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Affrontements informationnels sur les dates limites de consommation

Publié le 09 décembre 2019 par Infoguerre

Affrontements informationnels sur les dates limites de consommation

La légitimité des dates limites de consommation est toujours mis en cause partout dans la planète, en France notamment ou leurs utilités est toujours mise en cause surtout avec les problèmes de gaspillage que connait l’hexagone avec des chiffres alarmants de 16 milliards d’euros de gâchis en 2018, soit 30 kg de nourritures / personne, les dates limites de consommation sont responsables de 20% de ce gaspillage.

Comment est déterminé la date limite de consommation (DLC) ?

Un décret du 7 décembre 1984 instaure officiellement la date limite de consommation. Le respect de cette disposition incombe aux vendeurs, qui risquent une amende de 75 000 €, et jusqu’à quatre ans d’emprisonnement en cas de manquement, aucun organisme ni institution ne vérifie la manière dont une date limite est choisie, la réglementation européenne oblige seulement à ce qu’il yen ai une avec un seul impératif, ne pas intoxiquer les clients. Pour fixer la durée de vie d’un produit, l’industriel réalise donc ses propres tests qu’il commande à un laboratoire, pour se justifier face aux contre tests effectués par les associations de consommateur les industriels se défendent en déclarant que le gout est moins prononcé et que le produit perd de sa valeur énergétique. Pour les industriels qui font de l’export les étiquettes ne sont pas les mêmes que pour les produits à destination de l’hexagone, le produit dure généralement deux fois plus qu’en France, de même que pour les territoires d’outres mer.

 

Les acteurs impliqués

Les industriels de l’agro-alimentaire : ils déterminent la DLC en fonction de leurs propres recherches, l’intérêt pour eux d’opter pour une DLC courte est d’augmenter la rotation de leurs produits en magasin, de garder un rythme de production maintenue est de surtout garder la saveur du produit qui, même s’il est toujours consommable des semaines après sa date de péremption peut changer de gout et détériorer l’image de marque de l’entreprise auprès du consommateur et donc diminuer ses ventes ce qui représente plus un risque économique que sanitaire.

Les associations de consommateurs et associations écologiques : To good to go, application leader de revente des invendus publie un livre blanc “dates de péremption, une idée dépassée” un plaidoyer cosigné par l’association écologique France nature environnement soutenue également par l’association de consommateurs 6O millions de consommateurs pour sensibiliser les géants de l’agroalimentaire à réviser leurs dates limites de consommation et faire d’elles un véritable indicatif sanitaire durable et fiable et combattre le gaspillage alimentaire.

La contradiction à la source de la polémique

Pour les industriels, il est difficile de rallonger la DLC sans conséquence, il existe un effet rebond à l’allongement des dates de péremption qui peut entraîner un déplacement des coûts et de la problématique sur les fabricants. Si les dates s’allongent, cela signifie aussi que le temps de rotation est plus long, il en résulte un excès de production, et donc un excès de main d’œuvre, et enfin un excès de matière première pour le fabricant. Prenons l’exemple du yaourt : si on allonge les dates de 30 % il existe potentiellement 30 % de production en trop, donc 30 % de camions en trop, donc 30 % de vaches en trop. Un autre problème se pose pour les industriels, ils assument toujours la responsabilité de leurs produits, si un produit dépasse la date limite de consommation même s’il est toujours consommable, le produit peut perdre de sa qualité et de son gout ce qui pénalise fortement l’image de l’industriel qui préfère jeter une partie de sa production plutôt qu’elle soit mal appréciée par le consommateur.

Pour les associations : l’association To good to go en collaboration avec France nature environnement ont sorti un livre blanc qui présente des alternatives aux industriels pour modifier les DLC et éviter le gaspillage alimentaire qui est du selon eux à hauteur de 20% aux DLC fixées par les industriels. Le mouvement associatif s’insurge contre ses pratiques avec un #ChangeTadate qui circule sur twitter relayé par plusieurs personnalités, ainsi que par une pétition qui a rassemblé 100.000 signatures en quelques semaines, plus une intervention sur des médias nationaux de France télévisions (envoyé spécial) et d’autres (pour sensibiliser le grand public a l’importance de modifier les DLC et à la compréhension des étiquettes par les consommateurs).

La nature du rapport de force :

  • Economique : Les DLC présentent un enjeu économique important pour les industriels puisque leurs modifications impactent tous le processus de production et de distribution
  • Politique et juridique : C’est également un enjeu politique et juridique car la loi n’est pas très évolutive sur le sujet surtout qu’elle est bloquée entre trois aspects très importants, La sécurité du consommateur qui ne peut pas être mise en jeu, la sécurité économique des géants industriels qui impactent directement ou indirectement l’économie d’état et enfin l’aspect social qui peut déstabiliser l’institution politique au gré de manifestations importantes qui gênent la vie civile.
  • Ecologique : La question écologique est très sensible en France au vu du réchauffement climatique, de la multiplication de déchets et du gâchis alimentaire grandissant, dans ce cas précis c’est encore plus flagrant puisque les DLC sont responsables directement de 20% du gâchis alimentaire en France

Les affrontements informationnels

La compagne d’informations agressives de l’association To good to go a poussé plusieurs géants de l’industrie agroalimentaire à revoir leurs DLC, par exemple Carrefour s’y est mis avec son annonce « verte » pour lutter contre le gaspillage alimentaire, le géant a rallongé d’une semaine les dates de consommation de ses yaourts, fromages râpés et pâtes à tarte bio, carrefour a rallongé la date sur plus de 500 produits vendus en Hypermarché.

Les industriels ont vraiment peur de l’impact que peut avoir une compagne a leurs encontre, par exemple Thierry Cotillard, le président d’Intermarché, annonce qu’il retire 142 additifs potentiellement nocifs d’aliments que son groupe fabrique et vend sous ses propres marques.

Objectif revendiqué : obtenir de meilleures notes sur Yuka, la célèbre application qui permet aux consommateurs d’évaluer la qualité des denrées. Ce qui pousse la majorité des acteurs de l’agro-alimentaire à revoir leurs étiquetages, plusieurs grandes surfaces commencent à adopter l’esprit écologique prôné par les associations notamment Leclerc qui a de ce fait rallonger la DLC de tous ses produits laitiers de 10 jours, d’autres ont carrément enlever la DLC des bonbons par exemple et attendent que la loi s’assouplisse pour faire de même avec les produits secs et à base de céréales, les fromages aussi connaissent des changements d’étiquetage, a la base un fromage disposait d’une DLC beaucoup plus courte en grande surface par rapport aux fromageries classiques, les industriels ont revu ca et allongés les DLC . Le seul aliment qui reste difficile à modifier sont les viandes et la charcuterie sous vide qui disposent généralement d’une DLC très courte au vu de la propagation rapide de bactéries.

La circulation d’informations de nature polémique peut très vite causer la perte d’une entreprise ou a contrario la réussite de ses concurrents. Influencer l’opinion publique permet de sensibiliser les différents acteurs sur la nécessité de revoir une stratégie ou des principes. Le gâchis alimentaire à cause, en partie des DLC a incité les industriels à revoir leurs étiquetages et la durée de vie de leurs produits de peur de se faire une mauvaise image auprès des consommateurs et pour avoir une pensée écologique.

Essalhi Mohamed Mehdi

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