéantir, à le rendre inutile et obsolète, n’est-ce pas dérouler le tapis au monde de la finance qui ne demande qu’à nous revendre avec profit ce que l’union sacrée des travailleurs a su créer par les forces jointes de l’union et de la solidarité ?
A ce titre, nous sommes déjà devenus locataires d’autoroutes dont nos impôts nous avaient rendus propriétaires, nous sommes sur le pont d’être dépossédés de nos aéroports, une bonne partie des services à la personne et des services de santé est déjà privatisée alors que nous avons payé la formation de ceux qui les délivrent…
Et il faudrait accepter ces spoliations, ces escroqueries, comme des évolutions inéluctables ?
Il faut sortir de ces logiques mensongères qu'on nous présente chaque jour un peu plus comme des écritures saintes.
  • Le centre de la société, c'est l'homme, pas l'économie.
  • La condition humaine n'est pas une valeur d'ajustement, c'est un objectif.
  • Et l'économie est au service de l'homme, et non pas l'homme au service de économie.
Certes, les retraités français se révoltent aujourd’hui, et ils ont bien raison, mais c’est surtout le monde entier qui se révolte. Regardons au-delà de nos frontières : il se produit une prise de conscience universelle de ces détournements, de cet assujettissement.
Alors, essayer de nous désigner les cheminots comme des privilégiés, et "franco-franciser" un problème universel, c’est croire qu’on va regarder le doigt au lieu de regarder la lune.
C’est toute la planète qui est en colère.
585° De l’universalité des valeurs.
Dire que le peuple français est ingouvernable et déteste les réformes, c’est petit. Indigne d’un chef d’état.
Il est grand temps de revenir aux valeurs humaines pour gouverner la société. Le malaise n’est pas que franco-français, il est universel.
Et la vraie universalité, c’est celle de l’Humanisme, pas celle des rails de la finance sur lesquels on veut nous conduire.


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