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Les cinq vies du "bon docteur Messerli", de Jean-Philippe Chenaux

Publié le 20 décembre 2019 par Francisrichard @francisrichard
cinq vies "bon docteur Messerli", Jean-Philippe Chenaux

Qui connaît Francis Messerli (1888-1975)? Il n'a droit à aucune statue, ni à aucun nom de rue à Lausanne: seule une plaque apposée sur la façade de la Mairie de la Commune libre et indépendante d'Ouchy mentionne son nom.

Pourtant, dans L'Or du Rhône, de juin 1958, on le qualifie d'"homme-Protée", ce qui n'est peut-être pas le terme le plus adéquat quand on sait qu'il désigne une "personne qui change facilement d'aspect, d'humeur, d'opinion, qui joue toutes sortes de personnages" (Larousse)

Cinq vies

Si le terme n'est pas adéquat, on comprend ce que les auteurs ont voulu dire en employant cette expression, puisque Jean-Philippe Chenaux identifie dans son livre réparateur pas moins de Cinq vies du "bon docteur Messerli"

Pour plaisanter on a envie de dire que c'est tout de même moins bien que les chats, à qui l'on prête sept vies, voire neuf, selon les croyances. Mais, en l'occurrence, il ne s'agit pas de croyances, mais de vies avérées que l'auteur raconte.

Le médecin

Le docteur Messerli, comme son titre l'indique, est médecin, un médecin-hygiéniste de renom à qui l'on doit notamment, dans l'entre-deux guerres, d'importants travaux concernant la prolifération du goitre et des maladies infectieuses

Il est ensuite le créateur en 1915 de L'Oeuvre de la Cure préventive de Soleil et de Gymnastique spéciale de Vidy-Plage, qui accueille de 600 à 800 élèves chaque année, en dehors des heures d'école et pendant les vacances.

Enfin il est de 1917 à 1953, le médecin-chef du Service d'Hygiène de la Ville de Lausanne et de 1918 à 1958 le médecin-délégué de l'État de Vaud, fonctions qui lui permettent de mener à bien l'assainissement de l'habitat de Lausanne.

Le sportif

Sa vie de médecin est bien remplie, mais elle ne lui suffit pas. C'est aussi un grand sportif qui pratique la gymnastique (comme son père et comme son grand-père), l'athlétisme, le football, la natation, l'aviron, le yachting et l'alpinisme.

En 1908, il rencontre le baron Pierre de Coubertin. Une amitié de trente années naît ce jour-là. Et, en 1912, avec celui qui est devenu son maître et avec Godefroy de Blonay, il crée le Comité Olympique Suisse à l'hôtel Meurice, à Ouchy.

Dès lors il deviendra une figure du Mouvement Olympique et refusera toujours catégoriquement de mêler sport et politique, même quand les Jeux, auxquels une cinquantaine de nations participeront, se dérouleront à Berlin en 1936.

Le pirate

Amoureux du Léman et de tout ce qui est aquatique, Francis Messerli est membre fondateur et président du Cercle de la voile (1919), du Cercle des nageurs de Lausanne (1920) et de l'Union nautique d'Ouchy-Lausanne.

En 1934, la Société vaudoise de navigation et la Société de sauvetages'unissent avec deux de ces associations pour constituer la Noble et Vénérable Confrérie des Pirates d'Ouchy, dont il sera le Grand Patron jusqu'en 1965.

En 1948, ladite Confrérie des Pirates d'Ouchy, sur l'initiative de leur pirate en chef, rachète La Vaudoise, barque à voiles latines qui sera classée monument historique (le seul flottant) en 1979 par le Conseil d'État du Canton de Vaud.

Le Rhodanien

De 1926 à 1961, Francis Messerli est membre très actif du Conseil de l'Union générale des Rhodaniens en qualité, dès 1932, de fondateur et président de la section vaudoise et, dès 1934, de vice-président central et secrétaire général.

L'UGR est une association régionaliste qui regroupe la quasi-totalité des villes du Rhône, de sa source à son embouchure. Il en organisera la Fête du Rhône, à Lausanne-Ouchy en 1934 et en 1946 (avec un cortège de trois mille participants). 

L'ami suisse de la Grèce

L'auteur termine avec la cinquième vie de Michel Messerli, à laquelle il consacre le plus grand nombre de pages: pendant trente années cruciales pour la Grèce, de 1929 à 1959, il préside l'Association des Amitiés gréco-suisses...

En fin de volume l'auteur publie le palmarès impressionnant des distinctions et des décorations reçues par Francis Messerli au cours de son existence et la bibliographie non moins impressionnante de ses écrits (357 références).

L'oubli

Francis Messerli meurt le 16 mars 1975. Le silence est assourdissant dans la presse lausannoise, à l'exception d'un article d'André Pache, syndic de la commune libre, publié dans le Journal d'Ouchy, que le bon docteur a fondé en 1931.

Jean-Philippe Chenaux résume cet article en disant qu'André Pache y rappelle combien l'esprit de générosité et de désintéressement fut le fondement de toutes les actions du défunt. Ses cinq vies en administrent la preuve.

Francis Richard

Les cinq vies du "bon docteur Messerli", Jean-Philippe Chenaux, 192 pages, Favre


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