La Petite Mort T4, la BD calée sur une petite mort et un grand tout !
Série : La Petite Mort
Titre : T4, V pour Vegan
Auteur : Davy Mourier (scénario et dessin),
Éditeur : Delcourt
Collection : Humour de rire
Année : 2019
Pages : 96
Résumé d'une histoire tristement drôle, voire drôlement triste :
La Petite Mort est devenue Fleuriste, elle a femme et enfant, qui ont repris son rôle de faucheuse pendant qu'elle se consacre à sa passion. Mais la terre est de plus en plus polluée et les fleurs deviennent de plus en plus rares. Comment se ravitailler ? Mais cela va vite devenir le cadet de ses soucis car notre petite Mort, maintenant grand-père, va se retrouver confronté à des problèmes graves qui vont remettre en cause toute sa vision du monde.
Scénario d'un récit clairement sombre :
Couverture noire, pages noires et ambiance baignée d'humour... noir pour un drame comique plus qu'une comédie dramatique. La Petite Mort est toujours aussi attachante mais le récit, au fur et à mesure de son développement, gagne en noirceur (si, si, c'est possible) tout en jonglant avec un humour tranché au couteau. Le monde va mal et la Petite Mort est le témoin de ce que va devenir notre société. Et il n'y a là rien de réjouissant.
Mais pour que vous preniez effectivement plaisir à découvrir ce récit, il faut vous laisser la surprise de la vision de notre monde de demain (qui nous appartient).
Les personnages de son entourage sont toujours présents et la Petite Mort a beaucoup de problème avec son fils. Normal, le conflit des générations, mais quand vous êtes quelqu'un de généreux et que votre fils décide de prendre une route opposée pour ne pas vous ressembler, ben, comment dire... Le résultat est sinistre.
Certaines questions peuvent se poser à la lecture de ce récit, Puisque son fils fauche généreusement les âmes, pourquoi donc la Petite Mort doit-elle continuer son travail et demander à sa femme de le relayer pour qu'il puisse devenir fleuriste ? Et la véritable question : La petite mort ne veut plus faucher les âmes, et a toujours rêvé de devenir fleuriste. Le fait qu'elle préfère faucher les fleurs pour en faire des bouquets ne révèlerait-il pas un acte manqué total par rapport à son métier initial ? Comme vous le voyez, Davy Mourier, l'air de rien, esquisse des idées, des directions, des pistes pour nous faire réfléchir sur son personnage et puis un peu sur nous, aussi.
Mais par contre, l'avenir de l'humanité est clairement affiché, et le noir est totalement de rigueur. Là, pas de finesse, le monde va droit dans le mur et si on laisse l'homme faire, alors tout ne pourra qu'être pire que ce qu'on avait prévu. Heureusement, la Petite Mort n'est pas un homme. Ouf, serions-nous sauvé ? Mais elle en a le caractère ! Mince, serions-nous perdus ? La réponse est dans ce tome quatre !
Un tome riche en révélations, en surprises, en rebondissements, et en délires aussi car Davy garde la forme pour nous faire rire et il garde aussi la forme des tomes précédents !
Le dessin haut en couleur mais très porté sur un certain noir et blanc:
Oui, Davy conserve cette forme folle qui fait toute la richesse de cette série. Il mélange les strips habituels qui se suivent et se rassemblent pour former une grande histoire, mais il l'entrecoupe de fausses pubs, de romans-photos, tous bien sûr reliés au sujet central de l'histoire et regorgeant donc d'un humour noir et cynique aussi drôle que glaçant.
La BD est toujours augmentée et vous pourrez, en utilisant l'application adéquate "Delcourt Soleil" et de votre fidèle smartphone, profiter de bonus !
Une ambiance sombre règne, noir, blanc et zones de gris, mais parfois, les couleurs débarquent discrètement ou en force pour, tout comme la narration, changer l'ambiance et nous faire rebondir. Et vu la noirceur du propos, parfois, on en a bien besoin, car on rit, mais le fond ne prête pas à rire. Davy n'y va pas avec le dos de la cuillère, il y va plutôt avec le bulldozer pour faire passer le message.
Mais peut-être que la cuillère précautionneuse a fait son temps et devant la situation de notre monde, c'est peut-être bien la pelleteuse qu'il faut ressortir pour faire réagir les gens. Message simple en apparence : "On n'a qu'une terre, arrêtons de la foutre en l'air !"
Parce qu'effectivement, à force de regarder le monde s'effondrer, il se pourrait bien que ce soit sous nos pieds que la terre s'effrite...
Ce tome quatre explose comme un cri ! Et autant dire qu'il risque de vous péter en pleine figure lors de votre lecture ! Une déflagration saine qui a le mérite de remettre les pendules à l'heure.
Conclusion d'un cycle:
Une BD qui prend son sens avec la lecture des tomes précédents, de la Petite Mort ou des autres comme (et surtout) la Petit(e) Mort. Ne vous privez pas de vous replonger dans le cycle entier pour profiter pleinement de ce tome, qui vaut le détour.
Zéda retrouve la Petite Mort.