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Dans la lumière oblique, de Françoise Matthey

Publié le 11 décembre 2019 par Francisrichard @francisrichard
Dans la lumière oblique, de Françoise Matthey

Dans la lumière oblique, Françoise Matthey nous invite à écouter et à regarder le monde qui nous entoure, et à nous en pénétrer, corps et âme.

Dans une manière d'introduction, elle indique en quelque sorte la méthode à suivre, au rythme des saisons:

S'ouvrir à ce qui jamais ne pourra rejoindre

ni l'ortie ni l'épine

Quand le printemps s'annonce et que les frimas ne figent plus les pâtures:

L'heure est venue de mettre en déroute

le langage des fumées

de déchiffrer le manuel des mousses

Déchiffrer, parce que les êtres et les choses ne se révèlent qu'à la condition d'y mettre du sien:

Nul besoin de comprendre

Il suffit d'éprouver

à même nos mains offertes

l'évidence de la vie qui brasille

Quand l'été survient, il nous prend de vitesse et

Les horloges se dilatent

Il est alors temps de:

Donner forme au fragile

Danser

C'est une renaissance, jour après jour:

avec tout ce qui chancelle

les gorgées d'impatience

les lits de pierre

pleurs et paroles

Comme les conflits thermiques de saison, les esprits s'échauffent pendant le jour, mais heureusement:

Restent

quand arrive le soir aux senteurs de tilleul

les tendres bavardages

alliés aux souffles apaisants

Après la dernière moisson, l'automne pointe:

Déjà les feuilles se perdent dans une déroute frileuse

retournent à la terre

Les jours diminuent:

Dans la fraction d'une focale

révélation d'images méconnues

d'angles exaspérés

Ne pas confondre distances et perspectives

Cette fois, bientôt

Dans les replis du soir

songer à rassembler d'indulgentes légendes

de celles que l'on entend encore

malgré le poids des ans

Le passage à l'heure d'hiver est un tournant, un présage de ce qui est tout proche:

Arrivée par surprise

la neige a bleui le regard

On ne voit désormais que ce qui est véritable

Et quand la nuit tombe:

Dans l'entrebâillement du soir

chacun tient comme il peut

le fuseau de sa vie

Toute la laine du monde

L'hiver est là et

Le ciel

d'un ton

s'est déplacé

C'est comme une mort annoncée:

Dans l'attente du dégel

blottis à l'abri des gerçures

- leurre ou aspiration? -

nous évaluons nos chances de survie

Cette trame du temps ne doit justement pas faire oublier qu'il s'agit d'un passage:

Admettre qu'il nous faudra la terre

pour demain prendre congé

Quel est l'essentiel du passage, à ne pas manquer?

Aimer

Attester que demeure

insistante

La Vie

C'est pourquoi

Rien jamais ne nous affolera

sinon l'oubli d'aimer

Francis Richard

Dans la lumière oblique, Françoise Matthey, 84 pages, L'Aire


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